Jacques Vergès à son arrivée hier à Abidjan: « Si la France attaque la Côte d’Ivoire, ça sera son tombeau » - « L’enfer avant », à renchéri Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel français

Le 31 décembre 2010 par IvoireBusiness – La soi-disant Communauté internationale, France et Etats Unis en tête, s’est mise à trembler hier avec l’arrivée à Abidjan de deux poids lourds de la scène

Dumas et Vergès reçus en audience le 30 décembre 2010, par le Président Laurent Gbagbo.

Le 31 décembre 2010 par IvoireBusiness – La soi-disant Communauté internationale, France et Etats Unis en tête, s’est mise à trembler hier avec l’arrivée à Abidjan de deux poids lourds de la scène

politique et du barreau français, Me Vergès et Roland Dumas, venus apporter leur soutien ferme au Président Laurent Gbagbo dans son duel avec cette dernière et ses obligés à savoir, l’Onu, l’Union Européenne, la Cedeao, l’Union Africaine et la Cour pénale internationale.
En effet, Jacques Vergès, ténor du barreau parisien et avocat des grandes et souvent impossibles causes, et Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel français et ancien ministre des Affaires Etrangères de François Mitterrand, ont foulé le sol ivoirien pour apporter publiquement leur soutien au Président élu de la Côte d’Ivoire et reconnu par le Conseil constitutionnel, au moment où un autre ténor français, l’ami socialiste Jacques Lang, vient de lui faire défection, le suppliant presque de quitter le pouvoir pour sortir et partir par le haut.
Dès leur arriver à l’aéroport international d’Abidjan Port-Bouët, les deux ténors ont commencé « à cracher du feu ». Roland Dumas, avocat au barreau parisien et au carnet d’adresses fourni, a stigmatisé une certaine communauté internationale faite de quelques individus qui décrochent leur téléphone et se mêlent de tout et n’importe quoi, de choses qui ne les regardent pas. Ajoutant qu’étant lui-même membre de cette soi-disant communauté, il allait en examiner le cas.
Quand à Me Jacques Vergès, il a critiqué des dirigeants français qui ne sont pas entrés dans l’histoire, avec Nicolas Sarkozy qui s’autorise à appeler 40 fois le Président du Nigeria GoodLuck Jonathan, pour l’inciter à attaquer militairement la Côte d’Ivoire. Cela constitue à ses yeux de l’ingérence pure et simple dans les affaires intérieures du pays. Il s’est posé la question de savoir de quel droit Sarkozy adoptait une telle posture? Pour lui, la colonisation est dépassée et terminée il y a plus 40 ans et le temps des boys, des dirigeants soumis aux ordres de la France était dépassé. Ambiance !
De l’aéroport, cap fut directement mis sur le Palais présidentiel pour une audience d’une heure et demie avec le Président Laurent Gbagbo, leur nouveau client dont ils entendent désormais s’occuper du dossier devant toutes les instances internationales.
A leur sortie d’audience, même ambiance. Pour Roland Dumas, Laurent Gbagbo est bel et bien le Président élu de Côte d’Ivoire dès lors qu’il a été reconnu comme tel par le Conseil constitutionnel ivoirien. L’homme ne part pas de rien car ayant lui-même été pendant une dizaine d’années, président du Conseil constitutionnel français. Les questions de souveraineté et de constitutionnalité ne lui sont nullement étrangères.
Pour Jacques Vergès, ce qui est intolérable aux yeux des français, c’est que Laurent Gbagbo adopte une posture d’insoumis, de Président indépendant. Il est devenu le symbole d’une Afrique nouvelle, d’une Afrique qui ne s’incline pas.
Puis il s’en fendu d’une mise en garde très sévère à la France : « Il y a eu le Vietnam, Dien Bien Phu, on était paraît-il fort, ça a été la défaite. Il y a eu l’Algérie, ça a été encore la défaite. Si la France attaque la Côte d’Ivoire, ça sera son tombeau ». D’abord l’enfer avant le tombeau a renchéri Roland Dumas.
Autant dire qu’il y aura de l’électricité dans l’air dans les jours qui viennent concernant « le cas Gbagbo » et le dossier ivoirien, car avec l'arrivée de ces deux ténors, un nouveau palier a été vraisemblablement atteint. Ce sera peut-être la fin de la recréation de la soi-disant communauté internationale dans le dossier ivoirien.
Nous y reviendrons.

Christian Vabé