Italie : Enrico Letta chargé de former un gouvernement

Par Le Monde.fr avec AFP | Enrico Letta chargé de former un gouvernement.

Le numéro deux du Parti démocrate italien, Enrico Letta, a été chargé mercredi 24 avril de former le futur gouvernement par le président de la République, Giorgio Napolitano. A sa sortie du Quirinal, siège de la présidence italienne, le futur président du conseil a immédiatement appelé à un changement de direction dans les politiques européennes : "En Europe, les politiques d'austérité ne suffisent plus."
M. Letta entamera dès jeudi les discussions pour former son équipe gouvernementale, qui devra allier forces de centre droit et de centre gauche, conformément au souhait exprimé lundi par le président Napolitano. Enrico Letta figurait parmi les favoris pressentis pour succéder à l'ancien président du conseil Mario Monti, aux côtés de l'ancien titulaire du poste Giuliano Amato et du maire de Florence Matteo Renzi.

PASSÉ DE LA DÉMOCRATIE-CHRÉTIENNE À LA GAUCHE

Son jeune âge (46 ans), qui détonne dans le paysage politique italien, pourrait avoir joué un rôle déterminant dans le choix de Giorgio Napolitano, au moment où les Italiens exigent un renouvellement dans les hautes sphères du pays.

Né en 1966, Enrico Letta a commencé sa carrière chez les démocrates-chrétiens du centre. Président du mouvement de jeunesse du parti de 1991 à 1995, il est nommé ministre des affaires européennes en 1998 par l'ancien chef du gouvernement Massimo d'Alema, qui le désignera, une année plus tard, ministre de l'industrie.

En 2004, il est élu député européen sous l'étiquette de L'Olivier (centre gauche), puis nommé en 2006 secrétaire du conseil des ministres par l'ancien président du conseil Romano Prodi. Ironie du sort, il remplace alors à ce poste son oncle, Gianni Letta, homme de confiance et conseiller tout puissant de Silvio Berlusconi, qui vient alors d'être chassé du pouvoir.

En 2007, il échoue à prendre la direction du Parti démocrate (PD), mais en devient le vice-secrétaire en 2009. Il revient en première ligne après la démission annoncée du secrétaire général du PD, Pier Luigi Bersani, qui a échoué à resserrer les rangs de son parti lors de l'élection présidentielle.

SES HÉROS : WALESA ET MANDELA

Conservateur sur le plan des mœurs, très prudent sur des réformes comme celles concernant l'avortement, Enrico Letta est un catholique modéré. La même modération guide sa vision de l'économie. Prônant la libéralisation des services, il a soutenu sans réserve le gouvernement de techniciens de Mario Monti qui a imposé à l'Italie une cure d'austérité. Se définissant comme "post-idéologique", Enrico Letta déclarait dans une interview en 2007 : "Ma génération n'a pas vécu à travers certaines illusions, ce qui lui permet d'éviter la période des désillusions." Ses héros sont le syndicaliste polonais anticommuniste Lech Walesa et l'icône anti-apartheid Nelson Mandela.

Même s'il n'a jamais ménagé ses critiques contre Silvio Berlusconi lorsque celui-ci était au pouvoir, sa parenté avec Gianni Letta pourrait être une passerelle entre l'état-major du PD et celui du Peuple de la liberté (droite), condamnées désormais à s'entendre après des années d'invectives. Parmi les priorités fixées par le président Napolitano au futur gouvernement figurent "la volonté de faire changer de ligne l'Union européenne" pour plus de croissance et le vote d'une nouvelle loi électorale.

Le Monde