INVESTISSEMENTS PRIVES FRANÇAIS EN AFRIQUE : APRES LA PERTE DU PORT DU SÉNÉGAL, QUI EN VEUT ENCORE A BOLLORE EN AFRIQUE ?

Le 08 novembre 2012 par IVOIREBUSINESS - Lorsque le 05 Juin dernier, l'opérateur portuaire des Emirats Arabes Unis, Dubaï Ports World (DPW), obtenait une concession pour exploiter et développer l'actuel terminal à

Vincent Bolloré.

Le 08 novembre 2012 par IVOIREBUSINESS - Lorsque le 05 Juin dernier, l'opérateur portuaire des Emirats Arabes Unis, Dubaï Ports World (DPW), obtenait une concession pour exploiter et développer l'actuel terminal à

conteneurs du Port de Dakar et investir dans une extension de celui-ci, nombreux sont ceux qui ont accueilli avec allégresse, la saluant dans une clameur indescriptible, la décision des autorités sénégalaises d'alors, d'évincer le groupe français Bolloré dans la course à l'exploitation du Port Autonome de Dakar (PAD). Et pour cause, la perte du port pour les détracteurs du groupe, augure de la fin du règne presque centenaire de Bolloré, cette puissante entreprise familiale française en Afrique, y voyant là d'ailleurs, un début au déclin de l'empire colonial français pour ne pas parler de la fin de l'influence française en Afrique. Et pourtant, le groupe français Bolloré présent en véritable partenaire depuis plus de 80 ans en Afrique peut se targuer fort de son expérience sur le vieux continent d'avoir aidé et milité à l'émancipation de l'Afrique à laquelle il reste attaché historiquement; Bolloré-Afrique a donc toujours travaillé et conjugue à ce jour ses efforts pour promouvoir le développement et le progrès de l'Afrique en général comme l'attestait il y a peu déjà Dominique Lafont, directeur général de Bolloré Africa Logistics, qui martèlait il y'a peu que sa priorité est désormais de se « renforcer en Afrique anglophone ».

Une stratégie évidente pour un groupe talentueux dont les plus beaux fleurons sont en Afrique francophone : Conakry en Guinée ; San Pedro et Abidjan en Côte d’Ivoire ; Lomé au Togo ; Cotonou au Bénin ; Douala au Cameroun ; Libreville au Gabon ; Congo à Pointe-Noire... Malheureusement, depuis quelques années ce repositionnement stratégique du groupe sur le continent est mis à mal par des détracteurs acharnés et par des nouveaux concurrents désireux de voir le mythique groupe français disparaître du paysage économique africain.Qui veut la mort du groupe Bolloré en Afrique?

Vincent Bolloré, actuel patron breton et héritier du mythique groupe français crée en 1822 à Ergué-Gabéric près de Quimper sur les bords de l'Odet, aime l'Afrique; Ses investissements multiples et variés sur le continent africain sont là pour attester de cet état de fait. L'Afrique,"c'est la Corée du XXIème siècle" prédit souvent le patron du groupe qui repète à qui veut l'entendre, son attachement durable et sa croyance très profonde au développement du vieux continent. Au-délà des convictions et des croyances, on y voit des intérêts économiques énormes et ce n'est un secret pour personne que de dire qu'une grande partie des bénéfices en émanent. Aujourd'hui, Bolloré avec ses ports, ses trains et ses chemins de fer, ses investissements et sa logistique pointue, ses entrepôts, ses plantations et ses usines de transformation demeure un acteur économique majeur en Afrique. Bolloré c'est 20 à 30% des exportations et son maillage est des plus serré dans toute l'Afrique de l'Ouest. Présent dans 43 pays africains, il y emploie près de 20.000 salariés, soit 53% des effectifs du groupe et 6000 employés en France. C'est donc un des gros pourvoyeurs d'emplois sur le continent africain. Et c'est certainement à tort que des procès d'intention sont faits à ce groupe dont l'image a longtemps été associée en Afrique à la politique coloniale et impériale de la France. Et pourtant, Vincent Bolloré s'évertue à le répéter souvent à qui veut le croire qu'il "n'a pas de relations d'affaires avec l'Etat français". Mais alors qui en veut à Vincent Bolloré et à son groupe?

"LE PORT DU SÉNÉGAL PERDU POUR DES RAISONS POLITIQUES"

Présent au Sénégal depuis 1926, le groupe Bolloré a été évincé de la gestion du terminal à conteneurs qu'il exploitait depuis seulement 20 ans par un de ses concurrents venu des Emirats Arabes Unis, le Dubai. Et, même si Vincent Bolloré n’a pas digéré cette perte importante et cette éviction aux rélents politique, frisant le règlement de compte, il a néanmoins poursuivi en fair-play ses activités de consignation, de logistique, de tourisme, et de développement du corridor de l’inter-land sur le Mali en attendant qu’un nouveau vent souffle sur le Sénégal. «Notre horizon va beaucoup plus loin que l’horizon politique. Nous avons connu une vraie hostilité au Sénégal de la part de l’exécutif précédent. Cela ne nous a pas empêchés de lui survivre» a déclaré Lafont. Selon ce dernier, l’ancien régime avait porté un coup très sérieux au groupe en provoquant sa sortie du port de Dakar au terme d’un appel d’offre dont ils avaient souligné le terme inéquitable. En son temps, le pouvoir du président sortant, Abdoulaye Wade avait laissé entendre que le différend entre Macky Sall et Karim Wade avait pour origine l'attribution du terminal à conteneurs du port de Dakar; Macky Sall accusé de rouler pour Bolloré tandis que Karim Wade roulerait pour Dubaï Port World.

«Cela ne nous a pas empêché de tenir bon et de continuer à investir au Sénégal et d’y avoir aujourd’hui un peu moins de 800 salariés, de maintenir le dispositif pour l’avenir". La part du Sénégal dans les activités du groupe Bolloré a considérablement baissé depuis que l’ancien régime a décidé en octobre 2007 de confier, à la suite d’un appel d’offres, la concession du terminal à conteneurs à Dubaï PortsWorld (DP W). Elle représente aujourd’hui moins de 5% des activités du groupe en Afrique où il détient 27 concessions dont 14 portuaires pour 15% de parts de marché, selon Lafont. Mais Bolloré, c'est du solide et du lourd dans le monde de la logistique et des activités portuaires en Afrique où il est présent dans le transport, la distribution d'énergie ou encore le film plastique ultrafin. Il est aussi présent dans d'autres industries, dont celle historique du papier. Depuis les années 2000, il se développe également dans l'automobile, les médias et les télécommunications (Direct 8, Direct Star, Direct matin et soir). "Nos ambitions pour le Sénégal sont fortes parce que c'est un pays important pour l'Afrique. Et puis, nous sommes là depuis 80 ans. Donc, il ne serait pas naturel ni légitime qu'on accepte de se retirer du Port parce que nous avons raté un appel d'offre il y a trois ans. Ce n'est pas raisonnable" a affirmé D. Lafont. "Nous avons beaucoup de responsabilités dans ce pays, beaucoup d'histoires et puis je dirais même des intérêts réels. Nous avons beaucoup investi. Donc aujourd'hui, nos ambitions au Sénégal, c'est de développer tous nos métiers de manutention, de transit, de désenclavement logistique du Mali, de gestion logistique de projets. Nous sommes disponibles à l'égard des autorités sénégalaises. Si elles ont besoin de développer de nouveaux partenariats publics-privés, nous sommes l'opérateur privé qui a le plus développé d'expérience de partenariat public-privé en Afrique puisque nous avons développé 15 concessions à travers l'Afrique dans une dizaine de pays, dans plusieurs activités différentes que sont le ferroviaire, le portuaire et le fluvial. Il est important que nous conservions une responsabilité importante dans le port autonome de Dakar. Si nous n'avions plus d'activités portuaires, cela voudrait dire quelque part qu'un maillon de la chaîne manquerait. Ce qui ne serait d'ailleurs pas bon pour le Sénégal. Je vous le dis, la logistique, c'est l'avant-poste du développement. Et un pays a intérêt à avoir autant d'opérateurs logistiques solides et fiables qu'il peut en avoir. Ce serait de la folie de la part du Sénégal d'essayer de brimer un opérateur qui a fait ses preuves comme Bolloré. Nous sommes le premier opérateur logistique en Afrique. Il est donc normal que l’on veuille prospérer au Sénégal " a-t-il indiqué. En outre, le DG pour l'Afrique du Groupe Bolloré a rejeté toute idée de garder un monopole dans ce continent. "Il est rare que nous bénéficions de quelque monopole que ce soit en Afrique. Et je dirais même que nous supportons beaucoup plus le monopole des concurrents comme Dubaï (DPW) à Djibouti. Nous les supportons beaucoup plus que nous en profitons. Nous sommes des partisans de la concurrence. Et d'ailleurs, nous pensons qu'avec la concurrence, l'Afrique va de plus en plus se développer, va de plus en plus offrir des espaces aux nouveaux opérateurs et aux opérateurs existants. Il y a de la place pour tout le monde; La concurrence existe partout. Ce qui va faire la différence, c'est notre capacité à inventer et à créer, à développer nos investissements et la qualité de nos hommes dont les compétences sont très fortes. Je pense que le facteur humain et notre expertise sont un moyen de développement durable et de maintien de nos parts de marché dans un secteur très concurrentiel" renchérit-il. En effet, outre Dubai Port World, il importe de rappeler la présence du danois Mearsk, autre concurrent du groupe depuis longtemps dans ce secteur.
Autre priorité du groupe Bolloré, la création et le maintien du plein emploi en Afrique et partout dans le monde. En cette période de crise économique avec son corollaire de licenciements massifs en Europe et partout dans le monde, Bolloré est un atout pour l'Afrique si l'on se fonde sur son expérience et son savoir-faire alors il nous est permis de justifier cette présence effective.

Aussi, le monde des affaires est un univers où la maxime et la loi restent-elles le profit et la rentabilité. On investit donc pour gagner et à ce titre là, que Vincent Bolloré soit un gagnant, qu'en retour des investissements importants et colossaux réalisés un peu partout dans le monde, que son groupe engrange des bénéfices énormes et faramineux paraît logique. Bolloré, c'est l'art de la diversification et le flair en affaires; Bolloré, c'est aussi la capacité à rebondir en cas de coups durs et à s'adapter aux situations difficiles. A preuve, à la fin des années 1980, Bolloré sorti l'entreprise de sa tradition papetière pour devenir l'un des leaders mondiaux du film plastique ultrafin . Ainsi sorti de l'industrie papetière et spécialisé dans une niche technologique (polypropylène) et industrielle (celle de l'ultrafin) très pointue, le groupe Bolloré se trouve à l'abri de toute tentative de rachat par les grands groupes mondiaux, qui préfèrent utiliser les produits, films et plastiques minces, de haute technologie du groupe Bolloré. Depuis, Bolloré intervient dans des domaines aussi variés que les transports maritimes (avec le rachat de Delmas-Vieljeux, compagnie cédée à CMA-CGM en 2005), les terminaux portuaires, les lignes ferroviaires(en particulier en Afrique), les plantations tropicales, la distribution de produits pétroliers (Bolloré Energie), la finance (rachat, puis revente de la banque Rivaud, participation dans Generali...), le vin (Domaine de la Croix, La Bastide Blanche en Côtes de Provence), la publicité (Havas), les télécommunications (Bolloré Telecom);
L'activité de transport et de logistique, qui regroupe SAGA (fret aérien et maritime), SDV (transport intercontinental et multimodal), ANTRAK (levage, manutention et transport exceptionnels), AFRITRAMP et SOCOPAO (consignation) est conduite par deux filiales : Bolloré Logistics et Bolloré Africa Logistics. Bolloré Energie, premier distributeur indépendant français avec plus de 100 agences, assure la distribution de fioul domestique et d’autres produits pétroliers auprès de 400 000 clients, particuliers et professionnels. Bolloré Energie, distributeur exclusif du Fioul Bien-Être (fioul domestique de qualité supérieure). Bolloré Énergie opère également dans la distribution de produits pétroliers, en France. Le groupe industriel Bolloré conçoit, fabrique et commercialise des super-condensateurs (batteries de haute performance) pour les véhicules électriques. Bolloré c'est tout un éventail de solutions d’identification automatique: bornes interactives, bornes de péages, lecteurs de codes-barres, terminaux de saisies portables et embarqués, imprimantes d’étiquettes codes à barres, solutions de réseaux radio.

Bolloré est également présent dans l'automobile avec la Blue Car, via sa filiale Batscap et Bathium. Le groupe Bolloré est un groupe agricole qui cultive des palmiers à huile et des hévéas en Afrique et en Asie sur plus de 100 000 hectares, des céréales aux États-Unis et des vignes en France. Mais, cette stratégie de diversification et d'adaptation, le prestige et le savoir-faire, l'expérience et l'expertise presque centenaire du groupe n'est pas de nature à plaire à tous et en cela, des forces obscures conjuguent leurs efforts dans l'ombre pour mettre fin à l'essor du groupe. En effet, au- delà de ses concurrents dans le secteur qui n'hésitent pas financer des campagnes de destabilisation et de dénigrements du groupe par médias et associations interposées, cherchant à salir et à ternir l'image du groupe pour avoir des parts de marché importantes, il y'a que la taille du groupe devenu une référence mondiale et une multinationale de prestige fait peur en France et partout ailleurs.Vincent Bolloré et le groupe qu'il a su hisser après tant d'années d'efforts et de sacrifices, par ses choix stratégiques et ses orientations économiques et industrielles, font peur!

" QUI VEUT NUIRE A VINCENT BOLLORE EN AFRIQUE ? "

L'homme d'affaires français fait très peur en France avec ses réseaux d'influences, ses soutiens gouvernementaux français et internationaux, son implantation solide en Afrique et ailleurs. Ce n'est pas un secret de polichinelle!
En Europe, quand le 3 décembre 2010, l'association Sherp (organisme allemand)formée de juristes et d'avocats ainsi que 2 organisations camerounaises (le CED et la Focarfe) se sont associées pour déposer une plainte devant l’OCDE contre le Groupe Bolloré ainsi que trois entités juridiques (à savoir la Financière du Champ de Mars en Belgique, Socfinal et Intercultures au Luxembourg) qui contrôlent directement ou indirectement le capital de la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm), pour violation des « principes » édictés par l'OCDE à l’intention des multinationales, on peut y voir une manoeuvre de destabilisation!
En France, à la suite d'une publication en Décembre 2009 de Rue 89 concernant "les plantations au Cameroun de Bolloré", le magazine en ligne et France Inter ont été poursuivis en Justice. Mis en examen en août 2011, l'auteur de l'article et un journaliste de France Inter, B.Collombat ont été condamnés pour diffamation.

En Afrique, les autorités togolaises ont refusé de lui confier l'extension du port de Lomé selon "le Canard Enchainé" tandis qu'en Côte d'Ivoire, l'attribution à Bolloré en 2004 de l'exploitation et de l'extension du Port Autonome d'Abidjan a(PAA) suscité de vives controverses. La Banque Mondiale jugeant les conditions d'attributions si peu régulières à ses yeux (hic) a ordonné hors ses attributions la révision du contrat. Or, dans ce secteur les attributions se font toujours sans trop grande clarté et donnent lieu à des guerres de réseaux. Alors pourquoi une révision pour Vincent Bolloré et pas les autres? Au Sénégal, l'attribution de l'exploitation du Port à Dubaï Port World (DPW) pour 25 ans ne s'est-elle pas faite dans des conditions opaques? Karim Wade, fils de l'ex-président sénégalais, proche des Emirats Arabes Unis aurait usé de son influence selon "Dakar.actu" auprès de son père en faveur de Dubai Port World.

Coût de l'investissement: 500 Millions d'euros (333 Milliards de FCFA) dans le port à conteneurs de Dakar. Objectif: la tête de pont du groupe en Afrique de l'Ouest. Pire Sarkozy, dans sa rencontre avec Wade, le 11 juin 2011 n’aurait point plaidé la cause de son ami Vincent Bolloré, une trahison en règle. Se contentant de lâcher, en fin d’entrevue, à l’un de ses conseillers, « s’il voulait le port, il n’avait qu’à y mettre les moyens ». Heureusement que les Etats africains ont compris l'importance d'un tel groupe dont le talent et l'expertise industrielle et portuaire, le savoir-faire et la qualité des hommes sont des atouts inestimables pour le développement et le progrès du continent. A juste titre d'ailleurs, la Guinée lui a octroyé le 11 Mars 2011, le Port Autonome de Conakry(PAC) et le Congo, l'extension de son Port pour plus de 300 Millions d'euros 2ans plutôt. Aussi, Dakar réfléchit-il à l'idée d'un retour du groupe au Port aujourd'hui. Bolloré a besoin de l'Afrique et vice-versa alors Vincent Bolloré l'africain peut continuer son périple en Afrique. Parti à la conquête de l'Afrique anglophone désormais, le Nigéria d'abord puis l'Afrique du Sud et de l'Est (Kenya,Malawi,Namibie...) Bolloré et son groupe ont de beaux jours devant eux sur le continent africain et ailleurs dans le monde.

Michèle. L et Catherine Balineau avec Correspondance particulière