Interview / En exil au Ghana Koré Moïse parle…: “Voici ce dont je souffre”
Publié le mardi 31 janvier 2012 | Soir Info - Il a été annoncé en République démocratique du Congo (Rdc) puis à Dubaï (…), eburnienew.net (un site internet, Ndlr) a rencontré le
pasteur Moïse Koré, anciennement Conseiller spirituel du président Laurent Gbagbo. Avec humilité et sérénité, malgré son état de santé, il a accepté de s’ouvrir à nous. Nous vous livrons l’entretien que nous avons eu avec l’homme de Dieu.
Bonjour monsieur, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Publié le mardi 31 janvier 2012 | Soir Info - Il a été annoncé en République démocratique du Congo (Rdc) puis à Dubaï (…), eburnienew.net (un site internet, Ndlr) a rencontré le
pasteur Moïse Koré, anciennement Conseiller spirituel du président Laurent Gbagbo. Avec humilité et sérénité, malgré son état de santé, il a accepté de s’ouvrir à nous. Nous vous livrons l’entretien que nous avons eu avec l’homme de Dieu.
Bonjour monsieur, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Koré Moïse: Je suis Moïse Koré, le même que les Ivoiriens ont connu, président-fondateur de Shekinah Glory Ministries, ancien basketteur et ancien président de la Fédération ivoirienne de basketball (Fibb), ingénieur de par ma formation, officier de l’ordre du mérite national de la Côte d’Ivoire.
Depuis combien de temps vivez-vous ici au Ghana?
K. M. : J’y vis depuis la fin des événements post-électoraux.
On vous a tantôt annoncé en Rdc tantôt à Dubaï où vous mèneriez une vie de pacha. Qu’en est-il?
K. M.: J’enseigne la vérité et j’aime quand la vérité se révèle d’elle-même. Est ce que les rues d’Accra ressemblent vraiment à celles de Dubai? Jugez en vous-même. La dernière fois que j’ai été en Rdc, c’était pour y animer un séminaire chrétien. Il y a de cela au moins trois ans.
(Un) confrère (…) a publié des photos de vous en visite d’affaires à Dubaï. A quand remonte ce voyage et qu’est-ce que vous y faisiez ?
K. M.: En fait, j’ai pitié quand je vois ce genre d’informations servies à nos concitoyens. Ce journal m’avait déjà localisé à Accra en avril ou mai en train de préparer un coup d’Etat et du jour au lendemain je me retrouve à Dubai. Pour revenir à votre question et tout le monde peut le vérifier, ces photos (…) ont été publiées pour la première fois sur mon compte facebook le 11 août 2009 alors que j’y étais à l’invitation de deux amis, celui qui est avec moi sur la photo et celui qui est le propriétaire du yacht et qui le conduisait au moment de la prise de photo. L’informatique a cela de particulier, c’est qu’elle garde les traces de tout ce que nous écrivons et publions, la date de publication et les dates des commentaires y sont encore, on peut le vérifier. La deuxième photo publiée le 27 janvier 2010, est une rencontre que j’avais au bureau d’un architecte bien connu pour discuter de projets dont la construction du nouveau Palais des sports d’Abidjan après avoir présenté la candidature de la Côte d’Ivoire à l’organisation de l’Afrobasket 2011 et avant mon départ pour Istambul pour le tirage au sort de la coupe du monde de Basketball où la Côte d’Ivoire qualifiée devait être présente. La troisième photo a été publiée à la même époque et là je venais voir comme tout touriste la tour la plus haute du monde.
Vous constatez vous-même que la vérité a encore été travestie pour servir des desseins inavoués, mais je ne mange pas de ce pain-là (…).
Depuis la chute du Président Gbagbo, on ne vous entend plus. Que se passe-t-il?
K. M.: Ma fonction est aux antipodes des joutes politiques, sinon je continue à parler à ceux qui doivent m’entendre pour leur expliquer ce qui se passe actuellement dans le monde et les aider par l’enseignement à se préparer au retour de notre Seigneur et sauveur Jésus-Christ.
En tant que pasteur très connu dans la sous-région, vous devez avoir moins de problèmes que les autres réfugiés ivoiriens et ex-collaborateurs du président Gbagbo, n’est-ce pas?
K. M.: Et pourquoi donc ? Vous savez la solidarité de mes frères est réelle, mais je ne suis pas du genre à importuner les gens, je sais qui je suis et d’où je viens. J’ai appris à vivre dans le dénuement comme je sais aussi partager quand je suis dans l’abondance, je m’adapte donc à ma nouvelle condition de vie. Mon seul regret est de ne pas pouvoir venir en aide à tous ces compatriotes qui vivent dans des difficultés que je n’oserai même pas énoncer ici par pure décence.
Quels sont vos rapports avec les ex-collaborateurs du président Gbagbo en exil comme vous ici au Ghana?
K. M.: Ecoutez , je souffre d’une hypertension artérielle qui m’avait paralysé la face en mars 2010 à Tel Aviv et j’ ai des crises a répétition qui ne m’ont pas permis, même démissionnaire, à aller encourager les équipes nationales à Madagascar et au Mali, je me ménage donc et avec ceux que je rencontre de temps à autre nous échangeons. C’est tout. Nous avons des rapports de gens unis par le même sort et le même destin.
Pasteur, il est de notoriété publique que vous avez été le conseiller spirituel du président Gbagbo. Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois?
K. M.: La dernière fois que j ai vu le chef, c’était le 26 mars 2010 avant qu’il ne m’envoie en mission.
Aviez-vous parlé avec lui de la situation post-électorale? Lui avez-vous conseillé de céder le pouvoir pour éviter la tristesse aux Ivoiriens?
K. M.: Le président Gbagbo a toujours assumé la pleine responsabilité de ses actes. Ce n’était pas à moi de lui dicter sa conduite puisqu’ il en était responsable aux yeux de la constitution et de son serment le jour de sa prise de pouvoir, j’ai toujours évité de me mêler de la chose politique parce que je n’y comprend rien.
Dans cette histoire qui a conduit de nombreux Ivoiriens en exil, certains ont perdu la vie, plusieurs autres luttent contre la mort faute de moyens financiers pour se soigner convenablement. Face à ce bilan triste, ne pensez-vous pas que vous, proches du président Gbagbo, l’avez induit en erreur?
K. M.: Chacun de nous a fait le choix de son c?ur lors des votes et si nous sommes aujourd’hui en exil, c’est que les nouvelles pas rassurantes du pays nous y ont poussé. Je vous ai déjà dit que le président Gbagbo n’était pas homme à se faire dicter sa conduite. Je vous raconte une anecdote. En 2004, alors que les tirs des hélicos français se concentraient sur la résidence, mon ami Kuyo et moi lui avons demandé de se mettre en sécurité dans un autre lieu. Il nous a regardés et il a continué à faire des blagues à table avec certains de ses amis. Quand nous avons insisté, il nous a dit ceci : «J’ai 59 ans, j’ai déjà fait mes enfants et je suis même grand-père. Il ne sera jamais dit qu’on a abattu Gbagbo pendant qu’il s’enfuyait. S’ils veulent me tuer, qu’ils me trouvent dans ma maison. Je les y attends». Et il a continué à mettre de la bonne ambiance à table nous communiquant ainsi sa foi dans ses convictions, c’est ça Laurent Gbagbo.
Pasteur, un commentaire sur les évènements douloureux survenus le samedi 21 janvier 2012 à la suite du meeting organisé par le Fpi.
K. M.: C’est tout simplement malheureux. La liberté de réunion fait partie des principes démocratiques et ce n’est pas seulement des mots mais cela implique aussi qu’on se comporte en conséquence. Gbagbo nous a fait découvrir ces principes et il a permis que cela s’exerce librement dans notre pays. Que les autres en fassent de même. Mes condoléances et mes vœux de prompt rétablissement aux victimes.
Monsieur Ouattara appelle tous les Ivoiriens à rentrer en Côte d’Ivoire afin de donner une chance à la réconciliation. Vous, l’homme de Dieu, qu’attendez-vous pour saisir la perche qui vous est tendue?
K. M.: La réconciliation n’est pas un mot. Elle est accompagnée d’actes. Ma maison a été pillée. Ce que j’ai mis toute ma vie à bâtir a disparu en quelques heures. Mon temple a été détruit et les nouvelles qui me parviennent chaque jour ne me permettent pas de croire qu’une perche m’ait été tendue. Je suis un homme et j’ai des responsabilités familiales. Pour le bien des miens, je préfère encore attendre que cela se traduise dans les faits.
K. M.: Votre dernier mot
Que Dieu guérisse notre pays et que les fils et les filles de Côte d’Ivoire se retrouvent à nouveau dans la joie et la concorde comme autrefois. Vraiment le vrai bonheur on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Que Dieu se souvienne de notre nation.
Source : eburninews