Interview / Découpage administratif du gouvernement Ouattara / Tanon Assiélou Félix (Membre du bureau politique du Pdci) : « Nous sommes choqués »

Publié le vendredi 14 octobre 2011 | Soir Info - • « Bédié n’a pas été consulté… »

Tanon Assiélou Félix est membre du bureau politique du Parti démocratique
de Côte d’Ivoire (Pdci). Proche d’Henri Konan Bédié et cadre de Bongouanou,
il s’insurge contre le dernier découpage administratif fait par le gouvernement
Ouattara. M. Tanon plaide pour qu’une autre région -le Moronou- soit créée avec
Bongouanou comme chef-lieu. Il annonce, en outre, sa candidature à la députation
à Bongouanou contre Amah Tehoua.

Le Pdci-Rda au cours d'un meeting.

Publié le vendredi 14 octobre 2011 | Soir Info - • « Bédié n’a pas été consulté… »

Tanon Assiélou Félix est membre du bureau politique du Parti démocratique
de Côte d’Ivoire (Pdci). Proche d’Henri Konan Bédié et cadre de Bongouanou,
il s’insurge contre le dernier découpage administratif fait par le gouvernement
Ouattara. M. Tanon plaide pour qu’une autre région -le Moronou- soit créée avec
Bongouanou comme chef-lieu. Il annonce, en outre, sa candidature à la députation
à Bongouanou contre Amah Tehoua.

Quels commentaires faites-vous du dernier découpage administratif?
Tanon Assiélou Félix : Ce que je peux dire sur le découpage administratif, c'est
que nous sommes un peu resté sur notre faim, pour ne pas dire choqué par ce qui
se passe. Parce que tout le monde sait que Bongouanou a été tout le temps le chef
lieu du Moronou. Et tout le monde sait aussi ce que le Moronou a apporté à la Côte
d'Ivoire, parlant de café-cacao. De plus, le président Bédié, pendant sa campagne,
a fait la promesse de faire ériger Bongouanou en chef lieu de région du Moronou.
Aujourd'hui, nous sommes surpris. Nous pensons que le président Henri Konan Bédié
n'a pas été consulté sinon, ce ne serait pas arrivé.

Que demandez-vous concrètement?
Donc, nous désapprouvons ce découpage administratif, et notre souci aujourd'hui,
c'est de faire en sorte que l'administration puisse rattraper cette erreur. Il y avait une
région : le N’Zi Comoé. Et dans cette région, il y avait Dimbokro, Bongouanou et
Daoukro. Aujourd'hui, on se retrouve avec deux régions : Dimbokro qui englobe le
Moronou et Daoukro. Je pense qu'on peut créer, en plus de ces régions, la région du
Moronou.

Pensez-vous que quelque chose peut être encore fait, quand on sait que le décret
a déjà été signé?
Oui, on pense qu'il est encore possible de faire quelque chose. C'est vrai que c'est
un acte administratif, mais les décrets sont pris par rapport à l'évolution des choses.
C'est pourquoi, après un décret, on prend un autre décret, pour rectifier, pour corriger.
Donc, je pense qu’on peut corriger. Pour le moment, nous ne parlons pas en terme
de découpage électoral, même s'il y a un lien. Mais, ce qui nous importe, c'est
que Bongouanou soit érigé en région. Même s’il s’agit de découpage électoral,
les élections régionales ne sont pas pour maintenant. Donc, on a toujours le temps
à la veille de ce scrutin de modifier. L’Etat est là. Il travaille pour notre bien. Et

aujourd'hui, le bien de la population, c’est de faire en sorte que le Moronou ait une
région avec pour chef lieu, Bongouanou.

Est-ce que cette préoccupation-là est partagée par l'ensemble des cadres de
Bongouanou ?
Je pense que cette préoccupation est partagée puisque vous avez vu notre frère-
aîné Boni Séraphin qui a déjà réagi dans un journal. La région s’organise aussi.
Les cadres, bientôt, vont se faire entendre. Les chefs aussi. Je pense qu’il y a eu
incompréhension. Parce que, je sais que les autorités qui sont-là, sont-là pour le bien
de la population. Et aujourd’hui, le bien de la population, c'est qu'il y ait l'harmonie.
Pour qu’il y ait l’harmonie au niveau des régions, des activités socio-culturelles et
dans le cadre de l'évolution des régions, c'est que Bongouanou soit érigé en région.
Nous comptons rencontrer très bientôt les autorités administratives, le ministre de
l'Intérieur, et je pense qu'une oreille attentive sera accordée à nos préoccupations.

On vous sait proche du président Henri Konan Bédié. Est-ce que vous l'avez
approché pour débattre de cette question de découpage administratif ?
C’est vrai que le président Henri Konan Bédié est l'aîné du président de la
République, mais le président de la République, quoiqu'on dise, c'est le président
Alassane Ouattara. Et son ministre chargé de ces affaires-là, c’est le ministre d'Etat,
ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. Pour l'instant, je laisse le choix au parti
de réagir si le parti veut réagir. Je sais aussi que notre président du parti n'est pas
en place, mais c'est une affaire qui concerne plus la région et je ne voudrais pas
singulariser ce problème-là au niveau du Pdci-Rda seulement.

Si votre préoccupation n’est pas pris en compte, qu’allez-vous faire ?
Comme je l'ai dit, notre préoccupation sera prise en compte. Je me dis que si le
ministre de l'Intérieur avait eu le temps nécessaire de consulter la population jusqu’à
la base, je pense que notre préoccupation serait prise en compte. Aujourd'hui, nous
venons vers lui pour dire que Bongouanou pouvait être érigé en région. Et je pense
qu'il va prendre en compte notre préoccupation, parce que modestement, j'ai eu la
chance de le fréquenter. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble au niveau
politique. Nous avons milité quand nous étions étudiants. Donc, nous avons gardé de
bonnes relations, mais ce n'est pas pour un problème personnel. Toutefois, je connais
le monsieur, je connais l'homme et je sais qu’il est attentif aux préoccupations des uns
et des autres. Donc, il va accorder une oreille attentive à nos sollicitations.

Ne pensez-vous pas que les cadres de Bongouanou ont failli ?
Tout le monde constate que le ministre de l'Intérieur n'a pas été assez sensibilisé.
Nous pensons qu'un plaidoyer n'a pas été suffisamment fait. Et ceux qui étaient en
charge des destinées de la région de Bongouanou, ce sont les élus.

Vous faites allusion à qui ?

Je pense à notre députée sortante, Mme Amah Tehua qui devrait être au devant de

ces choses-là. Quand nous voyons ce découpage, nous pensons que quelque chose
n'a pas été fait. Et si quelque chose n'a pas été fait, c'est qu'elle a failli un peu quelque
part. Toute la population constate, amèrement, que nos leaders, en particulier pour
Bongouanou, Mme le député n'a pas fait ce qu'elle devait faire. Le dire, ce n'est pas
insulter, mais c'est un constat.

Etes-vous candidat à la candidature au niveau du Pdci aux législatives fixées
pour le 11 décembre prochain?
Je suis candidat à la candidature au niveau du Pdci-Rda à Bongouanou. J'ai déjà
déposé mes dossiers, conformément aux directives du parti, au niveau de la
délégation départementale. Nous allons rencontrer le comité des sages mis en place
par mon adversaire qui est déléguée et députée sortante du Pdci-Rda (Mme Amah
Tehua, Ndlr). Nous sommes deux à avoir déposé nos candidatures au niveau du Pdci-
Rda à Bongouanou. Ensuite les dossiers ont été transférés à la direction du parti avec
un rapport motivé. Mais je ne ferai pas de commentaires sur ce rapport. Mais, ce
que je sais, c’est que je ne peux pas non plus dire que moi, Tanon Assiélou Félix je
ne suis pas militant du Pdci-Rda. Je n'en dis pas plus. Nous avons été reçus, samedi
dernier, par le ministre d'Etat, Emile Constant Bombet qui est chargé de la recherche
du consensus dans notre région, c'est-à-dire la région du N’Zi Comoé et nous avons
échangé. Permettez que je ne vous donne pas les conclusions de nos échanges, parce
que lui-même, il doit en parler à la direction du parti. Mais ce que j'ai dit, c’est que
Bongouanou est un cas de jurisprudence. Mon adversaire, la députée sortante, a été
candidate indépendante contre le député sortant en 2000. Et Kablan Brou Jerôme,
ex-vice président de l’Assemblée nationale, dont je parle, était délégué du Pdci-
Rda et en plus parrainé par le parti. Vous comprenez que le parti doit faire attention
pour ne pas faire la promotion des candidatures indépendantes. Puisqu'elle a fait
perdre le Pdci-Rda en 2000 et après, pour la récompenser, elle a été désigné déléguée
départementale.

Donc, si votre candidature n'est pas retenue par le Pdci, vous partirez en
indépendant?
Nous aviserons. Nous allons discuter avec nos militants. Nous allons discuter avec la
base. Parce que, ce que j'ai dit et je le répète, si c'est Mme le député (Amah Tehoua,
Ndlr) qui part aux législatives, elle perd.

Vous vous basez sur quoi pour prédire sa défaite?
Je me base sur l'électorat. Moi, quand je parle, je ne parle pas parce que je suis
devant un micro. Nous avons le collège électoral qui est connu. Nous avons la
cartographie qui est connue. Le Pdci a perdu toutes les dernières élections au niveau
de Bongouanou. Dans mon village, au premier tour de la présidentielle, le Pdci a
gagné dans un bureau de vote et au second tour, on a perdu partout. Et à Dioulakro,
qui est un quartier de Bongouanou, le président Alassane Ouattara a gagné au second
tour dans un bureau de vote, mais dans l'ensemble, le Fpi ou Lmp a gagné partout.
On ne peut pas avoir fait dix ans et refuser qu'il y ait un meilleur encadrement des
militants et avoir ce résultat. La délégation de Bongouanou est la seule qui n'a pas

été découpée, or elle fait 93 sections. Imaginez 93 sections gérées par une seule
personne. Et pourtant, Dieu seul sait, combien de fois les militants ont souhaité que
cette délégation soit divisée en trois : Arrah, Bongouanou et M’Batto. Et je sais les
moyens qu'elle a mis là bas, parce qu'elle a dit qu’elle a mis les moyens là-bas. Si elle
avait mis ces moyens seulement pour Bongouanou, et qu’elle avait laissé les autres
sections à d'autres personnes, on aurait enregistré des résultats probants.

Quels sont les atouts dont vous disposez pour vous gagner les législatives à
Bongouanou ?
Les atouts, c'est que tout le monde sait que nous sommes dynamique de par notre
jeunesse et aussi par notre envie de recréer le « Vivre ensemble ». Le « Vivre
ensemble », nous l'avons vécu de par l'activité de nos parents. Tout le monde connaît
M. Tanoh, Secrétaire général du Pdci à Bongouanou, qui lui-même, comme on le
dit chez nous, a attrapé la main de la députée sortante, Amah Tehoua pour l'envoyer
en politique à Bongouanou. Et avec lui, il y avait le « Vivre ensemble », il y avait
la cohésion sociale, on ne faisait même pas de différence entre le militant du Pdci
et celui du Fpi à Bongouanou. Tout le monde était avec lui et tout le monde se
comprenait bien.

Que dites vous de la menace du Fpi de boycotter ces élections ?
Mon souhait, c'est que le Fpi participe. Je suis contre le parti unique. Je suis contre
l’unanimisme et je pense que le Fpi a quelque chose à faire. Et je souhaite que nous
puissions nous comprendre pour sauver le minimum. Vous savez, les uns et les autres
demandaient au président Bédié de retirer ses ministres (au temps du régime Gbagbo,
Ndlr), mais il n'a jamais voulu, parce que la politique de la chaise vide n’a jamais
donné de solution. « Venez à la table de discussion. Venez à l'Assemblée nationale et
je pense qu'on peut trouver les solutions à vos problèmes ». C’est ce que je demande
au Fpi.

Réalisée par SYLLA A.