Interview / David Monsoh, producteur et manager d’artistes révèle : “Gadji n’est pas en fuite, que les artistes fassent attention à la politique”
Publié le vendredi 12 août 2011 | L'intelligent d'Abidjan - David Monsoh nous reçoit à l’hôtel où il loge. Le diamant Noir ne passe pas incognito dans le hall de cet hôtel. Inscrit à la Société civile des
Publié le vendredi 12 août 2011 | L'intelligent d'Abidjan - David Monsoh nous reçoit à l’hôtel où il loge. Le diamant Noir ne passe pas incognito dans le hall de cet hôtel. Inscrit à la Société civile des
producteurs de phonogrammes en France avec sa maison de production Obouo Music, spécialisée dans l’édition phonographique et les montages vidéo, David Monsoh est présent sur les bords de la Lagune Ebrié pour planifier une série d’événements. Dans cette interview, l’enfant d’Agboville donne des précisions.
Comment l’enfant d’Agboville rencontre-t-il le monde du show-biz, alors qu’il est agent administratif ?
Le show-biz est un milieu que j’ai aimé. J’ai eu à faire des études. Les artistes qui m’ont un peu poussé dans le milieu sont Nayanka Bell et Gadji Céli. J’ai fait les études de Marketing et je suis titulaire d’un BTS en Tourisme. J’y suis entré un peu par hasard. J’ai essayé de faire de cela un métier. Qui essaie de me nourrir un peu.
En quoi consiste donc votre métier ?
Le métier de producteur d’artiste consiste à financer un artiste. Il consiste à détecter des talents. Il faut avoir l’oreille musicale et le coup d’oeil. Le manager, quant à lui, est chargé de trouver des dates pour faire des concerts partout.
Qu’est-ce qui fait de vous un homme exceptionnel au point où tout ce que vous touchez devient automatiquement de l’or ? Quelle est la particularité de David Monsoh ?
Moi, j’essaie de travailler. J’aime prendre mon temps pour faire les choses et faire de bonnes choses. Quand j’étais plus jeune, je me disais qu’il fallait que je marque mon époque. En faisant cela, je me dis que le métier que je pratique, il faut que je le fasse bien pour que les gens puissent faire attention à moi. Justement, j’arrive à bien le faire et je suis en train de marquer mon temps. J’essaie de graver mon nom dans l’histoire de la musique ivoirienne en particilier et africaine en général.
Quels sont vos rapports avec le chanteur congolais Koffi Olomidé aujourd’hui ?
Nous avons de bons rapports. Je ne le vois plus parce qu’il ne vit plus en Europe. Psuiqu’il vit maintenant à Kinshasa en République Démocratique du Congo (RDC). Il n’a pas le temps de travailler avec moi mais, on se parle de temps en temps.
Comment êtes-vous parvenu é dénicher Fally Ipupa au sein du groupe congolais Quartier Latin de Koffi Olomidé ?
J’étais à l’époque directeur artistique chez Sonodisc. Quand j’ai eu à signer Magic System avec le titre ‘’1er Gaou’’, qui a fait d’eux des stars ivoiriennes de la musique Zouglou. J’avais reçu un CD de Fally Ipupa et une vidéo pendant qu’il était dans un groupe dénommé ‘’Talent latent’’. En ce moment, Koffi Olomidé passe dans mon bureau et il découvre ce groupe en train de chanter et danser. Il voit Fally Ipupa en train de danser. Nous étions habitués à voir des femmes danser avec des coups de reins. Et on voit un Fally Ipupa en train de danser avec des coups de reins, on était tous surpris. J’ai dit à Koffi Olomidé: “Recrute-moi ce gars-là”. A cette époque-là, j’étais producteur de Koffi Olomidé. On l’a recruté et on a fait le concert à Paris-Bercy. Et puis, je lui ai dit: “Apprends bien le métier, un jour tu viendras et on va travailler ensemble”. Et dix (10) ans après, il m’a conctaté et il m’a dit ceci: “Je suis prêt. Je veux faire un album”. Avec lui, comme c’est lui qui est demandeur, je pourrai le marketter comme je veux. Et lui imposer ma manière de voir la musique, avec le style et la manière de chanter. Je lui ai expliqué, pas en lui imposant, mais en lui expliquant et il a compris. On a fait ce ‘’mariage’’ et on essaie de faire plaisir à toute l’Afrique et au monde entier.
Combien coûte la production d’un artiste non encore connu du public ?
Quand tu as envie de bien faire le travail, il faut dépenser deux cents mille (200.000) Euros (Ndlr: soit 130 millions de francs CFA). Si vous prenez un artiste comme Fally Ipupa, pour faire une bonne production, il faut débourser au moins deux cents mille Euros. Parce que ce n’est pas la prodcution au studio qui coûte cher mais, c’est le volet marketing qui coûte cher. Cocmment faire un matraquage médiatique pour que le public adore l’album de l’artiste ?
Vous avez produit de nombreux artistes ivoiriens notamment Gadji Céli, Douk Saga, Arafat, Erickson le Zoulou et autres. Est-ce que la production d’artistes ivoiriens est une activité commerciale rentable ?
Cette activité était rentable au moment où la piraterie n’avait pas pris trop d’ampleur. Au niveau de la Côte d’Ivoire, on va essayer de réglementer. S’il y a moins de piratage, cette actvité est rentable.
Aujourd’hui de nombreux artistes ont fui le pays suite à la crisepostélectorale ivoirienne. Quel commentaire faites-vous ?
Non! Mais les artistes n’ont pas à fuir le pays. Peut-être qu’ils ont eu peur par rapport à ce qui s’est passé. J’ai eu Gadji Céli qui est avec moi à Paris (France). Je profite de l’occasion pour lui faire une tournée en Europe. En même temps, je suis en train de préparer son nouvel album. Gadji Céli est en train de faire une tournée européenne tranquillement. Il est aussi en train de finir son album. Lui, il n’est pas en fuite. C’est un excellent album qu’il prépare, comme on le connait dans son style. Les Ivoiriens vont découvrir cela d’ici à la fin de l’année. Pour l’instant, l’album reste tout un mystère.
En France, certains artistes comme Johnny Halliday ont soutenu la campagne du Président Sarkozy. Pensez-vous que les artistes ivoiriens ont eu le nez creux en soutenant un parti politique au cours des dernières élections ivoiriennes ?
Pour l’instant, je me demande si on est encore mature pour accepter que certains artistes soutiennent des candidats politiques. Je souhaiterais que chacun fasse son métier. Qu’aucun artiste ne soutienne un candidat. Il faut laisser la politique aux politiciens. Que les artistes ivoiriens fassent attention. Ils peuvent soutenir un candidat mais en faisant attention à leurs propos. Il faut soutenir des candidats politiques de façon objective. Que les artistes soutiennent plutôt un futur président du Burida par exemple, un futur directeur du Palais de la culture par exemple, etc. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire pour l’instant que les artistes s’immiscent dans la poltique.
A cause de la piraterie, les artistes ivoiriens ont peur de mettre leurs nouveaux produits sur le marché. Quel remède pouvez-vous proposer pour juguler la piraterie ?
Pour qu’on puisse endiguer la piraterie, il faut une volonté politique. Après les élections législatives, peut-être que de nouvelles lois seront adoptées pour réprimer les pirates qui vendent les CD qui ne sont pas homologués par le Burida (Bureau ivoirien des droits d’auteur) aux abords des routes. Parce que cela appauvrit tant les producteurs que les artistes.
Le 12 octobre prochain, l’on va célébrer le 6è anniversaire de la mort de Doukouré Hamidou Stéphane alias Douk Saga. Quel souvenir vous reste de celui que vous avez produit en 2003 ?
Le beau souvenir que je retiens de Douk Saga, c’est que c’était un garçon joyeux et qui aimait la ‘’life’’ (Ndlr: vie). Et qui voulait lui aussi marquer son époque. La première fois que je l’ai rencontré et que je voulais le produire, il ne voulait pas. Je lui ai dit : “Fais-le parce que tu pourrais marquer ton époque”. Et je pense que Douk Saga a marqué son époque. Aujourd’hui quand on parle de Coupé-décalé, on parle tout de suite de lui.
Quels sont vos rapports avec M. Malick Tohé ?
Le président Malick Tohé est mon ami et frère. J’étais bestman à son mariage. C’est un grand Monsieur qui aime la ‘’life’’ comme moi. (Rires).
Depuis des années, les rumeurs courent et font état de ce que David Monsoh serait homosexuel (gay) ?
Je refuse qu’on me pose ce genre de question. Parce que je pense que ce sont des petitesses dans lesquelles je ne veux pas entrer. Dans la vie quand on atteint un certain niveau, il faut s’attendre à entendre des choses de ce genre sur vous. Ce n’est pas important. Je ne veux même pas me justifier. Les gens sont libres de penser ce qu’ils veulent. Je n’ai pas de comptes à rendre à quelqu’un. La seule persenne à qui je dois des comptes, c’est ma femme. Je pense que les Ivoiriens aujourd’hui ont envie de savoir ce genre de choses. Je ne pense pas que ce qui est important, c’est de se demander comment faire pour que la culture ivoirienne renaisse ? Et comment faire évoluer la musique ivoirienne ? C’est cela mon objectif. J’ai des comptes à rendre aux Ivoiriens à ce sujet.
Quelles sont vos relations avec les nouvelles autorités ivoiriennes ?
Moi, je suis un produit de la culture. Je suis obligé d’avoir de bons rapports avec tout le monde. Je fais la musique parce que tout le monde écoute la musique. Donc, je me donne le droit de respecter les autorités ivoiriennes quelles qu’elles soient.
Quels sont les projets de David Monsoh à ce jour ?
Faire de la Côte d’Ivoire un carrefour de la musique africaine comme par le passé. C’est cela mon projet. Je suis en train de travailler pour que tous les artistes viennent en Côte d’Ivoire. J’ai de nouveaux talents sous la main. Je travaille avec des talents ivoiriens, maliens, sénégalais et congolais. Mais, cela demande de l’argent. Je suis en train de faire les choses pas à pas. Pour que la paix revienne, j’ai fait une chanson intitulée “D’une seule voix pour la Côte d’Ivoire’’, qui a réuni plusieurs artistes internationaux tels que Papa Wemba, Lokua Kanza, Fally Ipupa, Sékouba Bambino, Monique Séka, Nst Cophie’s, Niky B (Jamaïcain), Ophélie Winter et bien d’autres.
Réalisée par Patrick Krou