Industrie ivoirienne : RECONQUERIR LA RELATIVE COMPETITIVITE, LE NOUVEAU CHALLENGE POST-CRISE

Le 15 décembre 2010 par Fraternité Matin - Faut-il, dans ce climat peu favorable à l’éclosion et au développement des initiatives privées, penser compétitivité des entreprises ivoiriennes? Violente question, serait-on tenté d’avouer.

Une zone industrielle à l'abandon à Abidjan.

Le 15 décembre 2010 par Fraternité Matin - Faut-il, dans ce climat peu favorable à l’éclosion et au développement des initiatives privées, penser compétitivité des entreprises ivoiriennes? Violente question, serait-on tenté d’avouer.

Car pour parler de compétitivité, il faut que les entreprises elles-mêmes existent et qu’elles aient une visibilité de leur devenir.
Or, à écouter le patronat ivoirien qui vient d’adresser à travers des encarts publicitaires insérés dans presque tous les journaux du pays un message pathétique aux acteurs politiques, l’existence même des entreprises ivoiriennes est gravement menacée par la situation post-électorale. «En dépit de la forte mobilisation de la population pour les élections présidentielles, le réveil est brutal ; les espoirs de cette vaillante population sont déçus en raison de la situation », écrit le patronat ivoirien.

Qui insiste sur le lourd tribut que paient les Pme/Pmi, les secteurs industriels, du Btp où fermeture et mise en sommeil des activités se feraient déjà sentir. Mais au regard de la place stratégique qu’a occupée l’emploi dans les deux tours de la campagne présidentielle que les Ivoiriens viennent de vivre, l’on peut raisonnablement espérer que les politiques oeuvreront à ne pas empirer la situation des opérateurs économiques privés, en n’obstruant pas leurs perspectives de reprise d’activités et de croissance. Parce que, comme en conviennent les spécialistes des questions économiques et sociales, le secteur privé est le vecteur de la croissance et le moteur du développement.
Pour tout dire, c’est le secteur qui génère des emplois et des revenus. De ce point de vue, il apparaît indispensable, en dépit de la morosité ambiante, de parler compétitivité des entreprises ivoiriennes dans ce contexte d’économie globalisée où les frontières disparaissent au fil des ans entre Etats, entre continents et où des produits chinois, américains, français, brésiliens, etc. peuvent concurrencer les productions manufacturières locales.

Études, séminaires et ateliers pour “penser la compétitivité”
Pour aider la Côte d’Ivoire à améliorer la compétitivité de ces entreprises, notamment dans les secteurs d’exportation non traditionnels, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) appuient actuellement le pays à travers le Programme d’appui au commerce et à l’intégration régionale (Pacir). D’un coût global de 3,874 millions d’euros (plus de 2,511 milliards de Fcfa), ce projet vise à contribuer au développement des compétences d’une soixantaine de Pme, notamment des sociétés industrielles et coopératives de transformation, par des formations groupées; le renforcement des capacités de 25 Pme par des activités d’assistance technique et l’aide à l’acquisition d’équipements complémentaires ; l’intégration des normes nationales aux normes internationales et l’appui à l’accréditation du laboratoire pour les tests requis sur les produits retenus.
Sa mise en œuvre se fait par approche intégrée et s’appuie sur plusieurs expertises que sont : la mise à niveau (technique, technologique, administrative, gestion, etc.), la normalisation et l’appui à l’accréditation de laboratoires nationaux (donc lancement des entreprises dans la démarche qualité) et enfin, la constitution de consortiums, c’est-à-dire de groupements de Pme/coopératives, etc. La compétitivité de l’économie et de l’industrie ivoirienne a fait l’objet de plusieurs études, séminaires et ateliers eu égard à son importance. On en retient, entre autres, l’étude du Bnetd sur la compétitivité sectorielle de l’économie ivoirienne commanditée par l’Uemoa en 2004; l’atelier sur la compétitivité des entreprises organisé en 2007 par l’Union générale des entreprises de Côte d’Ivoire; le Forum du dialogue économique initié par la Primature en 2006 et l’atelier de réflexion co-organisé par le ministère de l’Industrie et de la Promotion du secteur privé et celui de l’Economie et des Finances sur la relance des activités industrielles et du secteur privé.
Tous ces séminaires et études, indiquait récemment M. Koménan Mougo, économiste industriel et directeur de l’activité industrielle au ministère de l’Industrie, «ont montré que les entreprises sont handicapées dans la conquête des marchés par des problèmes se situant à plusieurs niveaux dont l’environnement des affaires, les coûts des facteurs élevés (crédits rares et chers, mauvaise qualité de l’électricité caractérisée des coupures intempestives…)».
Malgré ce tableau sombre, M. Koménan reste convaincu que l’industrie ivoirienne peut reconquérir ses parts de marché perdues et en gagner d’autres au regard de ses acquis et potentialités. Toutefois, dans la conclusion d’une présentation qu’il a faite le 20 novembre dernier à l’occasion de la Journée de l’industrialisation de l’Afrique sur la question de la compétitivité, il en ressortait que les solutions pour une industrie ivoirienne compétitive passe, entre autres, par l’amélioration du cadre de vie, la facilitation des échanges, l’amélioration des infrastructures économiques, une étude sur la compétitivité, le renforcement de la compétitivité des Pme/Pmi, l’amélioration de la gouvernance et la gestion des entreprises ainsi que l’accès des Pme au financement.

GOORE BI HUE