Gbagbo devant la Cpi le 18 juin 2012 : La guerre des preuves

Publié le jeudi 5 avril 2012 | Soir Info - Le procureur Luis Moreno Ocampo a passé le relais à Fatou Bensouda. C’est à elle, en effet, qu’il échoit l’opportunité des poursuites au niveau de la Cour pénale internationale (Cpi) dont elle devient la procureure

Le Président Gbagbo lors de l'audience de comparution des charges, le 05 décembre 2011, à la CPI.

Publié le jeudi 5 avril 2012 | Soir Info - Le procureur Luis Moreno Ocampo a passé le relais à Fatou Bensouda. C’est à elle, en effet, qu’il échoit l’opportunité des poursuites au niveau de la Cour pénale internationale (Cpi) dont elle devient la procureure

générale. Elle hérite d’un dossier qui, pour l’heure, retient l’attention du monde entier, celui de Laurent Gbagbo détenu à la prison de la Cpi, depuis près de quatre mois. Le procureur Ocampo lui a donc laissé les preuves qu’il disposait jusque-là et qui accableraient l’ancien chef d’Etat ivoirien. Fatou Bensouda s’est engagée dans les pas de son prédécesseur et tient à ‘’ coincer’’ Gbagbo accusé d’avoir « engagé sa responsabilité pénale en tant que co-auteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité à raison de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles, d’actes de persécution et d’autres inhumains», selon la Cpi. Confirmée dans ses fonctions de procureure principale, Bensouda ne perd aucune seconde pour étoffer le dossier d’accusation. A la recherche de bien d’autres preuves, elle a séjourné à Abidjan pour glaner des informations qui pourraient lui être utiles. En attendant l’audience de la confirmation ou non des charges retenues contre Laurent Gbagbo, prévue pour le 18 juin 2012, Fatou Bensouda creuse et fouine pour ressortir des éléments ‘’indiscutables’’ à même de confondre le prisonnier vu comme le plus célèbre de La Haye. Mais, d’obligation, elle devra mettre les preuves recueillies à la disposition de la partie adverse, c`est-à-dire aux Avocats de l’accusé qui à leur tour devront l’étudier et préparer la défense de leur client avant l’audience. Il faut indiquer que cela est conforme aux procédures de la Cpi et les Avocats de Gbagbo se sont d’ailleurs battus pour que cela soit appliqué. La Cpi a fait droit à cette requête et la défense de Gbagbo prendra connaissance à l’avance des preuves que brandirait la procureure. C’est donc à une véritable guerre de preuves que l’on va assister aux cours des audiences. D’un côté, la procureure Bensouda exposera les preuves et soutiendra des arguments contre Gbagbo.

De l’autre, Me Altit s’emploiera à démontrer la vacuité des éléments de sa contradictrice.

Selon diverses sources interrogées, les avocats de Gbagbo ont élaboré une ligne de défense, afin de prendre à défaut l`accusation. Cette ligne de défense s`appuiera sur deux éléments essentiels. Le collectif d`avocats va d`abord plaider `` non coupable`` et brandir `` l`absence de preuves``. A ce sujet, la défense, nous apprend-on, demandera à la procureure d`apporter la preuve matérielle de la culpabilité de leur client plutôt que de se contenter de faire des déductions qui n`auraient aucun poids juridique. Selon certains observateurs, comme Jean Ziegler, politologue et sociologue suisse, le dossier de Gbagbo est vide et il ne serait pas étonnant qu’il soit acquitté. L’accusé Laurent Gbagbo, selon ce qu’a rapporté Laurent Akoun, secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi, parti d’origine de l’ex-chef d’Etat ivoirien), a dit qu’il reviendrait bientôt au pays, parce qu’incapable de tuer une mouche, il n’a commis ni commandité de crime en Côte d’Ivoire. On comprend que l’audience qui s’ouvre le 18 juin 2012 à la Cpi promet !

Alain BOUABRE