Géostratégie: LA GUERRE ÉCONOMIQUE DES AFRICAINS

Le 17 novembre 2012 par Correspondance particulière - La politique dit-on, est une saine appréciation de la réalité ; des faits aussi bien historiques que politiques. L'émotion, la colère, la rancoeur ne

Le Président Macky Sall et le gouverneur de la Bceao, au cinquantenaire de la Bceao à Dakar.

Le 17 novembre 2012 par Correspondance particulière - La politique dit-on, est une saine appréciation de la réalité ; des faits aussi bien historiques que politiques. L'émotion, la colère, la rancoeur ne

doivent pas inspirer nos propos, guider nos actes, obscurcir notre jugement. Il est bon de rappeler brièvement l'histoire de l'Union européenne pour nous amener à mieux appréhender la guerre économique qu'imposent progressivement aux peuples africains les multinationales et les hommes politiques qui concèdent au pouvoir économique le pouvoir de décider du futur du monde, des peuples. Après la seconde guerre mondiale, la France et l'Allemagne de l'Ouest vont être à l'origine d'un nouveau modèle d'intégration en Europe, une Europe unie devenue aujourd'hui l'Union européenne, afin d'être à l'abri des guerres qui ont opposé autrefois les nations européennes, et surtout ces deux pays qui appartenaient au même empire; l'empire carolingien, qui atteignit son apogée sous Charlemagne. A la mort de son fils héritier
Louis le Pieux en 840, les trois petits fils de Charlemagne se partagèrent, après une guerre, les territoires de l'empire. La Francie appelée France vers 1200 revint à Charles le Chauve, Lothaire 1er reçut la Francie médiane (la Lotharingie du centre de l'Italie à Frise), et à Louis le Germanique fut échue la Francie orientale noyau de l'Empire Allemand. Pour la paix en Europe, six États dont la France et l'Allemagne, les frères-ennemis, créèrent en 1951 la Communauté européenne du charbon et de l'acier, qui deviendra en 1957, grâce au traité de Rome, une Communauté économique européenne, puis l'Union européenne en 1992 avec le traité de Maastricht. En 1999, une partie des États européens a créé l'union économique et monétaire dotée d'une monnaie unique l'euro. Pour éviter que certains pays comme la
Grèce ne retardent l'évolution de l'Union européenne, en fragilisant son unité, en amenuisant ses ressources, il est progressivement introduit, en son sein, la notion de l'Europe à double vitesse. Les plus forts se mettent ensemble pour atteindre des objectifs auxquels bénéficieront plus tard les plus faibles. L'union de l'Europe autour du charbon et de l'acier est un message fort qui doit amener les africains à prendre conscience de la guerre hégémonique que se livrent les deux blocs qui dirigent le monde, le bloc occidental, et le bloc communiste. Le charbon et l'acier étaient des
matières stratégiques qui servaient au développement de leurs industries et de leurs armées. De nos jours, les matières stratégiques sont le pétrole et d'autres sources d'énergie favorables aux armes nucléaires que le bloc occidental ne laissera jamais aux mains de leurs adversaires sur le plan économique, militaire et politique. Ils sont prêts à exterminer des peuples entiers pour avoir le contrôle de ses ressources énergétiques parce que d'elles dépend leur propre survie. Pour éviter des conflits
ouverts entre ces deux blocs, il eut, à la fin de la seconde guerre mondiale une
conférence durant laquelle, les vainqueurs se partagèrent le monde au grand dam des
peuples vaincus ou des civilisations dites inférieures (les africains et les autres
peuples de la terre qui n'ont pas une maîtrise des technologies modernes et du
nucléaire). Le 11 février 1945, eut, en effet, lieu la conférence de Yalta qui réunit en
grand secret Joseph Staline (de l'Union Soviétique), Winston Churchill (du RoyaumeUni,
l'Angleterre) Franklin D. Roosevelt (des États-Unis d'Amérique) qui jetèrent les
bases du nouvel ordre du monde, et partagèrent le monde en zones d'influences. La
fin, dès cet instant, justifiait les moyens, parce qu'il fut conclu un pacte officieux qui
permet à ces pays, désormais unis (tout en étant opposés sur le plan idéologique) de
conserver leurs zones d'influences, par tous les moyens. L'exploitation des ressources
énergétiques stratégiques de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique francophone n'échappe
pas aux règles établies par ces grandes puissances auxquelles a été associée plus tard
la France à laquelle est concédée la gestion directe de ses ex-colonies qui ne sont
jamais devenues des nations souveraines. L'article 55 de la Constitution française
intime « indirectement » l'ordre aux gouvernements français de garantir le respect des
accords secrets signés entre la France et les autres pays africains, dont la Côte
d'Ivoire, en imposant à la tête des pays africains des présidents prêts à leur brader
leurs ressources énergétiques. Face à une situation aussi complexe, nous ne pouvons
que saluer et soutenir la grande manoeuvre politique du président Laurent Gbagbo
qui, conscient de l'esprit de la Conférence de Yalta (du partage du monde) a concédé,
durant son mandat, certains grands marchés aux multinationales françaises, tout en
demandant des accords plus équitables entre la Côte d'Ivoire et la France qui demeure
un partenaire privilégié, et incontournable dans les relations que l'Afrique
francophone entretient avec la Chine, la Russie, et le reste du monde. Ces grandes
puissances militaires et économiques du bloc communiste se gardent en fait
d'intervenir dans les zones d'influences de la France et des autres pays occidentaux
afin qu'ils soient eux-aussi libres de leurs actes au Tibet ou en Tchétchénie. La
politique de Laurent Gbagbo connut de nombreux obstacles parce que nous avions à
la tête du gouvernement français des hommes politiques de droite au service des
multinationales qui leur dictaient leur politique africaine. Le ministre de Sarkosy Paul
Guéant, en affirmant que les civilisations ne se valent pas, nous permet de cerner
l'idéologie politique de ce gouvernement de droite proche de Herbert Spencer un des
partisans du darwinisme social, la doctrine politique évolutionniste qui préconise la
levée des mesures de protection sociale (comme aux USA où les républicains
s'opposent à l'assurance aux pauvres), l’abolition des lois sur les pauvres, ou
l’abandon des oeuvres charitables, parce que selon ces derniers, «toute protection
artificielle des faibles est un handicap pour le groupe social auquel ils appartiennent,
dans la mesure où cette protection a pour effet [...] de le mettre en position
d'infériorité face aux groupes sociaux rivaux». Fort de la guerre hégémonique entre
l'Occident et le bloc communiste, Sarkosy obtiendra de ses alliés européens et
américains, le droit de massacrer, avec son ami Alassane Ouattara et l'armée
française, les populations ivoiriennes qui n'aspirent qu'à leur souveraineté, à
emprisonner des professeurs émérites comme le premier ministre de Laurent Gbagbo,
Aké Ngbo, dans le but de maintenir l'Afrique francophone dans des conditions
d'infériorité. Nous n'avons certes pas d'armes nucléaires, ou une technologie militaire
avancée pour être considérés comme des partenaires, des hommes, par le monde
occidental, mais nous sommes des consommateurs de leurs produits finis, et nous
pouvons grâce à une guerre économique, sortir de cette dialectique du maître et de
l'esclave, en imposant cette fois-ci aux multinationales et au monde occidental, la
dialectique du producteur et du consommateur. Nous sommes capables de cibler et de
boycotter les produits de toutes les multinationales qui nous tuent, nous affament.
Cette guerre économique permettra aux africains de former une union des
consommateurs, une arme pour conquérir leur souveraineté afin de choisir des
présidents capables de faire désormais d'eux une force incontournable dans les
négociations internationales sur le futur de l'humanité. Le temps a permis qu'accèdent
au pouvoir en France et aux USA, Obama et Hollande qui ne partagent pas l'idéologie
de Sarkosy, et de ces hommes politiques pour lesquels l'africain, le Noir ne peut être
l'égal du blanc. Leur élection est salutaire pour l'Afrique qui trouve déjà à l'Élysée, et
à la Maison Blanche des oreilles attentives favorables à un nouvel ordre mondial qui
fera des hommes politiques des serviteurs des peuples, et non des souverains,
oppresseurs de leurs peuples. Avec Laurent Gbagbo, les africains, à travers des
accords gagnant-gagnant, revendiquent leur droit à bénéficier aussi des richesses de
leurs terres, et non à garder par-devers eux ces richesses qui doivent servir la
démocratie et les droits de l'Homme dans le monde. Le 12 octobre 2012, le prix
Nobel de la paix fut attribué à l'Union européenne pour «contribution à la promotion
de la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe. Il est
malheureux de constater que ces mêmes européens sèment à leurs portes, au Sahel, en
Afrique, la guerre et non la paix avec le risque de voir ces guerres frapper à leurs
portes. L'Europe peut avec le Qatar éviter la guerre au Mali, la mort de personnes
innocentes, tout est une question de volonté politique.

Une contribution de Isaac Pierre BANGORET
(Écrivain)