Géopolitique: La France et les mercenaires burkinabé en Côte d'Ivoire

Par Correspondance particulière - La France et les mercenaires burkinabé en Côte d'Ivoire.

La présence de mercenaires burkinabés en Côte d'Ivoire est liée à un souci électoral
d'Alassane Ouattara, de ses alliés français et occidentaux, conscients de sa future débâcle, si rien
n'est mis en oeuvre pour l'installer de nouveau à la tête de la Côte d'Ivoire. Il lui faut un autre
scénario, une autre stratégie de conquête du pouvoir. Lors de sa conférence de presse à Korhogo,
Alassane Ouattara a tenu à faire des précisions pour expliquer sa légitimité à la tête de la Nation
ivoirienne: «Vous savez, la crise post-électorale, il faut l’analyser sous l’angle de la légalité. Des
élections ont eu lieu et il y a eu un certain nombre de difficultés. L’ancien président a souhaité
attendre la décision de l’Union africaine. L’Union africaine a pris une décision le 11 mars 2011 et
malgré cela, l’ancien président n’a pas dissout le gouvernement qui était en place. Donc toutes les
instances internationales ont confirmé la décision de l’Union africaine. Parce que sa décision est audessus
de la décision d’un conseil constitutionnel national, si nous croyons à nos institutions
africaines et internationales. Maintenant, toute cette période du 11 mars au 11 avril 2011, il y a des
personnes qui sont restées au gouvernement ou qui ont posé des actes pendant cette période, ont
violé les lois et la constitution ivoirienne et les engagements pris par la Côte d’Ivoire dans son
appartenance à l’Union africaine [...]». Alassane Ouattara tient en effet à rejeter du revers de la main
le droit de vote des ivoiriens, les vrais résultats des élections publiés par MEDIAPART, en analysant
le contentieux électoral sous l'angle de la légalité; il s'agit d'une légalité qui s'inscrit, selon lui, dans
le respect du Droit international, car la décision de l'Union africaine est au-dessus de celle du
Conseil constitutionnel ivoirien. Du point de vue du Droit international, et surtout de la Charte de
l'Union africaine, une telle affirmation est erronée, si elle ne met pas en évidence les dispositions
exceptionnelles prises avec l'accord du président Laurent Gbagbo, en vue d'une résolution pacifique
du contentieux électoral ivoirien. Les textes de la Charte de l'ONU dans leur préambule indiquent,
en effet, que les Nations africaines sont convaincues de leur droit inaliénable de disposer de leur
propre destin, elles sont fermement résolues à sauvegarder et à consolider l'indépendance et la
souveraineté durement conquises, ainsi que l'intégrité territoriale de leurs États, et à combattre
surtout le néo-colonialisme sous toutes ses formes [...] Affirmer donc qu'il exerce un pouvoir
légitime en Côte d'Ivoire parce que son autorité lui est conférée par des décisions prises par les
Organisations internationales, qui ont une primauté sur celles des Conseils constitutionnels africains
est une interprétation erronée du Droit international qui cache cette nouvelle forme de colonialisme:
«le colonialisme juridique». Les États africains n'ont concédé leur souveraineté nationale ni à
l'ONU ni à l'Union Africaine: l'article II de la Charte de l'Union Africaine, en son alinéa C, stipule
que l'un des objectifs principaux de l'Organisation est de défendre justement leur souveraineté, leur
intégrité territoriale et leur indépendance. Quand Alassane Ouattara confesse que le président
Laurent Gbagbo a choisi d'attendre les décisions de l'Union Africaine, il dévoile d'une part la bonne
foi du président élu de la Côte d'ivoire qu'il a jeté en prison, en complicité avec la France et la CPI.
Ce dernier n'a jamais voulu voir sa Nation brûlée, saccagée par des mercenaires, détruite par la
guerre. A l'instar de cette femme qui préféra donner son fils à une mégère pour ne pas le voir diviser
en deux par le roi Salomon, le président ivoirien Laurent Gbagbo préféra, dans ce contexte
particulier, concéder une partie de la souveraineté de son pays à l'UA, afin d'avoir un médiateur
neutre dans la résolution de la crise ivoirienne. Il signa, bien avant cette crise, l'Ordonnance
N°2007-457 du 12 avril 2007, qui accorda l'Amnistie aux rebelles aujourd'hui au gouvernement
avec Alassane Ouattara. Quand des médiateurs africains supposés neutres comme le Burkina Faso et
la France démontrent cependant qu'ils sont arbitres et joueurs, face à une telle situation, il est
concédé au président élu Laurent Gbagbo le droit de douter de la bonne foi de ces médiateurs
internationaux, qui ont choisi de rendre légale aux yeux du monde la politique néo-colonialiste
française qui viole les textes de la Charte de l'Union Africaine, en bradant la souveraineté, et
l'intégrité du territoire d'un de leurs membres. Que dire de la bonne foi du président français
Sarkosy, dont le désaveu par le Conseil Constitutionnel de son pays apporte une nouvelle preuve à
l'innocence du président ivoirien Laurent Gbagbo. Si un président français choisit de manière
délibérée de frauder, de violer les textes de son pays, que dire des injustices commises en Côte
d'Ivoire sous son mandat, sous le régime de la Françafrique? Le marketing politique de Sarkosy
s'évertue à amener le monde à trouver légale une fraude qui devait l'inciter à être loin des
projecteurs. Il se fait, au contraire, acclamer. Comme un héros par l'UMP, son parti politique, et
certains français, comme s'il venait de réaliser une prouesse... Que dire de cette France qui foule
aux pieds les valeurs universelles des Droits de l'homme, cette France qui justifie, applaudit les
partisans d'Alassane qui ont commis des crimes contre l'humanité, et met en prison l'innocent, le
président élu de la Côte d'Ivoire, qui a eu confiance à ses pairs dans la résolution pacifique du
contentieux électoral ivoirien? Une fois que l'on peut douter de la moralité, de la bonne foi, des
médiateurs dans la résolution d'une crise, l'on a le droit de s'opposer à leur décision, tel fut le
contexte dans lequel le président élu Laurent Gbagbo choisit de se soumettre en définitive aux
décisions du Conseil constitutionnel ivoirien, aux textes de la Constitution de son pays qui est
souverain tant que nous avons à sa tête des représentants légitimes du peuple. C'est ce droit de vote
des Ivoiriens que veulent contourner voire étouffer Alassane Ouattara et ses alliés français, en
favorisant la présence en Côte d'Ivoire de mercenaires burkinabés, dans le but de retracer, à
l'intérieur des frontières administratives de la Côte d'Ivoire héritées de la colonisation, des frontières
ethnografiques, qui leur permettent de rassembler autour de sa personne les populations d'origines
Mandé et du groupe voltaïque (Burkinabé). Ils commettent l'erreur d'Hitler qui finit par annexer les
pays voisins pour rassembler sur un même territoire les germanophones. L'Histoire nous enseigne
que de tels projets mettent en péril la vie des populations. Malgré la sentence de la Haye relative à
l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, lors du conflit frontalier qui opposa le Mali
au Burkina Faso, on assiste à des faits politiques, qui confirment progressivement l'annexion de la
Côte d'Ivoire par le Burkina Faso. Il ne s'agit plus ici d'un redécoupage électoral mais plutôt d'un
repeuplement des zones pro-Gbagbo par les populations d'origine burkinabé, dans un souci
électoral. Le scénario du régime est déjà tout tracé; nous le découvrons à travers les «aveux» du
commandant Abéhi qui invite dans le film les populations ivoiriennes à se débarrasser des
envahisseurs armés au moyen d'armes blanches. Alassane et ses alliés font appel aux soldats
burkinabé qui jouèrent un rôle important dans la pacification des colonies rebelles. Les provocations
constantes du régime d'Abidjan qui a volontairement emprisonné Koua Justin le représentant des
jeunes partisans du président Laurent Gbagbo ont pour but de favoriser une guerre civile larvée, qui
entraînera l'extermination de tous les opposants à Alassane Ouattara qui s'apitoie naturellement sur
la misère des fils du Nord, en vue d'opposer les populations pro-Gbagbo qui vivent dans les zones
riches à celles des zones sèches. Le Burkina Faso appelé par les colons un «monstre géographique»
est devenu avec Alassane Ouattara et Compaoré cet «oeil du pouvoir colonial, de la métropole»
après que l'on se soit débarrassé d'un autre résistant africain Thomas Sankara qui avait choisi de
mettre l'énergie débordante de son peuple au service du développement du pays qu'il a fait appeler,
à dessein, le Burkina Faso. Les mercenaire burkinabés ont pour rôle d'entretenir cette guerre larvée
que viendront achever les soldats burkinabés accueillis au sein de la MISMA (une autre troupe
militaire de l'Armée onusienne). Lorsque les Ivoiriens, las des injustices dont ils sont victimes se
révolteront, il ne sera pas étonnant de voir l'ONU demander à ses soldats d'intervenir directement en
Côte d'Ivoire. Nous ne serons pas surpris de voir des soldats burkinabé combattre en Côte d'ivoire
sous le drapeau de l'ONU. Forts de tous ces plans machiavéliques il n'est pas surprenant d'entendre
Alassane Ouattara affirmer qu'il est indéboulonnable. Il n'est pas surprenant de voir son régime
narguer le peuple ivoirien et l'opinion publique internationale, en confondant, de manière délibérée,
leurs partisans qui ont commis des crimes contre l'humanité aux agents des forces de l'ordre qui
rackettent les populations. Il nous faut éviter de tomber dans ce piège que nous prépare le régime
d'Alassane Ouattara: la guerre civile programmée pour faciliter son « élection » en 2015 et avoir,
par la même occasion, des preuves contre le président Gbagbo et ses partisans, avec la complicité
de la CPI qui lui a demandé de glaner d'autres preuves pour garder à vie à la Haye son adversaire
politique le président élu Laurent Gbagbo.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)