Face aux pressions des institutions financières: Le régime Alassane Ouattara craque
Par LG Info - Le régime Alassane Ouattara craque face aux pressions des institutions financières.
«Même si certains ont estimé qu'on ne mange pas la croissance, mais ils doivent comprendre qu'on ne peut pas manger sans croissance. Que les gens retiennent aussi cela, ça aussi c'est la réalité». Le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan n’apprécie pas les sanctions distribuées, le mercredi 29 janvier 2014, à l’ouverture du Forum Investir en Côte d’Ivoire (Ici 2014), par les responsables du monde des finances. Ce, après que son gouvernement les a attirés sur les bords de la lagune Ebrié pour mieux les appâter. Le chef du gouvernement a du mal à comprendre qu’il lui soit conseillé … publiquement la transparence et le sérieux dans la gestion de la chose publique. Il a donc ressassé une longue litanie sur «les nombreuses réformes mises en œuvre ces derniers mois en vue de rendre plus attractif le monde des affaires en Côte d’Ivoire». Les promesses, toujours les promesses. Vu la teneur des propos tenus par les différents conférenciers, manifestement, la guerre n’est pas loin d’être déclarée entre les deux entités. Si la Côte d’Ivoire énonce clairement ses intentions d’être ‘’le hub’’ de référence de l’Afrique de l’Ouest, cela voudrait dire du moins dans l’entendement des milieux financiers, que les autorités de ce pays doivent pouvoir prendre au sérieux les engagements qu’elles prennent. Ce qui ne serait pas le cas à présent.
Des discours qui sanctionnent la réalité
Initialement programmé pour réunir des créateurs d’emplois, le Forum investir en Côte d’Ivoire en 2014 (Ici 2014) aura été au final le rendez-vous de la bronca, du haro sur le baudet et des critiques sévères à l’encontre du pouvoir ivoirien. La noria d’intention d’investissements attendue par l’establishment ivoirien sur les bords de la lagune Ebrié s’est soldée par des discours pas trop amènes pour un régime qui avait plutôt besoin qu’on lui conte fleurette. Le Directeur des opérations de la Banque mondiale à Abidjan et pour la sous- région, Ousmane Diagana ouvre les récriminations. Il est suivi par Donal Kaberuka le patron de la Banque africaine du développement (Bad), une institution courtisée par le pouvoir ivoirien pour qu’elle revienne s’installer à Abidjan. Comme dans une symphonie plusieurs fois répétée et jouée d’avance, les deux banquiers interpellent les autorités ivoiriennes à rassurer sur «la sécurité, l’appareil judiciaire et sur la qualité des services publics». Non sans laisser entrevoir un certain agacement relativement au désordre qui règne en Côte d’Ivoire depuis l’avènement du régime Ouattara, en avril 2011. Tour à tour, ils indexent une politique économique basée sur l’opacité, le clientélisme et les passe-droits. Ils dénoncent cette gourmandise qui veut que les vainqueurs de la guerre se partagent le butin entre petits copains. Ajoutant pour sonner le tocsin : «on ne mange pas la croissance». L’essentiel devant être la recherche du bonheur des populations lesquelles devraient ressentir les fruits de cette croissance. Croissance qui n’aurait pas de sens sans retombée visible. Dans son grand oral, Christine Lagarde enfonce le clou. «L’inclusion de toutes les couches sociales devra prendre en compte l’investissement dans le capital humain qui consiste en l’éducation et la formation des hommes et des femmes, et la création d’emploi tout en garantissant les chances entre hommes et femmes sur le marché de l’emploi». Et vlan ! A sagement conseillé la patronne du Fonds monétaire inter- national (Fmi) intervenant par vidéo conférence à l’ouverture du Forum Investir en Côte d’Ivoire. Précisant que ‘’l’émergence’’ de la Côte d’Ivoire passe par ce qu’elle a nommé «les 3 i»,c’est-à-dire, «les Infrastructures, l’Initiative privée, et l’Inclusion»qui selon elle, ne sont possibles que dans la «paix et la réconciliation». En pointant du doigt les infrastructures publiques, les investissements privés et le traitement équitable de tous les opérateurs nationaux et étrangers qu’elle juge «essentiels pour la stabilité de la croissance de l’économie ivoirienne», Mme Lagarde attribue une note sévère à une gouvernance jusqu’ici basée sur la communication outrancière, loin de la réalité et sans réel impact sur le vécu quotidien des populations ivoiriennes qui devaient être les premières bénéficiaires de cette supposée embellie économique, symbole d’une reprise après plusieurs années de rébellion du Nord. Après ce passage de savon, la patronne du Fmi devait mettre un bémol en saluant la «croissance économique remarquable» de la Côte d’Ivoire qu’elle situe entre 8% et 10% en 2013. Mais trop tard, le Premier ministre ivoirien ayant pris la boule. Daniel Kablan Duncan ne gobe pas ces discours, surtout venant des ‘’éclairés’’. Peut-être aurait-il préféré la thèse qui veut qu’on ne dévoile pas en public, ce qui se dit dans le secret entre partenaires. «Même si certains ont estimé qu'on ne mange pas la croissance, mais ils doivent com- prendre qu'on ne peut pas manger sans croissance. Que les gens retiennent aussi cela, ça aussi c'est la réalité». Non monsieur le Premier ministre, on peut sans croissance, sauf qu’on n’est pas sûr de la constance du repas.
Simplice Allard sallard05@yahoo.fr