Exclusif/ShowBiz - Mahely Ba: "Mon prochain album arrive bientôt"."Je n'ai jamais tourné la page Gbagbo pour 1000€"."On ne peut pas faire une soirée pro-Gbagbo sans parler de Gbagbo"

Par IVOIREBUSINESS - "Mon prochain album sort bientôt". "Je n'ai jamais tourné la page Gbagbo pour 1000€"."On ne peut pas faire une soirée pro-Gbagbo sans parler de Gbagbo"

Mahely Ba en studio à Paris pour la préparation de son nouvel Album.

IvoireBusiness: Mahely Ba, ça fait un bout que tu as disparu de la circulation. Que se passe-t-il? La rumeur te dit en studio.

Mahely Ba: Je suis effectivement en studio en train de préparer un nouvel album remixé fait de quelques sons de mon ancien album dont le titre est "Eclosion", rajouter les nouveaux morceaux, et je sortirai l'album. Voilà.

On te sait résistante, dynamique, et depuis plus rien?

Effectivement, je suis résistante dans l'âme, mais musicienne avant tout. Donc à un moment, il me faut revenir à mon métier. Il ne faut pas qu'on oublie ce qu'on fait, ce qu'on aime. Je suis donc retournée dans la termitière pour amener quelque chose de potable.

L'album est prévu pour quand exactement?

Pour bientôt, car un album c'est aussi du boulot, chacun à son niveau joue sa partition. Moi je joue ma partition je chante, après il y a le mixage, ensuite le mastering, etc...

De quel genre musical sera-t-il fait?

Ce sera toujours du Reggae mixé à la sauce Wê parce que je suis Wê. Ce sera aussi quelques chansons gospels car je chante aussi dans une chorale à l'église. C'est de là-bas que beaucoup de personnes comme Whitney Houston se sont inspirées. L'album sera 80% reggae et 20% sera un clin d'oeil à la famille chrétienne.

Il y aura des featurings là dessus?

Je pense bien car j'aime toujours m'entourer des meilleurs. Mais je ne vous dévoilerai rien. Je préfère vous réserver la surprise.

Restes-tu toujours une artiste engagée, notamment dans la libération du Président Laurent Gbagbo. Est-ce que la flamme est toujours là?

Absolument. Ce n'est pas pour rien qu'on m'appelle lionne. Et puis, j'ai un principe, quand je commence quelque chose, je termine toujours. J'ai cru en Laurent Gbagbo et je suis certaine que c'est lui qui avait gagné l'élection présidentielle en 2010. J'ai aussi vécu la guerre. Je ne peux pas m'arrêter à mi-chemin dans ce combat. Comme lui même l'a dit, on ira jusqu'au bout.

Comment as-tu vécu la confirmation des charges contre lui le 12 juin par la CPI?

C'est la suite de ce qu'ils ont commencé. Il n'y a rien qui m'a surpris là-dedans.Qu'on confirme les charges contre lui alors qu'il n'y a pas de preuves, je suis tombée à la renverse. Mais je suis sûre que ce procès là nous réserve de grosses surprises et que Laurent Gbagbo sera libéré. Mon engagement est toujours total pour sa libération, pour celle de Simone Gbagbo, pour Blé Goudé, et pour la libération de tous les prisonniers politiques. Et surtout libération de tout le pays afin que ces exilés puisse regagner leurs maisons et continuer le reste de leur vie.

Est-ce la raison pour laquelle tu as accepté de parrainer la manifestation Miss résistance à Paris à la salle 4 rue Olivier Metra 20e arrondissement, samedi dernier?

Oui. Quand les organisatrices, Prisca Digbeu et Flora l'Ivoirienne, me l'ont demandé, je n'ai pas hésité. J'ai juste demandé quel était le thème.

Et c'était quoi le thème?

C'était "hommage aux femmes combattantes" et la redynamisation de la résistance. Je profite de votre micro pour faire un clin d'oeil à la maman Yvette, la femme de Stanley, qui est actuellement hospitalisée. C'était pour rendre hommage à ces mamans là.Voilà pourquoi j'ai accepté. J'étais secondée par l'artiste Lizzy Mac Koré.

Comment se fait-il que la soirée était parrainée par un membre influent du RDR, un certain Bemitian Ouattara? Une soirée pro-Gbagbo parrainée par un pro-Ouattara?

Je suis très contente que vous me posiez la question parce que jusqu'à ce que je parte de cette salle, je ne savais pas qui était ce monsieur qui était assis à côté de moi à la table d'honneur. Car sur les prospectus et les flyers, ce n'était pas marqué que ce monsieur allait être parrain.

Qu'est ce qui était marqué sur les flyers?

Que c'est moi et Lizzy Mac Koré qui étions les marraines. A aucun moment, le nom de ce monsieur n'était marqué.
J'ai été d'autant surprise que les gens dans la salle annoncent l'arrivée du parrain.

ça faisait donc une marraine et un parrain?

C'est cela, et le côté de son appartenance politique, je l'ai su le dimanche vers 21h. Mais dans la salle, il y a des petites choses que je remarquais, en l'occurrence la réaction de mon fils Sankara.

Qu'a-t-il fait?

Pendant mon intervention, Sankara m'a interpellée en disant tout haut qu'on ne parle pas de politique ce soir, et qu'on ne parle pas de Gbagbo içi.

Donc une soirée pro-Gbagbo sans qu'on ne parle de Gbagbo?

Il y avait une entière contradiction entre ce qui avait été annoncé et ce qui se passait dans la salle. Je n'étais pas dans l'organisation. On m'a juste sollicitée pour être marraine. Moi il y a des petites choses que je remarquais mais j'attendais la fin pour rentrer en contact avec les deux soeurs pour leur demander ce qui se passait réellement passé. ça ne m'a pas dérangé pour autant que ce monsieur soit le parrain, la preuve je lui ai parlé car il était juste assis auprès de moi. On a échangé, avant de partir il m'a même proposé son numéro que j'ai pris. Je n'ai donc pas d'à priori sur lui car je ne le connaissais pas. C'est quand le lendemain mon téléphone n' a pas arrêté de sonner que j'ai compris la gravité de la situation. Les messages me disaient qu'il y a un certain Philippe Kouhon qui a fait un article sur son site avec une photo dans laquelle je figure, et qui a mentionné mon nom en disant que les pro-Gbagbo à Paris tournent la page Gbagbo. Moi, pourquoi je vais tourner la page Gbagbo? Mon Président n'est pas encore libéré et je vais tourner la page Gbagbo. Il n'y a pas de raison pour que je tourne la page Gbagbo! ça c'est hors de question. Moi je ne suis pas dans ces histoires de tourner la page ou ouvrir la page car elle est déjà ouverte depuis le 11 avril 2011. C'est après que j'ai su qui il était ce parrain. C'est quand je suis rentrée chez moi à la maison vers 23h que j'ai ouvert mon ordinateur pour enfin savoir ce qui se passait sur la toile. Il y a même eu un autre incident dans la salle où on était sortis au moment où arrivait la délégation qui accompagnait ce monsieur. Et les gens sont venus nous demander pardon de retourner dans la salle car celles qui organisaient m'ont dit que "tu as un prix que tu dois remettre, il faut que tu restes dans la salle".
J'insiste très bien: Ce Philippe Kouhon, après la capture du Président Gbagbo, lui et moi on est sorti d'Abidjan le même jour. Moi j'ai la double nationalité, j'aurai pu aller au 43e BIMA comme les autres pour me faire embarquer. Quand lui et moi on s'est rencontrés dans l'avion, j'étais comme une folle, j'ai même pleuré dans ses bras. Et quand il dit que j'ai vendu le combat, c'est vraiment déplorable. C'est pitoyable de sa part. Il pouvait quand même m'appeler pour me demander ce qui s'est passé. Il n'a pas respecté la déontologie de son métier. Ce qu'il a écrit est un torchon. Moi je n'appelle pas ça du journalisme. En plus, il se permet de dire qu'il est journaliste d'investigation. Lui il est quelque part à Abidjan et il se permet d'écrire des articles sur moi avec ma photo. Qui lui a donné la permission, moi je ne lui ai pas donné la permission.
Et il enfonce le clou en ramenant un deuxième article en disant cette fois-ci que la lutte a été vendue à 1000€.

Pourquoi 1000€?

J'aurai appris que ce monsieur Bemitian était venu aider les organisatrices et qu'il a donné 1000€ comme enveloppe.

Avec un peu de recul, penses-tu que c'est normal que des pro-Gbagbo fassent une soirée de la résistance qui soit parrainée par un pro-Ouattara?

Non, ce n'est pas normal.

Il y a donc selon toi une faute quelque part?

Mais bien sûr, il y a une faute. Les organisatrices ont entrainé tout le monde dans leur faute. Nous on avait pas forcement besoin d'être dans cette salle avec ces gens. Parmi nous, il y a des gens, elles peuvent regarder. J'ai dit à Flora, "pourtant tu es croyante, tourne-toi vers ton Dieu. S'il y avait un problème, tu n'avais qu'à reporter".

Pourquoi elles ont pris ce monsieur comme parrain?

J'ai entendu des propos qui m'ont laissée pantois.

Lesquels?

Des propos du genre "qu'il soit RDR ou pas, on s'en fout. On n'avait besoin d'organiser notre soirée, on l'a fait". Elles se lancent des balles de ping pong aujourd'hui. Pourtant il y a des photos qui attestent qu'elles ont rencontré ce monsieur avec tout le staff. Ils se sont bien vus et ont eu une séance de travail. Je ne suis pas dans leur organisation. ça ne me regarde pas. Mais dès l'instant où on mêle mon nom et mon image avec des gens que je combat, ça me pose un gros problème. Moi je dis que ce qui a été fait n'a pas de sens, parce que des gens qui ont égorgé mes parents, égorgé des ivoiriens et des innocents, je ne suis pas prête encore à parler de réconciliation avec eux. J'arrive pas. Parce que moi, j'ai pas vu la guerre sur les médias français. Je l'ai vécue.
Quand je partais de la Côte d'Ivoire, j'ai dit tant que ce monsieur Ouattara reste à la tête de la Côte d'Ivoire, je n'ai pas de pays. Et je suis venue. Donc on ne peut pas m'imposer d'être dans la même salle et sur le même siège que des gens qui me combattent. Le monsieur peut être de bonne foi, je ne le connais pas. Donc je n'ai pas de problème particulier avec lui. Mais c'est ceux-là qui se disent patriotes qui l'ont invité là, c'est à eux que moi j'ai à faire car c'est mon nom qui est aujourd'hui dans les journaux disant que j'ai vendu la lutte. J'ai vendu quelle lutte? J'ai juste soutenu l'évènement. Je ne l'ai pas organisé. Mais si j'avais su qu'il devait avoir un groupe du RDR, je jure sur tout ce qui m'est chère que je n'allais jamais sortir de chez moi. Le jour que je verrai Laurent Gbagbo au dehors, Blé Goudé au dehors, et les enfants des gens qu'ils sodomisent en prison dehors, alors je pourrai parler de réconciliation.

Ton mot de la fin?

Je veux juste souligner quelque chose. Il y a un frère Charles Adrien qui a écrit sur son site "Mahely Ba a vendu la lutte à 1000€ et elle s'en défend". Je vais lui dire que je ne suis pas l'organisatrice de cet événement. Donc à aucun moment je n' ai pu vendre cette lutte qui m'est chère. Je vais lui demander d'enlever son titre car ma mère a tout perdu. Qu'il l'enlève parce que c'est diffamatoire et parce qu'il ne m'a pas entendu comme vous êtes en train de le faire. Donc il ne peut pas se permettre de dire que j'ai vendu la lutte à 1000€. Voilà mon mot de fin. Si le Président Gbagbo sort et parle de réconciliation, alors j'irai à la réconciliation. Car pour aller à la réconciliation, il faut que tous les ivoiriens soient là. Avec des ivoiriens en taule, ce n'est pas possible qu'on parle de réconciliation.

Merci Mahely Ba.

Propos recueillis à Paris par Elsa