Eugène Dié Kacou (président du Cnp): " je répète, jamais, nous n'avons, au CNP, reçu d'instruction en vue de prendre telle ou telle autre sanction à l'encontre d'une publication donnée"
Publié le vendredi 21 janvier 2011 | IVOIREBUSINESS - Monsieur le ministre,
- Mesdames et messieurs
Publié le vendredi 21 janvier 2011 | IVOIREBUSINESS - Monsieur le ministre,
- Mesdames et messieurs
les membres du cabinet,
- Mesdames et Messieurs
les journalistes,
- Mesdames et messieurs
de la grande famille de la presse,
Monsieur le ministre,
Je voudrais, au nom de l'ensemble des membres et du Personnel du Conseil National de la Presse (CNP), vous souhaiter, à vous-même ainsi qu'à toute la délégation qui vous accompagne, la bienvenue au siège du CNP.
Nous sommes présents pour vous accueillir aujourd'hui comme nous avons accueilli avant vous, tous ceux et toutes celles qui nous ont fait l'honneur de nous rendre visite, et comme nous accueillerons plus tard, tous ceux et toutes celles qui émettront le souhait de nous rencontrer.
C'est pour moi l'occasion, au nom du Conseil National de la Presse, de pouvoir vous adresser, en ce début de l'année 2011, nos vœux d'excellente Santé pour vous-même et vos proches et ceux de Paix, une paix définitive pour notre pays.
Monsieur le ministre,
Mesdames et messieurs,
L'institution que vous visitez aujourd'hui n'est plus à présenter. Vous me permettrez néanmoins d'en dire quelques mots.
Le Conseil National de la Presse est donc l'institution chargée de la régulation du Secteur de la Presse.
En Côte d'Ivoire, la presse bénéficie d'un libre exercice enraciné dans le corpus juridique général.
Les articles 9 et 10 de la constitution ivoirienne consacrent la liberté d'expression.
L'article 7 de ladite constitution prescrit à l'Etat d'assurer à tous les citoyens l'égal accès à l'information. Le journaliste, en charge de produire et de diffuser l'information, se voit ainsi imputer le devoir de veiller à cette prescription.
Et c'est précisément en conformité avec ces dispositions constitutionnelles sus-énoncées que la loi du 14 décembre 2004 sur la presse énonce en ses articles 1er et 4 deux principes importants, assez méconnus hélas :
1. " La parution de tout journal, écrit et périodique est libre " ;
2. " La distribution de tout journal, écrit et périodique est libre ".
Cette loi sur la presse en Côte d'Ivoire, inspirée des recommandations de l'annexe de la Table Ronde de Linas Marcoussis relative au Programme du Gouvernement de Réconciliation Nationale, prévoit un renforcement du rôle de l'autorité de régulation.
Quelle rude tâche en effet que celle de la régulation d'un secteur comme celui de la Presse dont la liberté est garantie et proclamée urbi et orbi !
A l'instar de la quasi-totalité des organes en charge de la régulation dans le secteur des médias, le CNP est une autorité administrative indépendante avec un statut et des pouvoirs spécifiques pour remplir, en toute indépendance, ses missions régaliennes.
Il est admis que, dans le domaine des médias, réguler c'est principalement :
1 - Veiller à la protection de la liberté de la presse ;
2 - Garantir le droit d'accès du citoyen à l'information, l'équilibre et le pluralisme de l'information, la protection et la promotion des valeurs culturelles dans les programmes des médias publics et privés.
Cela précise la difficulté déjà évoquée de la régulation d'un tel secteur car il s'agit de garantir deux droits : la liberté de la presse et le droit du citoyen à une information équilibrée et pluraliste, donc exempte de toute violation des règles déontologiques de la profession.
Une telle régulation suppose donc, pour être réussie, que les acteurs du secteur reconnaissent en l'organe de régulation, une incontestable bonne foi dans la prise de ses décisions, lesquelles doivent être marquées du sceau d'une grande impartialité. Tout cela n'est possible que si l'indépendance de l'organe de régulation est avérée.
Le CNP se targue d'être dans cette disposition d'esprit mais le disant, il nous faut préciser avec force que jamais, je répète, jamais, nous n'avons, au CNP, reçu d'instruction en vue de prendre telle ou telle autre sanction à l'encontre d'une publication donnée.
De telles instructions ou demandes, émanant de quelque autorité qu'elle soit, seraient inacceptables car perçues comme une tentative d'ingérence condamnable dans l'accomplissement par le CNP de sa mission de régulation.
Il n'est nullement interdit, bien au contraire cela est même souhaité et prévu dans les textes en vigueur, d'attirer notre attention sur un manquement donné ou même de nous saisir par tout moyen approprié sur des faits considérés par l'auteur de la saisine comme étant des violations des dispositions légales ou des règles professionnelles.
Notre pays vit une situation post-électorale particulièrement difficile et un organe de régulation d'un secteur si sensible comme l'est celui de la Presse, se doit de garantir pour le compte de l'Etat, donc de tous les citoyens, le respect de la liberté de la Presse et le respect du droit du citoyen à l'information, donc à une information libre et plurielle, sève nourricière de toute démocratie.
C'est pourquoi, loin de toute considération politique et de toute chapelle politique, le CNP s'attache à accomplir sa mission en toute indépendance et à veiller scrupuleusement à faire barrage à toute atteinte directe ou indirecte à la liberté de la presse.
Cependant, nous demeurons au CNP, attentifs à ce qui constitue le pendant de cette liberté de la presse, à savoir le respect des règles professionnelles et cela nous amène à infliger, quasi quotidiennement, des sanctions aux publications qui ne s'inscrivent pas dans la perspective d'une pratique professionnelle du journalisme. Nous sommes à la disposition de tous ceux qui souhaitent nous interpeller sur les motifs d'une sanction infligées ou sur les raisons d'une absence de sanction, la transparence étant notre crédo.
Pour conclure, avec votre permission, je souhaite relever que le CNP emploie actuellement 49 Agents au total et que Cinq directions composent ses services.
Vous réitérant notre gratitude pour la visite que vous avez bien voulu nous rendre au nom du CNP. Je vous remercie
Eugène Dié Kacou.