Entretien / Jacques Anouma précise : ‘’J’étais formaté pour ne faire que deux mandats…’’
Publié le samedi 23 juillet 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Le président de la Fédération Ivoirienne de Football, Jacques Anouma, a
été l’invité de l’émission dénommée ‘’L’invité d’Afrique sur les antennes de la Radio RFI hier, où il revient sur les raisons de son retrait de la présidence de la FIF.
Publié le samedi 23 juillet 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Le président de la Fédération Ivoirienne de Football, Jacques Anouma, a
été l’invité de l’émission dénommée ‘’L’invité d’Afrique sur les antennes de la Radio RFI hier, où il revient sur les raisons de son retrait de la présidence de la FIF.
Président Anouma bonjour. Pourquoi renoncez-vous à un troisième mandat à la tête de la fédération ivoirienne ?
Ecoutez, c’est une décision que j’ai prise, il y a déjà un bon moment. Et beaucoup d’événements m’ont conforté dans cette volonté de partir ; la fin de la CAN 2010, les événements dramatiques qui ont eu lieu au Stade Félix Houphouët-Boigny. J’étais formaté pour ne faire que deux mandats, pour me consacrer à mon mandat international.
Au terme de vos huit ans de présidence, la Côte d’Ivoire est parvenue à la 14ème place mondiale et à la première africaine. Et pendant ces huit ans, elle n’a pas réussi à gagner la CAN. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Quand vous mettez dans les huit ans, la balance entre une CAN et deux participations à la Coupe du Monde, je prendrai toujours la participation à un mondial, en numéro 1. Mais les Ivoiriens souhaiteraient gagner une CAN. C’est bien. Mais, je veux dire que vous ne gagnez pas une CAN avec un décret. Je dis toujours en football, il y a aussi le facteur chance. On perd la finale en 2006, jusqu’à présent, tout le monde ne comprend pas. Au Ghana, on sort en demi-finale suite à la blessure de notre gardien. En Angola, on perd contre l’Algérie, alors qu’on marque un but qui est valable et que tout le monde sait qu’il est valable. Qu’est-ce que vous voulez, si ce n’est pas une question de chance. Je sais qu’on gagnera un jour la CAN.
Cet échec à la CAN n’est pas dû à une tactique de jeu qui a tourné autour d’une personne, Didier Drogba.
Dans toutes les grandes équipes, c’était comme ça. On joue toujours pour un leader. Vous prenez le Brésil de l’époque, c’était Pélé. La France, c’était Michel Platini, l’Italie, c’était Paolo Rossi. Il y a toujours des leaders comme ça. Je dis toujours, c’est le facteur chance qui nous a manqué. Mais avec la relève, et ceux qui sont en place aujourd’hui, pour les deux prochaines CAN, il y a un coup à jouer.
Vous avez souvent dit que pendant la guerre civile, le football ivoirien est le socle de l’unité nationale. Mais est- ce que, c’est si vrai que ça ? Est-ce qu’il n’y a pas eu de tension dans l’équipe nationale, entre un Didier Drogba (Pro-Gbagbo) et un Yaya Touré (Pro-Ouattara) ?
Je n’ai jamais vu ces tensions. En toute honnêteté. Je me suis toujours battu pour qu’au sein de cette équipe, il n’y ait pas de clivage religieux, politique. C’est de l’extérieur que les gens voient ça. Je n’ai jamais senti et ce n’est pas une des raisons pour lesquelles, on n’a pas gagné de CAN. Non, non. On parlait de Kolo, c’est un frère Kolo, qui marque le but refusé par l’arbitre. Chacun voulait gagner cette CAN.
Vous-même président, vous n’étiez pas neutre sous le régime Gbagbo, puisque vous étiez le directeur financier de la présidence de la République. Est-ce que, c’est pour cela que vous quittez la présidence de la FIF ?
Non pas du tout. Et quand vous dites que je ne suis pas neutre, je dis non. Depuis que j’ai pris cette équipe nationale, j’ai fait en sorte que toute la Côte d’Ivoire se retrouve. Et je pense que, c’est cette unité qui nous a fait passer pour la première fois à la coupe du monde. L’unité que nous avons créée autour de cette équipe, nous a conduit pour la première fois au mondial. J’étais neutre pour cette équipe nationale, mais sur le plan professionnel, évidement, je n’ai pas été neutre. J’étais directeur financier du Président Laurent Gbagbo, en ce qui concerne l’équipe nationale, je n’avais pas de préférence, je travaillais vraiment pour mon pays.
Quand vous étiez le financier du Président Gbagbo, vous avez été entendu dans le cadre de la filière Café-Cacao par un juge qui voulait savoir, si vous aviez touché de l’argent de la part de la filière. Est-ce que ce scandale financier ne vous a pas éclaboussé ?
Non, pas du tout. Ce scandale dont vous parlez suit son cours et je n’ai pas d’inquiétude à ce niveau. Je sais ce que, j’ai posé comme acte et je prends ça avec philosophie.
Avant d’annoncer votre départ de la Fédération, vous avez été reçu en audience par le Président Alassane Ouattara. Doit-on en conclure, qu’il vous a conseillé de prendre du champ ?
Non, non, pas du tout. C’est ça l’amalgame que les gens font. J’ai rencontré ces personnalités dans le cadre de mes fonctions que j’ai occupées pendant dix ans. Donc, on ne parle pas du football. Ceux qui me connaissent, savent que depuis deux ans, j’ai décidé de partir.
Et quand vous avez rencontré le Président, vous n’avez pas parlé football, de votre avenir à la tête de cette fédération ?
Non.
Vous avez parlé de quoi alors?
On a parlé de ce que je faisais, sur le plan professionnel. On ne me reçoit pas seulement parce que je suis le président de la Fédération ivoirienne de Football. J’ai occupé d’autres fonctions qui font que je suis reçu par les hautes autorités de ce pays.
Concernant ce que vous ferez après votre départ de la présidence de la République ?
Oui, pour savoir ce que je ferai. Sur le plan sportif, je suis encore présent. Sur le plan international, j’ai encore mon mandat qui court.
Justement, malgré votre départ de la tête de la fédération, vous restez au comité exécutif de la Caf, Confédération Africaine de Football. Vous serez candidat à la succession d’Issa Hayatou dans deux ans ?
(Il exclame). C’est dans huit mois. C’est encore tôt pour y penser. Et je ne pense pas que le président Issa Hayatou ait dit, qu’il n’était pas partant pour 2013.
Si, il a dit qu’il ne voulait pas être candidat…
Je n’ai pas entendu. Mais pour le moment, ce n’ai pas ma tasse de thé. Pour la CAF, je n’y pense pas actuellement.
Vous êtes aussi au comité exécutif de la FIFA et vous avez été accusé de corruption lors du vote en faveur du Qatar pour le mondial 2022, ensuite, vous avez été blanchi par votre accusatrice. Apparemment, vous n’avez pas que des amis à la FIFA ?
(Il rit). Ce n’est pas qu’à la FIFA, c’est partout. Je n’ai pas été surpris que notre accusatrice ait fait marche arrière. Chez nous, on dit qu’il y a un bon Dieu pour les justes, donc je ne sais pas d’où vient cette accusation, qui est l’initiateur. Mais, je ne cherche pas à le savoir. Mais, la seule chose que je sais, c’est que devant le peuple ivoirien, devant les sportifs, devant ma famille, je sors totalement blanchi. C’est ce qui m’importe aujourd’hui.
Propos recueillis par K.Ange