Entretien exclusif de François Hollande avec France 24 hier: "Il y aura la France et il y aura l’Afrique – plus besoin de mêler les deux mots"

Le 12 octobre 2012 par FRANCE 24 - Lors d’un entretien exclusif accordé ce jeudi à FRANCE 24, RFI et TV5 à la veille de sa tournée

Entretien exclusif de François Hollande avec France 24, le 11 octobre 2012. Photo Elysée.

Le 12 octobre 2012 par FRANCE 24 - Lors d’un entretien exclusif accordé ce jeudi à FRANCE 24, RFI et TV5 à la veille de sa tournée

africaine, Hollande a déclaré vouloir nouer des relations privilégiées avec ceux qui respectent le jeu démocratique et refermer l’ère de la Françafrique.
L'entretien de 30 minutes, enregistré jeudi à l'Elysée et mené par Roselyne Febvre (FRANCE 24), Jean Karim Fall (RFI) et David Delos (TV5Monde) revient sur les grands défis diplomatiques que doit relever la France. Le président livre pour la première fois sa vision des relations franco-africaines, approfondi le sujet sensible du Nord-Mali et du terrorisme, ainsi que les enjeux diplomatiques et économiques avec l'Afrique, ainsi que le dossier syrien.

Le nouveau départ des relations franco-africaines, que François Hollande appelle de ses vœux, connaîtra son baptême du feu avec la rencontre du chef de l’opposition congolaise, Étienne Tshisekedi, en marge du XIVe sommet de la francophonie les 13 et 14 octobre à Kinshasa, en République démocratique du Congo.
"La rencontre avec Étienne Tshisekedi est un message envoyé à tous les chefs d’État africains", a déclaré François Hollande lors d’un entretien exclusif accordé à FRANCE 24, RFI, et TV5.
"Je fais en sorte d'avoir de bonnes relations d’État à État, mais je reconnais aussi les opposants dès lors qu'ils s'inscrivent dans la démocratie, qu'ils veulent concourir sans violence à ce que ce soit les urnes qui décident en Afrique comme partout ailleurs."
François Hollande explique pourquoi il est impossible de négocier avec les islamistes du Nord-Mali

Interviewé depuis un salon de l’Élysée à la veille de sa tournée africaine, le président français a insisté sur sa volonté de lier des relations privilégiées avec les hommes politiques africains qui respectent les alternances démocratiques.
Une déclaration qui promet d’accentuer la pression sur son hôte à Kinshasa, le président Joseph Kabila, dont la réélection en décembre 2011 avait été entachée d’irrégularités.
L’Afrique en nouvel eldorado
Durant cet entretien d’une heure, le locataire de l’Élysée s’est toutefois refusé à endosser le rôle de donneur de leçon.
"Je ne suis pas là pour être l’arbitre, le juge (…) C’est une nouvelle politique qui est en train de se définir" a déclaré François Hollande, qui prône des relations transparentes pour refermer définitivement l’ère de la Françafrique.
"Il y aura la France et il y aura l’Afrique – on n’aura pas besoin de mêler les deux mots".
Cette "nouvelle politique" sera au cœur de son allocution, vendredi, devant l’Assemblée nationale du Sénégal, pays où une alternance démocratique a mis fin, en mars 2012, à des mois de tensions.
Tout en reconnaissant les "fautes" du passé, comme la colonisation ou la traite négrière, le président français souhaite surtout évoquer le continent africain comme une terre de croissance et d’opportunité économique.
"Je ne viens pas faire un discours pour en effacer un précédent (…) mais pour ouvrir une nouvelle page dans les relations franco-africaines", a affirmé François Hollande en évoquant le très polémique discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en 2007, durant lequel l’ancien président avait déclaré que l'"homme africain n’était pas vraiment entré dans l’Histoire".
En finir avec le Sahelistan
La crise malienne est pour François Hollande l’occasion de montrer la nouvelle manière dont Paris entend jouer son rôle dans les affaires africaines. Il n’est plus question pour la France de dire "aux Africains quoi faire" et d’envoyer des troupes, mais de soutenir logistiquement les initiatives africaines et de relayer leurs positions au Conseil de sécurité de l’ONU.
Évoquant la frilosité d’Alger à s’engager militairement contre les groupes islamistes implantés au Nord-Mali, François Hollande a ainsi estimé que l’Algérie avait payé "un tribut suffisamment lourd au terrorisme pour qu’on vienne lui donner la leçon."
"À moi de rassurer l'Algérie (…). Ce qui doit se faire, c’est lutter contre le terrorisme. Ce n’est pas de faire je ne sais quelle occupation d’un territoire", a déclaré le chef de l’État.
François Hollande a rappelé que les forces françaises se cantonneraient à des missions de formation et de soutien logistique aux unités africaines. Une assistance militaire justifiée également par le risque de voir des djihadistes français perpétrer des attentats dans l’Hexagone.
"C’est en laissant Aqmi, c’est-à-dire Al-Qaïda, prospérer dans le Sahel que je ferai courir un risque à mon pays (…) Nous avons même appris qu'il y avait eu des ressortissants français [parmi les militants] au Mali, comme il y en a en Somalie, comme nous pouvons en trouver en Syrie, et qui ensuite peuvent revenir dans leur pays avec des visées terroristes. Je ne peux pas l'accepter. Il faut donc couper la route des terroristes.

France 24, RFI et TV5 Monde