Entre embouteillages et couvre-feu, la vie reprend son cours à Abidjan
ABIDJAN (AFP) le 08.12.2010 - Malgré la grave crise politique en Côte d'Ivoire qui se retrouve avec deux présidents proclamés, la vie reprend son cours à Abidjan, de nouveau bouillonnante après des jours de léthargie et de peur.
ABIDJAN (AFP) le 08.12.2010 - Malgré la grave crise politique en Côte d'Ivoire qui se retrouve avec deux présidents proclamés, la vie reprend son cours à Abidjan, de nouveau bouillonnante après des jours de léthargie et de peur.
"Aujourd'hui les gens commencent à sortir, on va en profiter pour faire de bonnes recettes!", exultait mardi Siaka Traoré, chauffeur de taxi.
A cause des manifestations d'opposants dans la capitale économique, "ça faisait quatre jours que je ne pouvais pas rouler", dit-il en se faufilant entre des barricades laissées sur des voies du quartier populaire de Koumassi (sud).
Dans certaines rues, des pneus calcinés témoignent aussi de ces manifestations éclatées: des inconditionnels d'Alassane Ouattara, proclamé président comme son rival, le sortant Laurent Gbagbo, criaient leur rage de ne pas voir leur champion installé au palais présidentiel.
S'il n'a pas connu cette fièvre, le quartier du Plateau (centre), dédié à l'administration et aux affaires, avait eu pendant une semaine un aspect fantomatique. Mais il retrouve ses embouteillages et son animation habituels, du quartier des banques, avec ses cadres à la mise impeccable, jusqu'à la "Sorbonne", fief des pro-Gbagbo et haut lieu du commerce de disques piratés.
Les forces de l'ordre se montrent discrètes, hors les lieux stratégiques comme le siège de la télévision publique RTI, sous la garde des militaires.
Privés des chaînes d'informations étrangères depuis une semaine, des habitants de Treichville (sud), quartier historique et cosmopolite, ont réussi à pirater certaines d'entres elles, qu'ils regardent en famille dans leur modeste maison.
Une dame confie: "on veut autre chose que la RTI", qui, à longueur de journée, donne la parole aux représentants du camp Gbagbo.
Si les transporteurs respirent, rassurés par l'allègement du couvre-feu nocturne instauré depuis la veille de la présidentielle du 28 novembre - il est désormais en vigueur de 22H00 à 05H00 (locales et GMT) - nombre de petits commerçants attendent en vain leurs clients.
"Ca ne va pas. Toute la journée d'hier, je n'ai rien eu", se lamente Ousmane, vendeur d'objets d'art dans un centre commercial du quartier chic de Cocody. Assis devant son magasin, il a rouvert lundi, après avoir fermé ses portes pendant dix jours par crainte de troubles.
"Dix jours sans travailler, c'est comme si on nous avait tués!", lâche son voisin Waigalo Sambourou.
Mais Waigolo fait contre mauvaise fortune bon coeur: pour lui, pouvoir rouvrir son magasin de chemises et de robes "est déjà un bon signe".
Cependant, comme "tantie Régine", patronne d'un petit restaurant, beaucoup d'Abidjanais se plaignent de la hausse des prix des denrées alimentaires et du gaz butane, passant parfois du simple au triple.
A un client qui lui demande pourquoi ses plats de riz en sauce ont augmenté, passant de 500 à 750 FCFA (autour d'un euro), elle répond du tac au tac: "c'est à l'image du pays".
Il est vrai que la Côte d'Ivoire connaît elle-même une singulière inflation de présidents, de Premiers ministres et de gouvernements.