Enquête sur la crise post-électorale: Ouattara cherche à dédouaner son camp

Le 18 juin 2011 par Notre voie - Le porte parole du gouvernement d’Alassane Ouattara, M. Bruno Nabagné Koné a annoncé mercredi dans un communiqué, la mise en place d’une

Le gouvernement d'Alassane Ouattara au grand complet.

Le 18 juin 2011 par Notre voie - Le porte parole du gouvernement d’Alassane Ouattara, M. Bruno Nabagné Koné a annoncé mercredi dans un communiqué, la mise en place d’une

commission nationale d’enquête. Selon son communiqué, l’objectif est de « faire la lumière sur toutes les violations des droits de l’homme commises pendant la crise postélectorale », à savoir la période de crise qui a suivi le scrutin électoral du 28 novembre 2010. Tout porte à croire qu’Alassane Ouattara sous forte pression des ONG internationales a mis en place cette commission pour dédouaner son camp qui est accusé par ces ONG des pires formes d’exaction contre les population. Dans le communiqué sanctionnant le conseil des ministres du gouvernement Ouattara, le camp Gbagbo est fortement mis en cause. Ce camp est présenté comme le responsable de toutes les exactions, enlèvements, tueries et autres méfaits commis dans la période du 28 novembre 2010 au 11 avril 2011 et de celle du 11 avril au 15 mai 2011. Jugez-en !
« Rappel des faits
1/ Les disparitions forcées et exécutions sommaires
La période du 28 novembre 2010 au 11 avril 2011 a été émaillée de nombreux enlèvements et disparitions forcées, soldés pour l’essentiel par des exécutions sommaires, dans la plupart des cas, suite à des actes de torture. La plupart des victimes de ces exactions se comptent parmi les militants du RHDP ou de personnalités proches du Président de la République, M. Alassane Ouattara. 
On peut citer le cas de personnalités militaires disparues, des femmes d’Abobo victimes de tirs à l’arme lourde, des victimes des miliciens lors de leur fuite vers l’ouest du pays, victimes qui se comptent malheureusement par centaines. Des charniers ont été retrouvés et l’un d’eux, situé à Duékoué, regroupe jusqu’à 186 corps. 
2/ Les atteintes à l’intégrité physique
Celles-ci ont souvent été consécutives à des détentions et arrestations arbitraires et ont consisté en des tortures et autres traitements cruels, dégradants, voire inhumains. De nombreux témoignages, notamment d’images ou de films de personnes brulées vives ou présentant de graves séquelles physiques, attestent de la cruauté des actes perpétrés. 
3/ Les atteintes aux libertés
Les atteintes aux libertés ont été nombreuses dans la période du 28 novembre 2010 au 11 mai 2011. Il s’agit notamment de la liberté de circulation (multiplication des barrages, blocus de l’hôtel du Golf, couvre-feu intempestifs…), de la liberté de presse et la liberté d’expression (suspension des chaines de radio et de télévision, interdiction de parution ou de distribution de journaux proches du RHDP, instrumentalisation de la RTI, érigée en organe de propagande et d’incitation à la haine), de la liberté de réunion, de la liberté de culte, de la liberté d’information (suspension des SMS sur téléphones mobiles et d’internet), etc. 
Ces privations de liberté et la multiplication des exactions ont conduit à des déplacements massifs de populations, dont un grand nombre vit encore dans des conditions d’extrême précarité. Le nombre de ces déplacés, environ 1 million de personnes au début de la crise, est estimé à ce jour à 150.000 pour ce qui est des déplacés internes et à 350.000 réfugiés dans les pays voisins. 
4/ les atteintes aux droits économiques, sociaux et culturels
Les atteintes correspondantes concernent les ruptures prolongées de la fourniture d’eau et d’électricité dans les zones centre, nord et ouest du pays, ce qui a entrainé de nombreux morts (par exemple, 60 morts comptés le premier jour à Korhogo) et désorganisé fortement l’activité économique dans ces régions. 

5/ les atteintes aux personnes vulnérables
Il s’agit notamment de l’enrôlement d’enfants dans les milices, 
la transformation d’écoles en bases militaires, empêchant les enfants de jouir de leur droit fondamental à l’éducation.
Il s’agit également malheureusement de nombreux cas de viols de femmes. 
Au total, toutes ces violations ont fait plus de 2500 morts dans la période du 28 novembre 2010 au 11 avril 2011 et environ 500 tués dans la période du 11 avril au 15 mai », peut-on lire dans le communiqué du conseil des ministres du gouvernement Ouattara. Silence donc sur l’assassinat de Désiré Tagro, du colonel Ahouman Nathaël, d’IB et des nombreuses personnes qui ont été tuées et qui continuent d’être enlevées et tuées à Yopougon, à Soubré et bien d’autres villes de la Côte d’Ivoire par les soldats de Ouattara. Les massacres de l’ouest sont à peine évoqués et mentionnés globalement. « Les violations les plus massives ont été commises dans la région administrative du Moyen Cavally», est-il écrit de façon laconique dans le communiqué. Alors que les autres cas qu’on veut faire porter au camp Gbagbo, le sont dans les moindres détails. Pire, le communiqué met en doute et qualifie de « superficielles » les enquêtes menées par les ONG internationales et qui mettent en cause les soldats de Ouattara. « Le Gouvernement souhaite attirer l’attention de certaines organisations de défense des droits de l’homme qui, par leur silence sur la gravité des faits révélés depuis novembre 2010, par la partialité de leur jugement dans le traitement de cas récents, ou même la publication de rapports sur la base d’enquêtes relativement superficielles, font courir à toutes ces organisations le risque de décrédibiliser la noble mission qui leur est dévolue. » Parce que ces ONG internationale de défense des droits de l’homme (Human Rights Watch et Amnesty International) et le dernier rapport de la commission d’enquête internationale de l’ONU présenté le mercredi 15 juin dernier au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, accusent les deux camps (les pro-Gbagbo et pro-Ouattara) d’avoir commis des actes qui pourraient être considérés comme des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, et demande que les auteurs soient traduits en justice, Ouattara se précipite pour mettre en place une commission nationale d’enquête pour dédouaner son armée rebaptisée Forces républicaine de Côte d’Ivoire (FRCI). Human Rights Watch (HRW) s’est même inquiété en mettant en doute l’impartialité de la justice ivoirienne. HRW souligne qu’aucun élément des forces du président Alassane Ouattara impliqué dans des « crimes graves » n’a encore été arrêté, alors que des dizaines de présumés auteurs ou responsables d’exactions au sein du camp Gbagbo « sont en garde à vue depuis plus de deux mois bien que les procureurs n’aient toujours pas porté d’accusations formelles contre eux. ». L’organisation demande d’en finir avec cette « incertitude juridique ».
Coulibaly Zié Oumar