En direct de la CPI hier: Fort afflux des Ivoiriens d’Europe à La Haye pour la première audience de Gbagbo
Le 06 décembre 2011 par Le Nouveau courrier - Alors que la première audience dans le cadre de l'affaire "Le Procureur contre Laurent Koudou (sic !) Gbagbo"
Le 06 décembre 2011 par Le Nouveau courrier - Alors que la première audience dans le cadre de l'affaire "Le Procureur contre Laurent Koudou (sic !) Gbagbo"
devrait commencer dans quelques minutes à la Cour pénale internationale de La Haye, les couloirs de l'institution sont pris d'assaut par une centaine d'Ivoiriens vivant en Europe, qui ont fait pour la plupart de longues heures de route pour "soutenir" le président renversé. Parmi eux, l'on reconnaît des figures comme Toussaint Alain, qui a fait dans la matinée une conférence de presse avec l'avocate Habiba Touré, mais également Abel Naki, et d'autres responsables des organisations patriotiques de France et d'Europe.
La chambre préliminaire III, devant laquelle le procès aura lieu, est composée de trois juges : Silvia Fernandez de Gurmendi, Elizabeth Odio Benito et Adrian Fulford. Le bureau du procureur est représenté par Louis-Moreno Ocampo et Fatou Bensouda, son adjointe, qui prendra sa suite en juin prochain. Pour l'instant, un seul des avocats du Collectif des défenseurs du président Laurent Gbagbo représente ses intérêts à la Cour pénale internationale : Emmanuel Altit
Un Gbagbo amaigri, diminué mais offensif contre la France et Ouattara
La première audience du président ivoirien renversé Laurent Gbagbo s'est achevée vers 14 heures 30 locales (13 heures 30 GMT) devant la troisième Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale de La Haye. Vêtu d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate bleu nuit, rasé de près, Laurent Gbagbo est apparu publiquement, pour la première fois depuis le 11 avril 2011, amaigri, visiblement fatigué, diminué au point de vue de sa santé comme il a eu à le dire lui-même, mais pugnace et offensif. En dépit du fait que l'audience ne consistait qu'en une présentation des charges et en une vérification de son identité.
Interrogé par la juge Silvia Fernandez de Gurmendi sur ses conditions de transfert et de détention, il a rappelé les conditions de son arrestation le 11 avril 2011, insistant sur le fait que "ce sont les Français qui ont fait le travail", le remettant aux forces d'Alassane Ouattara, "qui n'étaient pas encore des forces régulières". Laurent Gbagbo a rappelé l'assassinat de Désiré Tagro, les tortures auxquelles ont été soumises son fils Michel et son médecin particulier Christophe Blé "qui se trouve toujours à Korhogo".
Le président Gbagbo a aussi révélé aux juges les conditions de sa détention à Korhogo. "Je ne voyais pas le soleil. Je ne savais ce qui se passait dans le ciel que quand il pleuvait sur le toit. (…) L'enfermement sans pouvoir marcher, sans pouvoir voir le ciel, sans pouvoir sortir… ont fait que j'ai des nouvelles pathologies en plus de celles que j'avais déjà", a-t-il dit. Il a également expliqué qu'il a été transféré à La Haye suite à une audience "volée" avec le juge ivoirien d'application des peines, camouflée sous d'autres motifs, sans que ses avocats ni lui n'aient été préparés à la remise d'un mandat d'arrêt.
Le président Gbagbo s'est dit à "aller jusqu'au bout" de son procès, et attendre les "preuves" de ceux qui l'accusent, qu'il confrontera avec sa vérité à lui. La prochaine étape de ce procès, l'audience de confirmation des charges, aura lieu le 18 juin 2012, donc après le départ du procureur Louis Moreno-Ocampo. "Il s'agit d'une audience publique au cours de laquelle la Chambre préliminaire de la CPI décide de confirmer ou non, partiellement ou dans leur totalité, les charges retenues contre le Procureur à l'encontre du suspect et de renvoyer l'affaire, le cas échéant, en jugement devant la Chambre de première instance."
L’Abidjanaise retentit dans la salle, Gbagbo lève la tête…
Venus pour encourager Laurent Gbagbo à l'occasion de la première audience dans le cadre de son procès à La Haye, des Ivoiriens d'Europe, soutenus par d'autres Africains – Sénégalais, Togolais… – n'ont pas pu communiquer leur chaleur au président renversé. En effet, la vitre séparant les acteurs du procès du public est une vitre sans tain. Gbagbo n'a donc vu ni les journalistes ivoiriens présents dans un compartiment spécial, en dépit du fait que certains se sont approchés de la glace pour lui faire un signe. Il n'a pas vu non plus ses supporters se trouvant dans l'espace réservé au public, bondé au point que son fidèle ami Guy Labertit n'a pas pu, malgré une invitation en bonne et due forme, y entrer.
A la fin de l'audience, les Ivoiriens d'Europe ont chanté en choeur l'Abidjanaise, suscitant la curiosité des journalistes occidentaux qui voulaient savoir de quel chant il s'agissait. A ce moment-là, le président Gbagbo a levé la tête… à leur grande satisfaction. Selon son avocat Emmanuel Altit, il a entendu le chant de ses partisans et en a été ému. Les Ivoiriens qui ont fait le voyage de La Haye ont exprimé leur joie de voir un Gbagbo qui n'a rien perdu de sa pugnacité. Ils ont fait une haie d'honneur à la voiture qui le transportait au quartier pénitentiaire de la CPI, mais ne sont pas persuadés qu'il ait pu les voir, se trouvant dans un véhicule aux vitres fumées roulant à toute vitesse
Le Nouveau courrier