Editorial : Affaire ADO « JE SUIS INDEBOULONNABLE ». Le tigre crie-t-il sa tigritude ?

Le 15 octobre 2012 par IVOIREBUSINESS – Le 14e sommet de la Francophonie à Kinshasa au Congo, a été à la surprise générale, la tribune idéale pour Alassane Dramane Ouattara, chef de l’Etat ivoirien, pour régler ses

comptes avec son opposition armée, le Commando invisible, et s’autoproclamer indéboulonnable.
Il s’est voulu martial face à ces combattants de l’ombre, dès son arrivée dans la capitale congolaise.
Devant des ivoiriens éberlués vendredi soir au fleuve Congo hôtel, il a assené ses vérités. . «La Côte d’Ivoire est en paix et nous devons tous œuvrer, y compris ceux qui ont une tentative malheureuse de déstabilisation (le 06-07 août dernier à Yopougon et au Camp militaire d’Akouedo), à ce que le pays continue dans la paix. La paix, ce n’est pas pour une catégorie d’Ivoiriens, mais pour tous les Ivoiriens. Les personnes, qui ont eu ces tentatives malheureuses ont des parents en Côte d’Ivoire. Je voudrais leur dire qu’il n’est pas possible de déboulonner Ado».
Alassane Dramane Ouattara, de son propre aveu, serait devenu indéboulonnable. Le tigre vient de crier sa trigritude. Ce qui est fort inhabituel, car tout le monde sait que dans la forêt, le tigre ne crie jamais sa tigritude. On constate tout simplement sa puissance.

Si le tigre ADO, nouvelle espèce des villes, a cru bon de crier ainsi qu’il est indéboulonnable, n’y a-t-il pas anguille sous roche ? Ce n’est donc pas un vrai tigre. C’est à l'évidence un tigre en carton.

Un tigre dont les positions ont justement été attaquées en plein coeur les 06 et 07 août à Yopougon et au camp militaire d’Akouedo, le plus grand camp militaire de Côte d’Ivoire, et dont toutes les armes et minutions ont été emportées, par un mystérieux commando invisible.
A vrai dire, le tigre ADO a été gravement atteint par les différentes attaques dont son régime est l’objet par ces combattants armés non identifiés, ce qui l’oblige aujourd’hui à crier haut et fort sa tigritude.
Au lieu de la crier ainsi, la solution n’est-elle pas que le tigre ADO change de tactique quand celle menée actuellement n’est plus adaptée ?
Malheureusement, le tigre ADO préfère continuer à crier sa tigritude en plein sommet de la francophonie : «Le désordre ne passera pas avec Ado. Je veux vous assurer que la crise est finie. Je suis prêt à aller loin, à pardonner s’il le faut. Mais, comment voulez-vous qu’on ne tienne pas compte des victimes ? Je veux vous assurer que les victimes auront des compensations dans les mois prochains. Je suis totalement pour la justice. Je suis également pour le pardon, mais je veux m’occuper d’abord des victimes».

Autrement dit, « je vais continuer à décapiter mon opposition, emprisonner mes opposants, geler leurs comptes, les empêcher d’exister, les réduire à néant, museler la presse, faire la promotion des nordistes au sein du djoulabougou, accorder l’impunité totale aux FRCI, et diviser les ivoiriens en groupes et sous-groupes hostiles, afin de mieux continuer à régner".
Monsieur le chef de l’Etat, cette politique-là, je crois, n’est pas la bonne. A cause d’elle, la Côte d ‘Ivoire est bloquée et va tout droit dans le mur, la réconciliation nationale est au point mort, l’économie du pays est au ralenti, l’école ivoirienne est sinistrée avec une université toujours fermée, malgré la cérémonie officielle de réouverture du mois de septembre dernier.
Le 14e sommet de la Francophonie est-il le lieu indiqué pour pareilles diatribes et mises en garde? Nous pensons que non.

Là où le thème central était ‘’ Francophonie, Enjeux environnementaux et économiques, face à la gouvernance mondiale’’, et qui a enregistré la présence effective d’une quinzaine de Chefs d’Etat, dont le Président du pays hôte, SEM Joseph KABILA et celui de la France, François HOLLANDE.
Et où le Président Français, François HOLLANDE, a souligné avoir personnellement effectué le déplacement de Kinshasa pour témoigner son soutien et celui de la France au peuple congolais qui aspire à la paix, à la sécurité et à la démocratie, d’une part, mais aussi, sa confiance en l’Afrique et en la Francophonie, d’autre part.

C'est ce lieu choisi par le chef de l'Etat ivoirien pour régler ses comptes.

Devant des sujets d’une telle gravité abordés durant le sommet, ADO a préféré faire une sortie de route et continuer dans l’autosatisfaction face aux attaques armées contre son régime: «Bien entendu, il fallait réagir. Et nous avons réagi. La situation est maîtrisée».

Selon plusieurs analystes, cette mise en garde du chef d’Etat depuis Kinshasa est une regrettable sortie de route, en plein Congo.
Vivement que le tigre ADO revienne sur la route, sinon le ravin n’est peut-être pas loin.

Christian Vabé