ECONOMIE: LE FMI SE DÉVOILE EN CÔTE D'IVOIRE

Le 14 janvier 2013 par Correspondance particulière - LE FMI SE DÉVOILE EN CÔTE D'IVOIRE.

Les Ivoiriens se doivent d'appréhender les grands enjeux politiques
internationaux et de la métropole pour organiser avec beaucoup de lucidité, leurs
stratégies politiques en vue de leur unité, de la réconciliation nationale que ne désire
pas, en réalité, le monde de la Finance. Le principal objectif du Nouvel Ordre
mondial de Sarkosy est de remettre les destinées de toutes les nations au monde de la
Finance, et non au pouvoir politique. Il suffit d'observer en France l'exil des riches
(amis de Sarkosy), à cause du taux d'imposition pour les revenus au-dessus d'un
million d'euros décidé par le gouvernement de Hollande. En Côte d'Ivoire, le
gouvernement d'Alassane élève plutôt les impôts des pauvres, en augmentant le prix
du gaz, du carburant. Si en France le monde de la Finance s'emploie à susciter des
troubles sociaux, à travers les licenciements pour empêcher Hollande, le pouvoir
politique d'avoir en main les destinées de leur pays, en Côte d'Ivoire (en Afrique) les
hommes politiques, comme Gbagbo sont soit mis en prison, soit éliminés
physiquement. Tout au long de son discours au Parlement ivoirien, Christine Lagarde
ne se contente pas de nous donner des conseils sur le plan économique, elle s'attelle
aussi à dévoiler la politique, le choix du candidat du FMI aux présidentielles, quand
elle tient ces propos : «L'heure d'un deuxième miracle est venue. Vous avez subi les
affres de la guerres civile et surmonté le conflit et la division pour avancer vers l'unité
et la réconciliation. Aujourd'hui, sous la houlette du Président Ouattara, vous vous
mobilisez pour devenir un pays émergent d'ici 2020 ». Elle nous invite ainsi à
comprendre que la guerre livrée au président Laurent Gbagbo par Alassane Ouattara
pour résoudre un contentieux électoral fut un moindre mal, parce qu'elle lui a permis
de réconcilier les Ivoiriens, de surmonter la division. Nous sommes interloqués face à
de telles affirmations puisque les conditions d'une véritable réconciliation ne sont pas
encore réunies en Côte d'Ivoire, et l'effort fourni, par exemple, pour favoriser le
retour des journalistes exilés est un fait politique qui le démontre. Le discours de
Lagarde, a, en réalité trait à la pacification, à la répression de notre pays. Ayant
constaté que la Côte d'Ivoire est désormais pacifiée, l'opposition étouffée, elle peut se
permettre d'imposer Ouattara à tous les Ivoiriens jusqu'en 2020. Ses paroles sont
assez explicites: «Aujourd'hui » précise-t-elle, «sous la direction du Président
Ouattara, le peuple ivoirien entreprend le chemin vers une prospérité retrouvée et un
optimisme renouvelé, le chemin d'un dynamisme renaissant. Les faits sont là : après
avoir souffert une contraction de près de 5% en 2011, l'économie a plus que rattrapé
le terrain perdu en 2012, affichant un taux de croissance de plus de 8,5%. Cela n'est
pas le fruit du hasard. Ce n'est pas un coup de chance. C'est le résultat de bonnes
politiques mises en oeuvre pendant près d'un an et demi. Durant cette période, le FMI
a été heureux de pouvoir aider la Côte d'Ivoire y compris par un prêt à taux zéro de
100 milliards de francs CFA par an pour soutenir le programme de réformes du
gouvernement ». Lagarde nous dit sans ambages que si nous voulons bénéficier de
l'aide du FMI, il nous faut soutenir Alassane Ouattara puisqu'il est leur candidat. Ce
sont des phrases propres au marketing politique développé déjà par Sarkosy pour
rendre crédible Ouattara. Christine Lagarde tient à ignorer volontairement le
président Laurent Gbagbo, en limitant les "bons résultats" obtenus par notre pays à
des efforts fournis sur une période d'un an et demi qui correspond pratiquement aux
décisions politiques prises par Ouattara, installé de force à la tête de notre pays. Elle
s'est évertuée tout au long de son discours à nous inculquer son nom Ouattara en le
prononçant pratiquement dix fois (elle prononce 4 fois le nom Ouattara et 6 fois sous
le pronom personnel il). Au nom Ouattara, elle ajoute à chaque fois la notion
d'espérance et de bonne gouvernance. Elle évite de nommer le président Laurent
Gbagbo mais associe sa personne à une mauvaise gouvernance. Lagarde se contredit
pourtant quand elle tient ces propos: « Depuis 2000, les niveaux d'endettement de la
région ont chuté de plus de 100% du PIB à moins de 40% du PIB, les réserves de
change ont plus que doublé et l'inflation a été réduite de moitié. Le vaste allègement
de la dette, y compris celle due au FMI, a joué un rôle important dans ces évolutions.
Le maintien de la croissance dans les pays émergents y a également contribué,
d'autant plus que les partenaires non traditionnels sont désormais les destinataires de
la moitié des exportations d'Afrique subsaharienne et lui fournissent 60% de ses
importations. La Chine est aujourd'hui le plus gros partenaire commercial de la
région. Grâce à ses développements, la tempête n'a pas été aussi destructrice qu'elle
aurait pu l'être. Deux tiers des pays africains ont pu protéger leur économie en
tolérant un creusement des déficits budgétaires au lieu d'avoir à donner un coup de
frein en basse conjoncture. Deux tiers des pays ont ainsi été en mesure d'accroître les
dépenses réelles de santé et d'éducation, et de protéger les couches de populations
vulnérables ». Ce qui signifie en fait qu' avant Ouattara, des leaders politiques dont le
président Laurent Gbagbo ont oeuvré à la chute de l'endettement, à l'obtention du
PPTE. De 2000 à 2010 des pays africains dont la Côte d'Ivoire ont pu protéger leur
économie en évitant de donner un coup de frein en basse conjoncture. Alassane dont
elle chante les louanges donne malheureusement ce coup de frein en augmentant le
prix de l'énergie en basse conjoncture. Mais à cause de l'idéologie politique du
président Laurent Gbagbo, de son budget sécurisé qui lui a permis, avec la moitié de
nos ressources, de subvenir au besoin de la Côte d'Ivoire entière, il est pour Christine
Lagarde un mauvais allié, donc un mauvais gouvernant. Ces critiques à l'endroit du
président Laurent Gbagbo quand elle parle de la mauvaise gouvernance qui a précédé
le gouvernement de Ouattara sont en fait sans fondement. Elle se contente de dire en
effet à son sujet: « La Côte d'Ivoire a déjà payé le prix de la mauvaise gouvernance.
Celle-ci a contribué dans une large mesure à la chute du niveau de vie. Elle a entraîné
son cortège de mécontentement, de souffrance et de marginalisation (malgré la
politique du rattrapage ethnique d'Alassane, il est, selon Lagarde plus nationaliste que
le président Gbagbo). La gouvernance s'est davantage affaiblie durant les troubles de
la dernière décennie (grâce à la bénédiction de Sarkosy dont elle fut ministre de
l'économie, et de la droite française ). Nombreux sont les Ivoiriens qui ont sombré
encore plus dans la misère (avec Alassane les Ivoiriens vivent mieux, selon Lagarde,
malgré l'augmentation du prix du gaz et du carburant) perdant toute confiance dans
les institutions publiques (détruites par Sarkosy) et n'ayant guère d'espoir dans
l'avenir de leurs enfants». Le Directeur Génréral du FMI croit réellement s'adresser à
des Ivoiriens (à des Africains) niais ; le bien-être matériel sous le président Laurent
Gbagbo ou sous Alassane Ouattara ne peut être apprécié que par les Ivoiriens euxmêmes
ou par des sondages objectifs d'opinion, car les Ivoiriens sincères, dans leur
majorité, avouent : « Gbagbo "Kafissa" (Gbagbo était mieux) », malgré le refus de
certaines institutions internationales et de la droite française de l'aider à réunifier
notre nation divisée parce qu'il a toujours désiré discuter d'égal à égal avec
l'Occident. Face à tous ces aveux, les Ivoiriens se doivent de négocier avec beaucoup
de prudence la réconciliation. Alassane a voulu sa guerre au Mali, il l'a obtenue.
N'oublions pas qu'un rapports d'experts de l'ONU a volontairement établi un lien
entre ANSAR DINE et les partisans du président Laurent Gbagbo afin que face à une
métastase du conflit malien, un éventuel génocide d'exilés, ou d'opposants gênants
ivoiriens puisse être justifié. La crise ivoirienne est au centre d'une guerre souterraine
entre le monde de la Finance et le monde politique, Laurent Gbagbo est simplement
le berger africain qu'on veut éliminer pour disperser le troupeau.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET
(Écrivain)