Dissensions / Congrès des Africains-Français aujourd’hui à Paris : Des pro-Gbagbo boycottent Calixthe Beyala

Publié le samedi 14 avril 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Depuis quelques semaines, le désamour entre la romancière française d’origine camerounaise Calixthe Béyala et des leaders et militants des organisations pro-Gbagbo en France semble s’être durablement cristallisé.

Celle qui avait défendu Laurent Gbagbo urbi et orbi durant la période postélectorale (et même encore aujourd’hui), est désormais accusée de lâchage. Pour sa part, Calixthe Beyala ne tarit pas de noms d’oiseaux à l’endroit de ses amis d’hier. «Certains sont des ingrats, ils ont oublié ce que j’ai fait pour eux» aurait-elle avancé parlant des pro-Gbagbo lors d’une réunion de préparation du congrès du Mouvement des Africains Français (M.A.F.) qu’elle dirige. Aujourd’hui samedi 14 avril 2012, doit se tenir au palais des congrès de Paris-porte Maillot, le congrès exceptionnel du M.A.F., où seraient attendus des candidats ou représentants de candidats aux présidentielles françaises prochaines. Pour la romancière française et les militants de son organisation, c’est l’occasion de faire la démonstration que les minorités visibles de France peuvent peser dans le choix du futur président français. Histoire pour le M.A.F. et Calixthe Béyala de dire aux candidats qu’il faudra compter avec eux. L’évènement sera retransmis exclusivement en direct sur la chaîne Africa 24. Calixthe Beyala, l’un des auteurs préférés de Laurent Gbagbo, a besoin du maximum de soutien dans la communauté africaine de France. C’est là que les choses se gâtent avec des partisans de l’ancien chef d’Etat ivoirien. Un bon nombre de Gbagboïstes trouvent que Calixthe Beyala veut se servir d’eux comme marchepied afin d’obtenir un maroquin ministériel dans le gouvernement du prochain patron de l’exécutif français. « Depuis que le président Laurent Gbagbo est tombé, depuis qu’il a été transféré à La Haye, qu’a fait Calixthe Beyala ? Elle prétend avoir des amis influents dans l’establishment politique français dont Jean-François Coppé (patron du parti de Nicolas Sarkozy : NDLR), mais qu’a-telle fait pour aider nos leaders ici ? Rien ! Bien au contraire, elle a passé son temps à les calomnier et les discréditer dans certains milieux. Elle a même dit qu’elle ne souhaitait pas s’acoquiner avec des batteurs de pavé qui scandent tout le temps ‘’Sarkozy assassin !’’ Pourquoi veut-elle donc que nous participions au congrès de son organisation ? Nous n’irons pas gonfler les rangs de ses faire-valoir» a confié, très remonté un activiste anti-Ouattara de France. Un autre avoue: « Calixthe Beyala et nous, ne poursuivons pas le même combat. Elle dit lutter pour que les minorités visibles en France soient plus présentes dans les instances de décisions et qu’elles soient traitées d’égale dignité avec les Français de souche. Quant à nous, nous poursuivons la libération de notre pays du joug colonial français et de la conquête de notre souveraineté. Nous ne voyons pas pourquoi nous sommes accusés d’ingratitude quand nous décidons de commémorer la date du kidnapping de notre président le 14 avril ? En ma qualité de membre du CPAD (Comité de pilotage des actions de la diaspora) qui organise cette marche de ce samedi 14 avril 2012 pour nous souvenir du 11 avril 2011, il reste inconcevable que j’appelle des Ivoiriens ou Africains à aller soutenir Calixthe Beyala. Si continuer de lutter pour mon pays, c’est marquer de l’ingratitude, alors je suis un ingrat. Convenez avec moi de ne pas citer mon nom pour des raisons de bonnes intelligence avec les autres organisations de résistance». Par contre, le 11 avril dernier, sur la place de la Nation à Paris, Willy Bla, un autre leader patriotique a invité les partisans de Laurent Gbagbo à aller au congrès du M.A.F. ce samedi 14 avril. Et Kirmann Gnaoré, en France, de renchérir : «Seule Calixthe Beyala peut parler aujourd’hui pour nous.» Selon lui, c’est la non existence de réseaux d’amis à l’extérieur qui a facilité l’action des réseaux d’amis de Ouattara qui a renversé Laurent Gbagbo.

Jean-Paul Oro à Paris.