Des pro-Gbagbo empêchent l`annonce de résultats du 2e tour

Le 01 décembre 2010 par AFP - La tension est montée mardi en Côte d`Ivoire,où des représentants du chef de l`Etat Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale ont empêché physiquement l`annonce de résultats partiels du second tour

de la présidentielle de dimanche qui l`opposait à Alassane Ouattara.

Damana Pickas, feuille en main, commissaire de la CEI pour le camp présidentiel.

Le 01 décembre 2010 par AFP - La tension est montée mardi en Côte d`Ivoire,où des représentants du chef de l`Etat Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale ont empêché physiquement l`annonce de résultats partiels du second tour

de la présidentielle de dimanche qui l`opposait à Alassane Ouattara.

Alors que le porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI)
Bamba Yacouba s`apprêtait à communiquer des premiers résultats partiels pour
les régions du pays, l`un des deux représentants du président-candidat au sein
de la commission, Damana Adia Pickass, lui a arraché les feuilles de résultats
des mains avant de les déchirer.

"Ces résultats sont faux, ils n`ont pas été consolidés!", ont affirmé à
plusieurs reprises les deux hommes, dénonçant un "hold-up électoral" devant de
très nombreux journalistes.

Après cet incident, le porte-parole a assuré à la presse que ces résultats
étaient "bel et bien consolidés", avant de s`éclipser entouré de gendarmes.
Promise pour plus tard dans la soirée, l`annonce de ces résultats a finalement été remise pour mercredi à 11H00 (locales et GMT) par un
responsable de la CEI.

Alors que la publication de ces données avait au départ été promise pour
mardi matin, la Côte d`Ivoire a vécu sous tension toute la journée, au milieu
des plus folles rumeurs.

Six fois repoussée depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, l`élection
est censée clore une décennie de crises politico-militaires et la partition du
pays depuis 2002 entre un sud loyaliste et un nord tenu par l`ex-rébellion des
Forces nouvelles (FN).
Le camp de l`ex-Premier ministre Ouattara avait plus tôt mardi accusé le
président de chercher à "empêcher" la CEI d`annoncer les résultats. "Il est
donc dans une logique de confiscation du pouvoir", a déclaré son porte-parole
Albert Mabri Toikeusse."La victoire ne nous échappera pas", a-t-il martelé avant de demander à la CEI "d`assumer son indépendance". Elle a officiellement jusqu`à mercredi soir pour proclamer les résultats provisoires.

Mardi matin, à la surprise générale, les techniciens de la télévision
publique RTI avaient démonté le studio installé à la CEI à Abidjan, d`où les
résultats devaient être annoncés.
Les journalistes ont été invités sans explication à quitter le bâtiment,
devant lequel s`étaient déployées des forces de l`ordre.
Le représentant de l`ONU, Youn-jin Choi, s`est rendu brièvement dans la
matinée sur les lieux où il a rencontré le président de la CEI, Youssouf
Bakayoko, pour "encourager" la commission dans son travail, a dit le
porte-parole onusien Hamadoun Touré.
Dans ce climat très tendu, la communauté internationale a donné de la voix.
La secrétaire d`Etat américaine Hillary Clinton a appelé à laisser publier
les résultats et à agir "pacifiquement". La Communauté économique des Etats
d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) a exhorté "à maintenir la paix dans cette
période très critique".
Le Parti socialiste français, membre de l`Internationale socialiste comme le parti de M. Gbagbo, a appelé chacun "à la responsabilité et au calme".

Toute la journée, Abidjan a brui des rumeurs les plus folles et des
quartiers avaient été quasi-désertés. Les forces de l`ordre s`étaient
déployées à certains points stratégiques de la ville.
Le camp Gbagbo ne cesse depuis dimanche de contester les résultats au nord
FN, où M. Ouattara a régné en maître au premier tour le 31 octobre. Il veut y
faire invalider les résultats dans au moins trois régions.

L`ONU comme plusieurs missions d`observation internationales ont pourtant
jugé que le scrutin s`était globalement bien déroulé.
Signe de cette tension: chaque ex-belligérant était en train de rapatrier vers sa zone les éléments armés qui avaient été envoyés dans l`autre partie du pays pour sécuriser l`élection. Ainsi 1.500 soldats loyalistes redescendaient vers le sud, tandis que les 1.500 hommes des FN étaient en train de remonter
vers le nord.