Démission de Koulibaly du Front populaire ivoirien : Révélations sur les dernières tractations
Publié le mardi 19 juillet 2011 | Soir Info - Le 3e vice-président démissionnaire serait encore aujourd'hui au Front populaire ivoirien si des négociations secrètes qui ont eu lieu
ne s'étaient pas soldées par un échec. Plongée au cœur des dernières tractations avant un retentissant divorce.
Publié le mardi 19 juillet 2011 | Soir Info - Le 3e vice-président démissionnaire serait encore aujourd'hui au Front populaire ivoirien si des négociations secrètes qui ont eu lieu
ne s'étaient pas soldées par un échec. Plongée au cœur des dernières tractations avant un retentissant divorce.
Ce samedi 9 juillet 2011, Koulibaly Mamadou était attendu au siège du Congrès national de la résistance pour la démocratie-Cnrd. C'est dans les locaux du Cnrd à Cocody, derrière le siège de la télévision nationale, que se tiennent depuis les terribles évènements d'avril les réunions du Front populaire ivoirien. Une réunion des jeunes était prévue et Koulibaly était annoncé. En qualité de président intérimaire du Fpi, la jeunesse du parti souhaitait échanger avec lui sur des questions brûlantes d'actualité. Le professeur d'économie a fait faux bond. Renseignement pris, il avait décidé de ne plus participer aux réunions du parti. Une telle posture intriguait au plus haut point : comment un président intérimaire pouvait en arriver à boycotter son propre parti ? L'un de ses proches croyait avoir la réponse : « Il ressort de ces réunions avec un niveau de crédibilité toujours plus entamée. C'est probablement l'œuvre des apparatchiks qui refusent de voir évoluer les choses ». Et de renchérir : « Tout paraît mis en œuvre pour le mettre en difficulté. La preuve, on lit dans les écrits : Koulibaly mis en garde, interpellé…Il n'éprouve pas le besoin d'aller à ces réunions à l'issue desquelles il sera présenté comme un type désavoué ou malmené. Il a boycotté la réunion. C'est un choix ».
Preuve qu'il avait délibérément choisi de ne pas se rendre à la réunion avec les jeunes socialistes, Koulibaly se trouvait dans les locaux du Cnrd le même jour, dans l'après-midi pour une réunion du Congrès. Il a présidé cette réunion puis est retourné chez lui. Tout est allé vite. Koulibaly Mamadou avait reçu un refus poli de la part de ses camarades face à son souhait de tenir un congrès-bilan et remettre le parti à flot. Il voulait d'un changement profond et trouvait que le congrès serait le lieu « d'autopsier » une formation politique suffisamment décapitée. Le désir de partir devenait de plus en plus fort.
Rien n'y fit
Le dimanche 10 juillet, dans les locaux du Cnrd, Koulibaly a eu une réunion à caractère privé avec certains amis et camarades. Quelques noms connus parmi les participants : le député et président de Conseil général Célestin Noutoua Youdé, les députés Guipié Charles, Brissi Claude Takaléa… Gnapo Charles, Séry Dehoua. La réunion a duré de 15 heures à 18 heures. Entre partisans d'une « rupture » et défenseurs d'une attitude faite de réserve prudente, une ligne constante n'a pu se dégager. Il était acquis que les réflexions se poursuivraient. Le mercredi 13 juillet, les mêmes acteurs devaient se retrouver pour tenter de déterminer une posture définitive. C'était sans compter avec un Koulibaly Mamadou extrêmement imprévisible. Dimanche 10 juillet, autour de 23 heures, alors qu'il se trouvait à sa résidence, Koulibaly appelle son homme à tout faire. Il lui demande de caler une conférence de presse pour le lendemain. Il explique qu'il compte faire une déclaration importante. Dans la nuit, il a le temps de travailler sur son discours de « rupture ». La déclaration était prévue pour 14 heures. C'était un choix de la part de celui qui continuait d'être 3e vice-président du Fpi que de ne pas avertir ses camarades d'une telle déclaration. « On ne demande pas la permission de démissionner d'une formation politique », commente-t-on dans son entourage.
Avant 14 heures, ce lundi 11 juillet, Koulibaly était à l'Assemblée nationale enfermé dans son bureau. Tout en gérant le stress, il attendait ce moment fatidique. Etait-il encore possible à l'homme de tout laisser tomber : sa déclaration, son départ, la création de sa formation politique ? Brissi Takaléa Claude, l'ami de Koulibaly savait bien qu'il était impossible de faire changer d'avis à un dirigeant qui paraissait avoir bien mûri son idée. Augustin Guéhoun, secrétaire national à la Communication et au marketing politique qui- au hasard d'une discussion avec un de ses anciens étudiants- a appris ce qui était en préparation, s'est déporté à l'Assemblée nationale. Il espérait à la dernière minute obtenir de son camarade qu'il renonce à son terrible projet de quitter leur « maison commune ». Il n'y parviendra jamais. A 14 heures, Koulibaly est sorti de son bureau. Journalistes et photographes étaient mobilisés, attendant de voir le contenu d'une déclaration tenue longtemps secrète. « Mon engagement au sein du front populaire ivoirien étant allé jusqu'à l'épuisement de toutes les possibilités compatibles avec mes convictions, j'ai décidé d'y mettre un terme », a lu Koulibaly Mamadou dans un sentiment apparent de mélancolie et face à un Augustin Guéhoun profondément affligé.
L'envie de partir du 3e vice-président aura eu raison de multiples tractations qui ont rythmé ce mois singulier de juillet 2011.
Kisselminan COULIBALY
Ce que prépare le fondateur de Lider
Publié le mardi 19 juillet 2011 | Soir Info
Il se sera montré bien discret. Depuis ce lundi 11 juillet où il a lancé son parti politique : Liberté et Démocratie pour la République (Lider), Koulibaly Mamadou a soigneusement évité les grands médias. Avec son équipe, il était en pleine préparation des textes de son parti. Il devrait lui donner une existence légale ce début de semaine. Depuis ce 11 juillet, il a multiplié les audiences aussi bien au siège du Parlement qu'à son domicile. Des amis et connaissances en Côte d'Ivoire et à l'étranger n'ont de cesse de se mobiliser pour lui affirmer leur soutien. Il a prévu de se rendre à Daoukro où il compte rencontrer Henri Konan Bédié, le très influent président du Pdci, président de la conférence du RHDP. Le lancement du parti se prépare. La date du 30 juillet 2011 a semblé idoine à Koulibaly et à ses camarades. Un travail important attend Lider. Et le parti compte bien s'en donner les moyens.
K. C.