Débat autour des résultats de la présidentielle de 2010: Amon Ago Marthe ridiculise à Venance Konan

Le 27 octobre 2011 par Notre voie - Venance Konan, directeur général de Fraternité matin, s’est autorisé à réagir, dans un éditorial, à

Amon Ago Marthe, 1ère Vice-présidente de l’Assemblée nationale.

Le 27 octobre 2011 par Notre voie - Venance Konan, directeur général de Fraternité matin, s’est autorisé à réagir, dans un éditorial, à

une interview de la 1ère Vice-présidente de l’Assemblée nationale publiée par Notre Voie (voir Fraternité Matin n°14073 du Lundi 24 Octobre 2011). Ci-dessous, la réplique de Mme Amon Ago Marthe.
J’espère de tout cœur que l’Eternel Dieu d’Amour plein de Tendresse pour ceux qui le craignent m’accordera cette grâce d’être élue un jour membre de cette assemblée Sainte. Que Dieu vous bénisse pour cette prophétie.
Dans la forme :
Il s’agit d’une interview que nous avons accordée à l’un de vos collègues. Si vous êtes intéressés par le débat, vous pouviez en solliciter une à votre tour pour répondre aux questions abordées dans votre éditorial. Cela aurait satisfait aux principes élémentaires du débat contradictoire au sein de toute population civilisée.
Dans le fond :
Je retiens une première leçon qui nous met d’accord : les textes fondamentaux sont sacrés, comme vous le dites et je suis très heureuse que vous le proclamiez ainsi. C’est pourquoi je voudrais en toute modestie vous inviter à tirer les conséquences de cette vérité.
1) Pour ce qui concerne ma fonction :
Vous avez écrit Vice-présidente et non Première Vice-présidente, ensuite vous écrivez ancienne Vice-présidente de notre défunte Assemblée Nationale …
Examinons ensemble
notre Constitution.
A la différence des Vice-présidents qui sont nommés par le Président de l’Assemblée Nationale, le Premier Vice-président est élu au même titre que le Président de l’Assemblée Nationale conformément à l’article 65 de la Constitution.
En ce qui me concerne, j’ai été élue Première Vice-présidente de l’Assemblée Nationale en Janvier 2001.
Il convient également pour votre propre gouverne de rappeler que la fin d’une législature est constatée après la proclamation des résultats de la nouvelle élection législative (art. 59 de la Constitution). Et à ma connaissance, depuis les dernières élections de 2001, il n’y en a pas encore eues d’autres en Côte d’Ivoire.
En 2005, à la fin théorique de notre mandat, l’Assemblée Nationale a saisi le Président de la République qui à son tour a saisi le Conseil Constitutionnel. Une réponse claire a été donnée pour que le mandat du Président de la République et de l’Assemblée Nationale coure de façon exceptionnelle, pour des raisons que vous connaissez certainement. Soit dit en passant, c’est parce que le mandat du Président Gbagbo Laurent courait qu’il a utilisé l’article 48 de la Constitution pour rendre éligible M. Alassane Ouattara aux élections présidentielles de 2010.
Par conséquent, tant qu’il n’y a pas eu de nouvelles élections législatives, la présente législature demeure conformément aux principes et à l’esprit de la Constitution (art. 59). Ce n’est pas parce que M. Mamadou Koulibaly a bloqué le fonctionnement de l’Assemblée Nationale pour cette année 2011 uniquement qu’elle est “défunte”. Savez-vous seulement que si l’Assemblée Nationale est “défunte”, c’est que la Côte d’Ivoire n’est plus une République, comme vous l’insinuez. En effet, la République est une forme d’Etat où le pouvoir est exercé par les délégués du peuple. L’Etat de Côte d’Ivoire s’est proclamé République Indépendante et Souveraine (art. 29 de la Constitution). Elle se qualifie de Démocratique (art. 30 de la Constitution). Ainsi, à l’article 32 de la Constitution, il est écrit que le peuple exerce sa souveraineté par la voie du Référendum et par ses représentants élus que sont le Président de la République (pouvoir Exécutif, art. 35 et 41), et les Députés (pouvoir Législatif, art. 58 et 71).
Admettre que la Côte d’Ivoire n’a plus d’Assemblée Nationale, c’est reconnaître que la nation ivoirienne n’a plus de moyen d’expression.
2) Du pouvoir du Conseil Constitutionnel :
Où avez-vous vu inscrire que le Conseil Constitutionnel, Juge de la régularité des élections n’avait pas le droit d’annuler les élections de façon sectorielle ? Mais alors, comment avez-vous pu admettre que les résultats de la France soient annulés au premier tour, annulation qui a certainement permis à M. Alassane Ouattara d’accéder au deuxième tour de la présidentielle, et de priver ainsi M. Gbagbo Laurent d’être vainqueur au premier tour ?
Au-delà du Droit, referons-nous au simple bons sens et prenons les règles qui régissent les examens. En cas de fraude à l’examen, le Jury a-t-il le droit d’annuler uniquement les copies frauduleuses ou tout l’examen ? Même dans le cas d’un seul fraudeur a-t-on le droit d’annuler la copie frauduleuse ou tout son examen ? C’est au Jury d’apprécier l’ampleur et la nature des conséquences de la fraude. Savez-vous qu’en déniant au Conseil Constitutionnel son droit de juger en son âme et conscience, vous venez de porter atteinte également au troisième pouvoir d’un Etat qui se veut une République démocratique ? Car, pour combattre les dictatures, les penseurs ont proposé qu’il y ait trois pouvoirs séparés pour éviter les dérives des monarchies : le pouvoir Exécutif, Législatif et Judiciaire qui sont les trois piliers conférant l’harmonie et la stabilité à toute société moderne et civilisée, et donc démocratique.
Je vous invite à lire la décision qui a proclamé le Président Laurent Gbagbo vainqueur des élections. Et en tant que peuple civilisé, nous aurions dû commencer par dénoncer les irrégularités contenues dans cette décision et non faire des marches armées pour revendiquer.
Notez que L.M.P et son candidat ont suivi cette voie en faisant des réclamations en bonne et due forme malgré la violence sur ses représentants dans les bureaux de vote.
3)De la validation des résultats par l’O.N.U :
Vous dites bien validation des résultats par l’O.N.U et non proclamation des résultats par l’O.N.U. En effet, si l’O.N.U s’était contentée de valider les résultats comme convenu, il n’y aurait pas eu de problème car l’action de validation devrait amener l’O.N.U à dire en quoi les résultats proclamés par les organes compétents n’étaient pas conformes aux règles qui régissent les élections en Côte d’Ivoire. Celui qui valide ne peut pas se substituer aux organes chargés de proclamer les résultats. Valider un examen c’est vérifier que cet examen s’est déroulé conformément aux règles qui le régissent. Or ici, M. Choi n’a jamais dit en quoi les organes compétents pour la proclamation des résultats ont failli. Il s’est contenté de donner un résultat autre que celui proclamé par le Conseil Constitutionnel qui est l’organe compétent pour déclarer les résultats définitifs (art. 94 de la Constitution). Donc, vous voyez bien mon cher frère qu’il s’agit d’une question de souveraineté. Si l’O.N.U dénie aux organes prévus par la Constitution Ivoirienne leurs droits, c’est que la Côte d’Ivoire n’existe plus comme Etat souverain mais un Etat sous mandat de l’O.N.U. Alors je m’interroge : quel mandat ? Qui sommes-nous ? Puisque l’O.N.U n’est même pas un Etat, elle n’est qu’une association des Etats souverains. C’est pourquoi j’estime que le vrai débat de la réconciliation se situe à ce niveau : à savoir, quel type de société voulons-nous pour notre pays ? Sommes-nous un Etat souverain ou un Etat vassal ? Il faut que nous les Ivoiriens nous nous mettions d’accord sur ce point fondamental. C’est à ce débat que je vous invite modestement. Je suis tellement d’accord avec vous pour dire que les textes sont sacrés mais il faut tirer les conséquences de cette assertion pour ne pas permettre à qui que ce soit de se substituer à nous, peuple souverain de Côte d’Ivoire. Il y a donc eu vraisemblablement méprise sur les droits et devoirs de l’O.N.U en Côte d’Ivoire. Je suis si convaincue que si nous peuple de Côte d’Ivoire nous nous mettons ensemble pour traduire l’ONUCI devant les juridictions internationales compétentes afin d’apprécier les actes commis par son représentant en Côte d’Ivoire, nous verrons que cette juridiction va déclarer que l’ONUCI a outrepassé son pouvoir dans les élections en Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, vous avez oublié de me dire ce que vous pensiez des invectives de M. Sarkozy au Président de la Côte d’Ivoire ? M. Laurent Gbagbo. Un Chef de la République représente l’Etat à l’extérieur de son pays, donc nous tous. Il est comme le Directeur Général que vous êtes qui représente le journal Fraternité Matin. Le Chef de l’Etat est ainsi le “Père” de la nation. Aussi, tant qu’il est en fonction, aucun fils ni fille digne de ce nom ne doit permettre qu’il soit déshonoré par le “Père” d’une autre nation.
Or, la Constitution de Côte d’Ivoire, le texte sacré dit à son article 39, la fonction du Chef de l’Etat ne prend fin qu’après l’investiture du nouveau Président de la République élu. Et même élu selon la Communauté internationale n’étant pas encore investi, nous devions toujours respect et honneur au Président en fonction. Il est donc du devoir de tout citoyen de défendre le nom du représentant de sa patrie.
Je vous invite donc à rassembler tous les fils et filles de Côte d’Ivoire pour une discussion sérieuse et sans passion autour de ce qui s’est passé, de la compréhension de nos textes fondamentaux afin de nous réconcilier véritablement. Vous voyez bien que j’avais raison de dire que c’est autour du thème de la souveraineté que doit se faire la réconciliation.
Ici, seuls nous deux donnons notre compréhension des faits et des textes fondamentaux qui nous régissent. Or, ce débat doit s’étendre à l’ensemble des Ivoiriens y compris ceux qui sont soit en prison, soit en exil. Vous comprenez donc que vous avez tort de vous opposer à ceux de vos parents qui demandent la libération des détenus et le retour des exilés, si tant est que vous souhaitez la vraie réconciliation entre tous les fils de ce pays. Il ne s’agit pas de légaliser ou de tolérer l’impunité comme vous semblez le penser. A propos de l’impunité, parlons-en.
4) De l’impunité
Je me réjouis que vous au moins vous reconnaissiez que cela fait au moins dix ans qu’il y a impunité dans ce pays. Permettez-moi de vous rappeler que M. Soro Guillaume en 2002, a revendiqué officiellement et publiquement la rébellion armée qui a fait plus de quatre mille morts selon les chiffres officiels.
Qu’avons-nous demandé à Marcoussis ? L’amnistie et la promotion des bourreaux de tous ces milliers de victimes.
Au demeurant, l’impunité dans notre pays va bien au-delà de la période que vous indiquez.
Jusqu’à présent, nous attendons encore que les auteurs des graves exactions commises sur les étudiants endormis lors de “l’expédition punitive” sur la cité universitaire de Yopougon en 1991 soient traduits devant les tribunaux de notre pays.
N.B : Je voudrais vous remercier au passage pour m’avoir canonisée avant ma mort.
Amon Ago Marthe
1ère Vice-présidente de l’Assemblée nationale