Culture: Reportage / le Palais de la culture, Tout est à reconstruire
Publié le mercredi 29 juin 2011 | Le Patriote - Fleuron de la culture ivoirienne et symbole de la riche coopération Sino-ivoirienne, le Palais de la Culture de Treichville est devenu,
Publié le mercredi 29 juin 2011 | Le Patriote - Fleuron de la culture ivoirienne et symbole de la riche coopération Sino-ivoirienne, le Palais de la Culture de Treichville est devenu,
après le passage des mercenaires et miliciens à la solde de l’ancien régime, un assemblage de briques, une muraille de béton, entièrement vidé de toutes ses installations techniques et électriques. Le désastre est monstrueusement immense. Meubles de bureau de l’administration systématiquement pilés ou volés, les salles de spectacle, Kodjo Ebouclé (700 places), Louga François (15OO places), Niangoran Porquet (300 places) ont les portes et les fenêtres totalement défoncées et défénestrées. Les podiums et projecteurs de lumières emportés ou entièrement saccagés. Un pas vers les vestiaires, et l’ampleur de la destruction étreint et fait écraser des larmes. Les conduits d’eau gravement percés inondent tous les couloirs. Ce qui provoque une puanteur nauséeuse. Un coup d’œil dans les loges, où sont stockées le matériel de sonorisation, de décoration et de projection, laisse pantois. Tout a été sauvagement pillé ou volontairement détruit. Les toilettes n’ont pas échappé pas à la furia de cette bande de destructeurs qui n’avait en réalité d’autre dessein que de faire de cet édifice, qui se dresse comme la fierté du patrimoine culturelle ivoirien, un champ de ruines. Tout ou presque, a été emporté. Même les ampoules néons et autres objets d’arts. Le comble dans tout ça ! Ce sont les installations électriques incorporées dans le mur qui ont été délibérément détruites. Le gigantesque Palais de la Culture, véritable joyau architectural avec ses technologies de pointe est aujourd’hui une coquille vide, un bâtiment qu’on qualifierait de « ni croute ni mie ». Le désastre, de l’avis du porte-parole Koua Mobio, est pour le moins colossal. Les mercenaires et autres miliciens combattants à la solde de l’ancien régime, dit-on, qui avaient pris quartier à cet endroit au plus fort de la crise postélectorale, ont pris le temps de faire leurs emplettes, de tout arracher ou de tout détruire avant de battre en retraite. « Du Palais de la culture, en réalité, il ne reste que la cuvette de 4000 places et la baie lagunaire qui sont actuellement fonctionnelles », nous confie le directeur par intérim, M. Adjoumani, meurtri par la destruction de la mémoire du Palais. « Les archives électroniques, la mémoire de ce symbole de la culture n’existe plus », poursuit-il, tout écœuré. De l’avis de l’administrateur des services financiers, directeur par intérim, des experts ont été sollicités pour l’inventaire des dégâts. « Une évaluation des dégâts a été confiée à un groupe d’experts. Il faut reconnaitre que l’ardoise, selon les conclusions préliminaires, est salée. Nous attendons de la confronter avec une autre évaluation commise par l’ambassade de Chine, avec cette fois des experts Chinois » révèle le directeur par intérim du Palais de la Culture, pour qui, il est plus difficile à présent de reprendre le câblage et autres installations électroniques, que de construire un nouveau bâtiment. « Selon les experts, il va falloir détruire certains murs et exploser du béton pour effectuer la réinstallation technique et électrique » soutient-il. Le rapport préliminaire des experts locaux estime à plus d’un milliard, les dégâts perpétrés.
Véritable camp militaire
Une autre plaie et non des moindres, c’est que le symbole de la Culture ivoirienne est en passe de devenir un camp militaire. Une section des Forces Républicaines y a établi ses quartiers. Des éléments armés de kalaches en treillis vert olive arpentent les différents couloirs. Les salles de spectacle sont presque transformées en dortoir de troupes. Des véhicules de type 4X4 estampillés FRCI sont garés dans la cour du Palais. D’autres ayant subi les affres des combats, en épave, sont abandonnés dans les contre-allées. Plus loin, un groupe de soldats, armes en bandoulière, devisent tranquillement. Interrogé sur les raisons de leur présence dans le sanctuaire de la culture, un combattant qui a bien voulu garder l’anonymat confie : « nous sommes là pour la sécurité, pour empêcher le pillage de ce qui reste comme matériel de valeur ici.
MK