Crise post-électorale: Plusieurs officiers des FDS présents au Golf,les raisons de leur désertion
Publié le jeudi 24 fevrier 2011 | Soir Info - Une quinzaine d’officiers supérieurs des Forces de défense et sécurité ( Fds) ont rejoint l’Hôtel du Golf où est retranché Alassane Ouattara, déclaré président élu par la Commission électorale
Publié le jeudi 24 fevrier 2011 | Soir Info - Une quinzaine d’officiers supérieurs des Forces de défense et sécurité ( Fds) ont rejoint l’Hôtel du Golf où est retranché Alassane Ouattara, déclaré président élu par la Commission électorale
indépendante ( Cei), depuis la présidentielle du 28 novembre 2010. Ce sont quatre ( 4) colonels bérets rouges de la gendarmerie nationale, quatre ( 4) capitaines de ce même corps dont le capitaine Alla Kouakou Léon, ex-patron des « forces spéciales », trois ( 3) colonels de l’armée de terre et des nombreux lieutenants, aussi bien de la police, de la gendarmerie et de l’armée de terre. Ils se distinguent nettement des éléments des Forces armées des Forces nouvelles ( Fafn) par leurs treillis et leurs épaulettes, moins rafraichies et qui relèvent de la dotation de l’armée régulière ivoirienne… Nous avons fait le constat de leur présence au Golf avant-hier mardi 22 février 2011, à l’occasion de la rencontre du panel des chefs d’Etat de l’UA, avec Alassane Ouattara, président déclaré élu par la commission électorale indépendante ( Cei). En effet, au deuxième jour de leur visite en Côte d’Ivoire, Idriss Deby Itno (Tchad), Jikaya Kikwete (Tanzanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) ont rencontré Alassane Ouattara au Golf hôtel où il est retranché avec son équipe gouvernementale. Au restaurant « Flamboyant » du Golf, où nous avons surpris, ces officiers supérieurs des Fds, massés autour d’un ex-député Pdci, bien connu pour ses diatribes contre Laurent Gbagbo dans la presse, l’un des colonels sort de ses gonds, à notre étonnement de les voir en ces lieux : « Nous sommes suspectés au sein de nos corps respectifs d’être « sous-marins d’Alassane Ouattara. Dès lors, notre sécurité n’était plus garantie. Comme nous voyions venir le danger, notre instinct de militaire nous a poussés à nous mettre à couvert. Et l’endroit le plus sûr pour nous, c’est l’hôtel du Golf.
Nous sommes ici et nous assumons pleinement notre choix », nous a lancé un colonel de la gendarmerie, le visage amer. « Ma présence ici s’inscrit dans la continuité de ce que nous avons commencé à Lomé ( Togo) en 2002 avec les Forces nouvelles » a renchéri un colonel de l’armée de terre. Ils ont tous formellement requis l’anonymat… Plus notre conversation se poursuit avec eux, la corde des griefs contre le régime Gbagbo se rallonge, donnant froid dans le dos. Pour eux, plus question de faire machine arrière, soulignant que pour la Côte d’Ivoire « rien ne peut émousser leur détermination ». Soro Guillaume, le Premier ministre désigné du gouvernement Ouattara, avait fait état, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le samedi 12 février dernier, de ralliement massif des officiers des Fanci ( Fds) au régime du Golf Hôtel. « L’armée grogne et cela est important (…) Vous verrez de nouvelles personnes des Fanci ( Fds) nous rejoindre, cela ne tardera pas », avait-il fait remarquer. Ces officiers supérieurs ont-ils encore des liens au sein des Fds au point de faire basculer le rapport de force en faveur de leur nouveau camp ?!. Rien n’est moins sûr. S’agit-il de ralliements à la hussarde, mus par une volonté d’officiers en rupture de ban, de se faire une place de premier choix, si, d’aventure, le gouvernement Ouattara venait à s’installer au pouvoir d’Etat. Sont-ils des officiers des Fds admis à faire valoir leur droits à la retraite et qui ont saisi cette opportunité de flottement politique pour renfiler le treillis et que Soro présente aujourd’hui comme des « trophées » de guerre pour saper le moral de l’adversaire ? Ou alors, s’agit-il d’espions de Gbagbo, infiltrés au Golf pour suivre, au
quotidien, les moindres faits et gestes du camp ADO ?!. Toutes les hypothèses ne sont pas à écarter. Car, en période de guerre, tout est possible. En tout état de cause, leur présence au Golf Hôtel, selon eux, « de leur propre gré » peut constituer, pour le camp Ouattara, une victoire psychologique.
Armand B. DEPEYLA