Crise post-électorale : Les raisons du report du voyage des députés Ump à Abidjan

Une délégation de sept personnalités françaises, dont cinq députés membres de l'Union de la mouvance présidentielle (Ump), parti politique du président français Nicolas Sarkozy, était attendue à Abidjan le samedi 05 février 2011 dernier. Il s’agissait de Jean-François Mancel (Oise, ancien secrétaire général du RPR), Yves Jego (député-maire de Montreau-Fault Yonne, en Seine-et-Marne, et ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-Mer), Cécile Dumoulin (élue à Mantes-la-Jolie), Yves Censi (Aveyron), et Jean-Michel Fourgous (Yvelines). Ces députés devraient être accompagnés d'un journaliste, François Mattei, l’ancien directeur de la rédaction de France Soir. Mais ce voyage au bord de la lagune Ebrié, perçu comme un nouveau pont dans les relations entre Nicolas Sarkozy et Laurent Gbagbo, relativement à la crise ivoirienne, a été reporté. Diverses raisons sont évoquées pour ce report de dernière minute, puisque des dispositions avaient été prises par les autorités du palais d'Abidjan, pour accueillir la délégation française.

Selon l'Agence France presse, les députés Ump auraient dans un communiqué transmis samedi soir à leur agence, décidé « d'ajourner ce déplacement, après une information intempestive et la publication d'un programme de travail qui paraissait déséquilibré ». Les parlementaires en auraient déduit que la visite ne paraissait plus pouvoir se dérouler comme ils l'avaient souhaité, non sans exprimer des regrets. « La préparation et la réflexion menées longuement au préalable permettaient d'espérer une contribution utile », notent les députés Ump. D'autres raisons, celles-là diplomatiques, seraient à l'origine du report. Selon jeuneafrique.com, l'ambassade de France à Abidjan a été informée très tardivement de cette visite, dont l'Elysée ne semblait pas maîtriser les contours. Quelles étaient les motivations de ce voyage ?

Etait-ce une initiative personnelle des députés, bloquée au dernier moment par l'Elysée ? Ou encore un ballon d'essai lancé par Nicolas Sarkozy pour tâter le pouls de la situation ivoirienne ?

Autant d' hypothèses qui pourraient expliquer le report de cette mission de parlementaires Ump.

Toutefois, il faut noter que la délégation française devrait séjourner en Côte d'Ivoire jusqu'au mardi 08 février 2011, soit trois jours de travaux et de rencontres pour mieux s'imprégner de la crise ivoirienne. Les députés français devraient avoir des séances de travail avec les deux camps en conflit en Côte d'Ivoire. Outre le président proclamé par le Conseil constitutionnel, Laurent Gbagbo, d'autres personnalités comme les présidents de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, et du Conseil constitutionnel Paul Yao N’Dré, certains membres de la Commission électorale indépendante (Cei), le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, les ministres de la Défense, Alain Dogou, de l'Intérieur, Émile Guiriéoulou, des Affaires étrangères, Alcide Djédjé, et Charles Blé Goudé, le patron des patriotes et ministre de la Jeunesse et de l'Emploi, sont prévues sur la liste des rencontres, selon le site de JA. Du côté du camp Ouattara, des audiences devraient également se tenir. Mais le site précise qu'une demande avait été introduite par les mêmes députés auprès d' Alassane Ouattara, mais elle n'avait pas eu de suite, jusqu'au report du voyage. Les patrons de l'Onuci, et de la force Licorne étaient également prévus dans le programme des rencontres. Les députés de l'Ump entendaient « procéder à une observation et à une audition équilibrées des parties en présence afin d'apporter, en toute indépendance, leur modeste contribution à une solution pacifique à la crise », note l'Afp. Les relations entre Abidjan et Paris connaissent une nouvelle détérioration depuis le début de la crise née du second tour de l'élection présidentielle ivoirienne. Les députés de l'Ump veulent jouer leur partition pour rechauffer les liens entre les deux pays.

Hamadou ZIAO