Crise post-électorale: Comment Gbagbo veut contourner l`asphyxie financière

Publié le samedi 12 fevrier 2011 | L'Inter - .Ses réseaux et ses soutiens à l'extérieur

L'actuelle crise post-électorale ivoirienne a largement dépassé le cadre du simple contentieux électoral. Depuis quelque temps, cette

Le Président de la République Laurent Gbagbo.

Publié le samedi 12 fevrier 2011 | L'Inter - .Ses réseaux et ses soutiens à l'extérieur

L'actuelle crise post-électorale ivoirienne a largement dépassé le cadre du simple contentieux électoral. Depuis quelque temps, cette

crise est allée au-delà d'une simple crise politico-diplomatique pour atteindre les sommets de la guerre financière et économique. Pour preuves, désormais, à la demande de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) lors de sa session des 22 et 23 janvier derniers, seule la signature du Dr Alassane Dramane Ouattara, déclaré vainqueur du 2nd tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire par la Commission Électorale Indépendante (CEI) et reconnu comme tel par une grande partie de la Communauté internationale, est prise en compte dans l'espace l'UEMOA, via sa structure bancaire sous-régionale, la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Et ce, pour les opérations financières concernant l'État de Côte d'Ivoire. Pour mieux accentuer le blocus financier autour du camp Gbagbo, au pouvoir à Abidjan, l'Union Européenne (UE) a décrété des sanctions économiques contre la Côte d'Ivoire, frappant un certain nombre de produits d'exportation essentiels à son économie. Le gel des avoirs financiers du président Gbagbo et de certains de ses proches, aux USA et dans l'espace UE, est effectif depuis quelque temps. L'objectif visé et affiché de tous ces goulots d'étranglement posés sur les chemins du camp Gbagbo, qui détient la réalité du pouvoir à Abidjan, est de l'asphyxier financièrement et économiquement pour qu'il «tombe comme un fruit pourri», dixit Alassane Ouattara . Face à cette stratégie d'asphyxie financière le président Laurent Gbagbo, a décidé de ne pas rester les bras croisés, et attendre qu'il soit asphyxié aussi simplement. Depuis quelque temps en effet, via ses financiers du gouvernement Aké N'gbo, il a commencé à contourner subtilement «l'embargo économique»,. Selon le bimensuel panafricain ''La Lettre du Continent'', dans sa dernière livraison n°605 du 10 février 2011, le ministre délégué au Budget auprès du ministre de l'Économie et des Finances, M. Justin Koné Katinan, se serait rendu à Luanda, en Angola, pays allié du camp Gbagbo, pour négocier un prêt de plus de «200 millions de dollars», soit près de 100 milliards FCFA, pour le paiement du salaire des fonctionnaires de l'État de Côte d'Ivoire pour le mois de février. Même si du côté du ministère délégué au Budget, on marque une grande surprise face à l'information relative à ce voyage en Angola, il est cependant évident que l'axe Abidjan-Luanda reste un lévier sûr pour Laurent Gbagbo, dans ce combat contre « l'embargo économique », vu les liens de solide amitié qu'il entretient avec le président Eduardo Dos Santos. En outre, pour casser l'étau international, une autre mission, celle-là en Afrique du Sud, a été effectuée par certains barons du Trésor public ivoirien. Cette information a été confirmée par la dernière livraison de ''La Lettre du Continent'' qui avance que le Trésorier Payeur Général de l'État de Côte d'Ivoire et le Directeur de la Dette Publique ivoirienne étaient bel et bien à Pretoria, en Afrique du Sud, «pour étudier la possibilité d'ouvrir un compte destiné aux opérations extérieures de l'État ivoirien via la South African Reserve Bank». Autant dire que le temps de la BCEAO est vraiment révolu pour le camp Laurent Gbagbo, qui sait qu'il ne peut plus compter sur l'union monétaire, et prospecte d'autres voies notamment celle de la banque centrale sud-africaine pour que l'Afrique du Sud serve de «relais» aux opérations économiques et financières extérieures de la Côte d'Ivoire. Mais ce n'est pas seulement qu'au niveau économique et financier que le président Gbagbo mène la bataille du contournement de la communauté internationale. Au niveau des produits d'exportation, notamment le cacao, le régime Gbagbo veut aussi allégrement éviter le bloc occidental, et surtout les directions UE et USA. En effet, ce qui reste du cacao ivoirien, au titre de la campagne 2010-2011, au lieu de prendre les directions habituelles des ports occidentaux, va être livré à des traders asiatiques en embuscade et qui n'attendent que de voir la mainmise occidentale baisser à travers les produits d'exportations ivoiriens, notamment le cacao dont elle est le premier producteur mondial. Du coup, si cette menace était mise à exécution, en plus de la cessation d'activités des grandes structures d'exportation d'obédience occidentale telles que Cargill, ADM Cocoa, Armajaro et autres, tous les grands traders européens et américains vont sortir perdant dans l'opération. A coup sûr, la bataille économique et financière entre les camps Gbagbo et Ouattara est devenue multiforme. Toujours selon ''La Lettre du Continent'', le camp Gbagbo a décidé aussi de régler ses problèmes de coupures et de liquidités par le contournement. La piste argentine serait privilégiée pour fabriquer dorénavant les petites coupures de billets de banque. Ainsi donc, à défaut de la Monnaie Ivoirienne pour la Résistance (MIR) qui a fait beaucoup de bruits, le franc CFA va reprendre de plus belle ses activités à Abidjan. On attend de voir comment ces mesures de contournement seront concrètement appliquées.

JMK AHOUSSOU