CRISE A L'UNIVERSITE - CÔTE D'IVOIRE: LA COALITION DES MOUVEMENTS UNIVERSITAIRES INTERPELLENT OUATTARA
Le COMUCI écrit à Ouattara.
C.O.M.U.C.I : Lundi, le 11 Février 2013
Coalition des Mouvements
Universitaires de Côte d’Ivoire
Lettre ouverte à: S.E.M. Alassane OUATTARA, CHEF DE L’ETAT de Côte d’Ivoire
Monsieur le CHEF DE L’ETAT,
La Coalition des Mouvements Universitaires de Côte d’Ivoire (COMUCI), a la profonde douleur de vous annoncer les décès de trois étudiants, morts écrasés par l’autobus au″ quai″ de bus, situé sur la chaussée, en face du Centre Hospitalier et Universitaire de Cocody (CHU) et de vous signaler par ailleurs, d’un cas d’invalidité d’un étudiant amputé après avoir eu la jambe broyée par le bus sur ce même site d’embarquement. C’est avec l’âme en peine et le cœur meurtri que la COMUCI vous exprime sa profonde douleur et vous fait part de toute son indignation face à ces pertes en vie humaine et à ces mutilations que l’on aurait pu éviter. En effet, la COMUCI a maintes fois tiré la sonnette d’alarme sur un certain nombre de problèmes inhérents à la situation des étudiants que nous sommes. Dressant le tableau de ces problèmes en deux catégories, la COMUCI a énuméré des problèmes académiques et des problèmes liés aux conditions socio-universitaires. Au titre des conditions socio-universitaires, la COMUCI a demandé un quai sécurisé pour les étudiants, qui depuis la délocalisation de l’ancien quai, s’attroupent et se bousculent dangereusement en pleine chaussée pour accéder aux autobus afin de regagner leurs domiciles respectifs.
Malheureusement, toutes ces requêtes étant restées lettres mortes, aujourd’hui nous vivons de plein fouet tous ces drames, par la négligence et l’inconséquence de nos autorités. C’est pourquoi par la présente et afin d’éviter une récurrence des drames aussi lourds de conséquences et afin d’assurer et de garantir une sécurité totale aux étudiants, la COMUCI demande un quai sécurisé pour le transport des étudiants. Ce qui suppose un quai muni d’abribus et dont l’aménagement et l’aération permettent aisément les manœuvres des autobus qui sont des véhicules lourds, donc requérant certaines dispositions pour une conduite sécurisée. Par ailleurs, Monsieur le Président de la République, la COMUCI saisit l’occasion de ce faire-part, pour vous réitérer ces attentes et vous exposer à nouveau les problèmes qui depuis l’entament du départ nouveau assaillent vos chers étudiants. Comme susmentionné, il s’agit de problèmes académiques et de problèmes socio-universitaires. Plus précisément, ils se déclinent comme suit:
Problèmes académiques :
-le manque de salles: La COMUCI déplore amèrement le fait que les Universités, qui ont bénéficié de tous vos égards, Excellence Monsieur le Président Alassane Ouattara et dont pour la réhabilitation et la reconstruction vous avez consenti l’énorme dépense de plus 110 milliards de nos francs, n’ait pu accroître exponentiellement leur capacité d’accueil. Marquant et rappelant le déficit criard de salles, qui ne devrait plus se poser de nos jours après deux années de fermeture. Nous reléguant même aux déboires d’antan, c’est-à-dire, des cours en plein air, dans les gazons, dans les escaliers et dans bien de conditions ô combien scabreuses et inappropriées pour tout apprentissage.
-le Manque de Matériels didactiques: Il a été démontré que dans son application, le LMD exige une plus grande implication de l’apprenant dans sa formation à travers une recherche documentaire permanente et une bonne pratique de l’outil informatique. Malheureusement jusqu’à ce jour, six (6) mois après l’ouverture des universités, aucune bibliothèque n’est fonctionnelle, à commencer par celles des départements avant d’en arriver aux bibliothèques centrales des universités. Pour ce qui est de l’acquisition de l’outil informatique par les étudiants, un équipement de salles informatiques avait été annoncé, de même qu’un ensemble de mesures d’accompagnement pour des acquisitions personnelles de micro-ordinateurs. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup de stupeur que nous restons sans voix et toujours sans réels matériels didactiques.
De plus, Excellence Monsieur le Président les salles spécialisées (Laboratoires, salles informatiques, etc.) des Unités de Formation et de Recherches de Pharmacie, d’Odontostomatologie, de Médecine, des Biosciences, de la Science de la Structure de la Matière et de la Terre, des Mathématiques et de l’Informatique, de la Science des Technologies des Aliments, de la Science de la Nature et de l’Environnement et de la Science de la Gestion de l’Eau attendent toujours les équipements pour les travaux pratiques des étudiants de Master 1 et 2 et les activités de recherches des doctorants. Par conséquent, ce manque d’équipement pourrait empêcher la validation de l’année académique dans ces différentes Unités de Formation et de Recherches.
-les conditions d’inscription: après l’abattement de 70% exercé par le gouvernement sur le montant des frais d’inscription (rien que pour 3ans), plusieurs questions restent encore en suspens, car aucune mesure d’accompagnement n’a été prise.
Problèmes socio-universitaires
Ce chapitre dresse le tableau des besoins nécessaires à l’épanouissement socio-académiques des étudiants qui ne demandent qu’à vivre et à travailler dans un environnement favorisant les conditions d’un apprentissage efficient.
-les bourses et aides : Monsieur le Président jusqu’à présent La COMUCI fait remarquer que les arriérés de bourses et d’aides financières de 2008-2009 et 2009-2010, restent à ce jour impayées pour les universités Félix HOUPHOUET-BOIGNY et Nangui ABROGOUA. Face à l’augmentation des frais d’inscription, il serait opportun que des mesures d’accompagnement suivent.
-Santé : La seule infirmerie qui a la lourde tâche de s’occuper de plus de 60 000 étudiants demeure encore fermée.
-les indemnités de stages en Sciences de santé (communément appelé Mockey): la COMUCI demande le paiement intégral des indemnités de stage des étudiants en Sciences de Santé qui en plus d’avoir effectués les stages dans les conditions ténébreuses et ô combien difficultueuses de la crise post-électorale, s’en servent également pour effectuer ces stages dans de bonnes conditions et assurer leur admissibilité aux années suivantes.
-Quai de bus sécurisé: pour la sécurité et la protection de la vie des étudiants, c’est-à-dire de la future élite, la COMUCI demande un quai sécurisé pour l’accès aux autobus. En effet, avec la disparition tragique de nos condisciples, le tribut est déjà fort cher payé! Nous ne voulons plus de morts ou de blessés à nos gares de bus ! C’est pourquoi un quai sécurisé avec des abribus, protégeant les étudiants des intempéries et de l’ardeur du soleil, s’avère être un impératif. Aujourd’hui, les étudiants se bousculent et s’entassent en pleine chaussée sur la voie en face du CHU de Cocody et aussi du côté de l’entrée principale de l’École Nationale de Police, qui n’est pas aménagée pour accueillir un grand monde et surtout pour les manœuvres de véhicules lourds et longs comme les mini-autobus et les bus articulés de la Société des Transports Abidjanais (SOTRA).
-Manque de pistes d’accès pour handicapés: tout porte à croire que tout a été fait sans tenir compte des étudiants dans leur ensemble et particulièrement des étudiants handicapés qui sont eux aussi pensionnaires des lieux.
En effet, l’accès est aujourd’hui difficile pour l’étudiant handicapé. Les pistes ou passages pour handicapés n’existent pas.
-Manque de Point d’eau et d’espace d’alimentation: la COMUCI note qu’il n’existe sur le campus aucun point d’eau où les étudiants pourraient s’abreuver et se rafraîchir, enfin d’éviter des problèmes de santé ou encore de frôler l’insolation par ces temps de torride chaleur. Elle note une conséquence immédiate qui est celle de la recrudescence de l’insalubrité. Vous pouvez constater de nombreux dépôts d’immondices (sachet plastique, papier journal, etc.) aux différentes entrées de l’université du fait de l’anarchie générée par les commerces précaires et improvisés.
Cependant, la COMUCI se réjouit, en partie, de la réouverture du restaurant universitaire quoiqu’il faille accroitre davantage sa capacité de production (6000 repas/jour actuellement qui passerait bientôt à 12000/jour) de sorte à permettre l’accès à un plus grand un nombre d’étudiants. Par ailleurs, Monsieur le Président, la COMUCI voudrait attirer votre attention sur la très longue file attente (une heure voire deux heures) infligée aux étudiants pour prendre leur repas. En effet, l’instant du repas qui devait être un moment d’enthousiasme et de convivialité est pour l’heure une corvée et un moment d’intense stress. Vivement qu’une solution soit trouvée dans les plus brefs délais. De ce fait, la COMUCI suggère la réhabilitation de la seconde partie du restaurant et l’ouverture de restaurants annexes.
-La réouverture des résidences universitaires: Les conditions sociales des étudiants n’ayant pas vraiment changées en deux ans de pause en plus du lourd investissement, la réouverture des résidences universitaires dont on connaît la liste des pensionnaires s’avère cruciale. Effectivement, elle constitue pour les étudiants un véritable havre d’études, facilitant l’accès aux amphithéâtres et leur assurant un environnement studieux et sécurisé. Jusqu’ici aucune résidence universitaire n’est ouverte et celle dont on annonce l’ouverture prochaine, c’est-à-dire, la cité universitaire de Cocody ne saurait répondre à la forte demande; compte tenu du fait que les autres résidences, notamment celles de Port-Bouët, d’Abobo, de la Riviera, d’Adjamé 220lgts, de Vridi, de la cité rouge à Cocody, de Williamsville restent encore militairement occupées pour certaines et tout simplement abandonnées et en délabrement avancé pour d’autres.
Dans l’espoir d’une bonne réception de notre faire-part, nous vos chers étudiants tout en adoptant un comportement nouveau pour le départ nouveau dans nos universités, et surtout en vous invitant à visiter les lieux afin de prendre le pouls de la réalité de ces universités réhabilités, six (6) mois après la rentrée solennelle que vous avez présidée, daignez recevoir, Monsieur le CHEF DE L’ETAT, l’expression de nos hommages révérencieux.
Le porte-parole:
Serges NANDO
05 97 09 00 / 03 62 6332
Pour la C.O.M.U.C.I
Le Comité Central