Crise ivoirienne: Qui demande pardon à qui? par Bernard Dadié, président du CNRD

Par IVOIREBUSINESS - DECLARATION DU CNRD.

Photo: Bernard Dadié, président du CNRD, au côté du Président Laurent Gbagbo.

CONGRES NATIONAL DE LA RESISTANCE POUR LA DEMOCRATIE
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DECLARATION DU CNRD

CRISE IVOIRIENNE : QUI DEMANDE PARDON A QUI ?

Au cours de sa visite d’Etat dans le Nord de la Côte d’Ivoire, le chef
de l’Etat a tenu des propos qui ont créé l’émoi au sein des
populations. Quelques morceaux choisis :
1) « (…) Bien sûr, SORO a estimé à un moment donné que nous les
anciens étions engagés dans une voie qui, peut - être, allait prendre trop
de temps pour faire aboutir notre combat. Il a fait preuve de courage, il a
fait preuve de sacrifice (…) »
2) « (…) SORO a fait preuve de courage, de sacrifice et il s’est
battu pour que les populations du Nord puissent recouvrer leur dignité par
la nationalité ivoirienne (…) »
3) « ….au milieu de mes parents, je voudrais, une fois de plus, lancer
un appel et inviter nos frères du FPI à entrer dans le processus de Paix…
»
4) « ….il faut que le FPI…….ait la force de demander pardon aux
victimes et aux parents des victimes… » Extraits du discours du 08/07/2013
à Korhogo.

Depuis 1990, la côte d’ivoire est confrontée à des crises politiques
multiples et multiformes dont la dernière en date est caractérisée par la
rébellion armée revendiquée par SORO Guillaume et appuyée par les forces
coalisées (France, ONU, CEDAO) a abouti au renversement du Président
Laurent GBAGBO le 11 avril 2011. Alors que les ivoiriens s’attendaient à
la recherche de solutions consensuelles et durables pour un règlement
définitif de cette grave crise, le chef de l’Etat « garant de l’unité
nationale » pointe un doigt accusateur sur une partie des ivoiriens en
l’occurrence le FPI qui doit demander pardon selon lui en même temps
qu’il livre au monde entier sa recette pour l’accession au pouvoir
d’Etat. Face à cette conception pour le moins troublante de la lutte
politique et de la réconciliation, le CNRD s’interroge sur la volonté
réelle du Président OUATTARA à conduire les ivoiriens vers la démocratie
et la réconciliation ?
En effet, avant ce discours de Korhogo, M. Alassane Ouattara avait
toujours nié son implication directe dans la rébellion qui endeuille notre
pays depuis le 19 Septembre 2002. Il vient d’avouer publiquement son
accointance avec la rébellion :
1) Pour la première fois, M. Alassane Ouattara lui-même confirme les
affirmations de Koné Zakaria à Kani : « nous avons pris les armes pour que
Alassane soit président » ;
2) Alors qu’il donne à croire à ses soutiens internationaux qu’il
est un démocrate patenté, M. Alassane Ouattara, en rendant un vibrant
hommage à Sorø Guillaume et sa rébellion, démontre clairement sa
préférence pour la prise du pouvoir d’Etat par la force et son opposition
à la lutte politique pacifique.
3) M. Alassane Ouattara, le chef de l’Etat, garant de l’unité
nationale, en justifiant une lutte armée à caractère tribal, ethnique et
régional dont la finalité était de permettre « aux populations du Nord
de recouvrer leur dignité par la nationalité ivoirienne », porte un coup
fatal à la cohésion nationale. Pire, sur cette base ethnique et régionale,
M. Alassane Ouattara demande, avant l’heure et en violation, une fois de
plus, de la Constitution, le suffrage à 100% de ses « parents du Nord »
pour l’élection présidentielle de 2015 ;
A l’évidence, ces propos de M. Alassane Ouattara dans le Nord de la
Côte d’Ivoire, loin de favoriser le dialogue et la cohésion nationale,
sont aux antipodes de ceux qui auraient pu appeler les Ivoiriens (toutes
tendances confondues) à s’inscrire dans le sens d’une réconciliation
vraie et sincère.
A ce sujet, M. Ouattara aurait tout à gagner en s’inspirant de la gestion
humaniste de la vie politique de Laurent GBAGBO.
En effet, c’est bien le président Laurent GBAGBO et son parti, le Front
Populaire Ivoirien qui, fidèles à leur crédo « asseyons-nous et discutons
» ont :
- Organisé en 2001, le Forum de la réconciliation nationale pour
permettre à messieurs Alassane OUATTARA et Henri Konan BEDIE de mettre fin
à leur exil volontaire ;
- Proposé en 2002, le dialogue à la rébellion armée d’Alassane
OUATTARA et de SORO Guillaume, comme moyen de sortie de la crise ivoirienne ;
- Fait voter en 2004 par le parlement, une loi d’amnistie pour
permettre aux rebelles de rentrer dans la République ;
- Actionné en 2005 l’article 48 de la Constitution Ivoirienne
pour permettre à messieurs Alassane Ouattara et Henri Konan BEDIE d’être
candidats à titre exceptionnel à l’élection présidentielle de sortie de
crise ;
- Permit en 2007, la Signature de l’Accord Politique de
Ouagadougou à l’initiative du Président Laurent GBAGBO ;
- Proposé en Décembre2010 le recomptage des voix ;
- Sollicité en Septembre 2011 le dialogue direct avec le pouvoir
issu du coup d’Etat du 11 Avril 2011 pour la normalisation de la situation
sociopolitique.
Ce qui n’est pas le cas pour monsieur Alassane Ouattara et son
parti, le RDR, qui depuis leur avènement sur la scène politique ivoirienne
sont dans une posture de violence, de haine religieuse, de guerre, de
division et de falsification des faits et d’irrespect des lois. Pour
l’affirmer, le CNRD tout comme le FPI s’appuie sur les faits suivants :
- En 1999, à Paris, M. Alassane Ouattara déclare : « On ne veut
pas que je sois candidat parce que je suis musulman et du Nord. »

- En 1999, parlant du régime Bédié : « …je frapperai ce
pouvoir moribond en temps opportun et il tombera… » ;
- En 2002, à Bouaké, M. Alassane Ouattara dit : « …il n’y
aura plus d’élection sans moi. S’ils veulent qu’on mélange le pays,
on va le mélanger» ;
- Le 18 Septembre 2002, la branche armée du RDR tente un coup
d’Etat qui se mue en rébellion armée dirigée par SORO Guillaume,
candidat aux élections législatives de 2000 à Port-Bouët pour le compte
du RDR . Cette rébellion a causé :
- L’assassinat du Ministre d’Etat BOGA Doudou, dans la nuit 18 au 19,
des officiers supérieurs de l’armée ivoirienne non armés , notamment :
DALLY Oblé, DAGROU Loula, YODE Gnonleba ,ZOUZOUA Bi…, le massacre de 57
gendarmes non armés et de leurs familles à Bouaké , Le massacre des
danseuses « d’ADJANOU » de Sakassou, les tueries par étouffement dans
des conteneurs à Korhogo ,le massacre de civils à Guitrozon et Petit
Duekoué , les viols collectifs des femmes ,les femmes éventrées et les
tueries de civils dans la plupart des villes tenues par la rébellion ;
- En Décembre 2010 : Monsieur Alassane OUATTARA s’autoproclame
président de la République et auto organise par écrit sa prestation de
serment.

- En 2011 : le massacre de plus d’un millier de Wê à DUEKOUE,
les 29 et 30 Mars ; le massacre des populations de Lakota,
d’Anonkoi-kouté, de Sago….
- Le Lundi 11 Avril 2011, les forces armées internationales
coalisées que sont l’armée française de Nicolas SARKOZY, l’ONUCI,
appuyées par les mercenaires de la sous région et les rebelles de monsieur
Alassane Ouattara et de SORO Guillaume renversent par coup d’Etat le
régime du président Laurent GBAGBO, démocratiquement réélu et investi
par le Conseil Constitutionnel, le Samedi 4 Décembre 2010.
- Le 11 Avril 2011 : assassinat du ministre Désiré TAGRO , massacres
et arrestations des Pro GBAGBO. Depuis cette date, Les massacres, les
arrestations, la confiscation des biens privés, la persécution, l’exil
forcé des Pro GBAGBO continuent .
- En 2012 : le massacre des déplacés du camp de réfugiés de
Nahibly, le 20 Juillet

Au regard de tous ces faits et en mémoire de toutes ces victimes
innocentes de la barbarie humaine et qui sont de tous les horizons dont la
plupart appelle au secours et interpelle notre conscience, le CNRD
s’interroge : qui demande pardon à qui ?

Face à cette volonté d’humiliation et de diabolisation de
l’opposition par le Président OUATTARA, le CNRD invite tous les partis
politiques, tous les mouvements politiques et les organisations membres à
plus de vigilance et à un engagement fort pour la résistance démocratique.
Le CNRD souhaite que M. Ouattara soit gagné par la sagesse en se
mettant au dessus de la mêlée. Son rôle aujourd’hui est de créer les
conditions d’une réconciliation vraie telle que prônée par ses soutiens
extérieurs en libérant tous les prisonniers politiques et en favorisant le
retour apaisé de tous les exilés afin d’instaurer une discussion vraie
entre les protagonistes dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. C’est
pourquoi le CNRD soutient le FPI dans sa quête du dialogue direct qui doit
être sincère et emprunt d’humilité pour aboutir à la normalisation de
la vie sociopolitique et à une réconciliation durable.

Pour
le CNRD
Président
Bernard BINLIN-DADIE

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