CPI: Ocampo aux trousses de Soro, Shérif..., Blé Goudé, Brou Amessan...
Le 19 mai 2012 par L'Inter - Dans sa dernière parution en date du 17 mai, le bimensuel La Lettre du Continent N°635, généralement bien informé, a révélé que le Procureur de
la Cour pénale internationale (CPI), le magistrat argentin Luis Moreno-Ocampo, s'apprête à lancer de nouveaux mandats d'arrêt internationaux contre plusieurs personnalités et chefs de guerre ivoiriens soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocides durant la crise postélectorale de décembre 2010 à fin mai 2011.
Le 19 mai 2012 par L'Inter - Dans sa dernière parution en date du 17 mai, le bimensuel La Lettre du Continent N°635, généralement bien informé, a révélé que le Procureur de
la Cour pénale internationale (CPI), le magistrat argentin Luis Moreno-Ocampo, s'apprête à lancer de nouveaux mandats d'arrêt internationaux contre plusieurs personnalités et chefs de guerre ivoiriens soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocides durant la crise postélectorale de décembre 2010 à fin mai 2011.
« La CPI va élargir ses mandats d'arrêt. En plus de Laurent Gbagbo (transféré et écroué à La Haye depuis le 30 novembre 2011, ndlr), de nouvelles personnalités, y compris du camp d'Alassane Ouattara, pourraient à leur tour être prochainement poursuivies », écrit La Lettre du Continent. De sources proches du Bureau du Procureur de la CPI, la liste des personnes visées par Ocampo s'est considérablement allongée.
En effet, lors de son passage à Abidjan les 14 et 15 octobre 2011, le magistrat argentin avait indiqué que trois (03) à six (06) personnes seront justiciables devant la juridiction pénale internationale. Finalement, le procureur le plus puissant du monde a décidé d'aller largement au-delà de ce nombre. Et Ocampo va frapper lourdement et quasiment à égalité dans les deux camps, avant son départ de la CPI. La passation des charges entre le procureur sortant et la nouvelle titulaire en charge de l'Accusation à la Cour pénale internationale, est en principe prévue le vendredi 8 juin 2012. C'est-à-dire dix (10) jours avant l'ouverture de l'audience de confirmation des charges contre l'ex-président Laurent Gbagbo, le 18 juin prochain. Avant donc de céder définitivement le portefeuille à la Gambienne Fatou Bensouda, Luis Moreno-Ocampo va lancer une douzaine de mandats d'arrêt internationaux en guise de baroud d'honneur ou de testament. Nos sources précisent que ces actes d'accusation seront délivrés une semaine avant les adieux du procureur argentin à la CPI, donc probablement au tout début du mois prochain.
Dans le camp de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, lui-même déjà écroué par la CPI, six (06) autres noms seraient sur le bureau du procureur. Il s'agit de Charles Blé Goudé, Mao Glofiéhi, Brou Amessan Pierre Israël et les Généraux Dogbo Blé Bruno et Vagba Faussignaux. Selon nos sources, le mandat d'arrêt de l'ex-Première Dame Simone Ehivet Gbagbo avait déjà été émis à la fin du mois de mars 2012. Mais les autorités politiques ivoiriennes n'ont pas souhaité qu'il soit exécuté, arguant que l’État de Côte d'Ivoire a recouvré sa pleine souveraineté judiciaire et qu'il peut désormais juger tous ses enfants sur son territoire. Cela fait au total, sept (07) personnalités civiles et militaires, y compris Gbagbo lui-même, dans le camp de l'ancien chef de l’État ivoirien.
Nos sources donnent quelques précisions sur chaque personne poursuivie. Ainsi, on apprend que le leader des jeunes patriotes ivoiriens Charles Blé Goudé, déjà sous le coup de sanctions de l'ONU depuis 2005, pourrait être directement inculpé par la CPI. Le nom de l'ancien directeur général de la RTI, Brou Amessan aurait été ajouté sur la liste, pour des raisons de « propagande haineuse et meurtrière » (nos sources font valoir que ces termes figurent dans le mandat d'arrêt, quasiment prêt) menée par la radio et télévision d’État durant la crise post-électorale.
Quant au chef des milices pro-Gbagbo de l'Ouest, le procureur s'est résolu à le poursuivre parce que son nom serait plusieurs fois revenu dans les témoignages recueillis par les enquêteurs de la CPI, présents dans la zone en février dernier. Mao Glofiéhi aurait été en effet cité à maintes reprises comme faisant partie des auteurs des massacres qui ont eu lieu au quartier Carrefour, à Duékoué, entre le 26 et le 30 mars 2011, et qui ont fait près d'un millier de morts.
Sept (07) pro-Ouattara également dans le viseur d'Ocampo
Dans le camp adverse, c'est-à-dire celui du président Alassane Ouattara, nos sources assurent que le Procureur de la CPI est aux trousses de six (06) chefs de guerre et d'une personnalité civile. Au titre des militaires, Ocampo aurait épinglé le capitaine Eddy Medi, les commandants Chérif Ousmane, Losseni Fofana dit Loss, Coulibaly Ousmane dit Ben Laden, Fofié Kouakou Martin et le supplétif des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), Amadé Ouérimi.
Ici aussi, nos sources décrivent sommairement les charges qui seraient retenues contre les mis en cause. Le capitaine Eddy Medi et le commandant Loss (encore appelé « Cobra ») seraient tenus pour pénalement responsables des massacres à l'Ouest, et particulièrement ceux intervenus à Duékoué, au quartier Carrefour. Chérif Ousmane et Ben Laden seraient incriminés pour leur rôle joué dans la féroce répression des miliciens et des mercenaires pro-Gbagbo à Yopougon, notamment au quartier Koweit. Par ailleurs, Ocampo aurait aussi épinglé Chérif pour les épurations à l'Ouest en 2003. Ce qui laisse supposer que la CPI a pris en compte les éléments de preuve remontant à 2002. Fofié Kouakou Martin, déjà sous sanction onusienne depuis 2005 (en même temps que Blé Goudé), aurait été ajouté à la liste pour les faits remontant à la même période. Quant au chef milicien pro-Ouattara, Amadé Ouérimi, la CPI le poursuivrait également pour les massacres de Duékoué, auxquels son nom et son image seraient associés. Dans le camp du président Alassane Ouattara, l'unique personnalité politique citée pour l'instant est l’actuel président de l'Assemblée nationale.
Selon nos sources proches du Bureau du Procureur, Soro Kigbafory Guillaume serait sous le coup d'un mandat d'arrêt de Moreno-Ocampo pour deux périodes distinctes. D'abord en tant que Secrétaire général du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire) puis des Forces nouvelles. Et ensuite, pour avoir commandé les troupes des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), en sa qualité de ministre de la Défense dans le Gouvernement formé par Alassane Ouattara à l'hôtel du Golf, pendant la crise postélectorale. Selon l'argumentaire du procureur Ocampo et de la CPI, le politique est toujours le donneur d'ordre aux militaires en cas de crise armée. Donc si Laurent Gbagbo, en tant qu'ex-chef de l’État, est poursuivi en sa qualité de chef suprême des armées régulières, Soro Guillaume pourrait répondre des violations des droits de l'Homme commises par les FRCI, pour avoir conduit la bataille de prise de pouvoir.
ANASSE ANASSE