CPI: LE PIÈGE DE LA QUESTION DE LA COMPÉTENCE DE LA CPI POUR JUGER LAURENT GBAGBO

Le 08 octobre 2012 par Correspondance particulière - Depuis quelques temps, des voix s’élèvent pour demander avec insistance, si la CPI est compétente pour juger le président Laurent Gbagbo. Voici une question qui, bien qu’ancienne, parce que posée depuis le début le

Le Président Laurent Gbagbo le 05 décembre 2011 à La CPI, lors de l'ouverture de son procès.

Le 08 octobre 2012 par Correspondance particulière - Depuis quelques temps, des voix s’élèvent pour demander avec insistance, si la CPI est compétente pour juger le président Laurent Gbagbo. Voici une question qui, bien qu’ancienne, parce que posée depuis le début le

complot, apparaît aujourd’hui comme un piège, que nous, Ivoiriens et Africains attachés à la dignité, devons éviter.
Laurent Gbagbo à La Haye, une équation dangereuse pour les comploteurs :
Le fait est que dès le début, l’enlèvement, puis le transfèrement de l’homme d’Etat ivoirien en Europe a eu comme un goût amer pour les auteurs du complot contre la Côte d’Ivoire. Ils ont vite eu l’impression d’avoir fait une erreur, en déportant leur prisonnier à La Haye. Sarkozy était encore au pouvoir en France et les maîtres du complot ont compris qu’ils risquaient beaucoup à juger Gbagbo à La Haye : l’historien et politicien très avisé qu’est leur prisonnier, se retrouvait à une tribune bien large d’où les informations sont audibles du grand nombre. Ils ont alors opté de ramener Laurent Gbagbo chez lui où, avec leurs hommes au pouvoir, le crime était beaucoup plus facile. C’est alors que furent posés des actes aux allures anodines, mais qui devaient permettre de rattraper la situation. A l’audience de confirmation des charges, une faute a été délibérément mise dans le nom et le lieu de naissance Laurent Gbagbo, tels qu’établis à l’état civil. Il suffisait que le prévenu prouve que ce ne sont pas son nom et son lieu de naissance, pour qu’on parle de son retour en Côte d’Ivoire, en avançant la nécessité de refaire les papiers selon les termes de l’état civil du prévenu. On se rappelle que Laurent Gbagbo a dit à peu près ceci : « mais, c’’est mon nom ! On m’appelle également ainsi; donc il s’agit bien de moi ! » Il restait donc à La Haye ! Les comploteurs, on se rappelle ont tenté d’autres coups de forces. On a même entendu parler d’empoisonnement…Puis, sont arrivées les reports successifs du procès. Aujourd’hui, la CPI demande que lui soient livrés les autres mis en cause dans ce qu’on reproche à Gbagbo ; et surtout, cette Court semble mal à l’aise, quant à imaginer des subterfuges pour ajourner indéfiniment le procès. Alors, on revient à l’option des premiers instants: même si Sarkozy n’est plus le président de la France, les choses sont restées totalement en l’état dans le monde occidental, commanditaire du crime en Côte d’Ivoire où, pour ainsi dire, les acteurs sont toujours à l’ouvrage. On veut donc trouver une formule pour ramener le prisonnier à son départ. On imagine alors les scénarii, naturellement avec les maîtres du complot : ainsi on a le coup de signer, maintenant, les dispositions qui donnent droit à la CPI d’être compétente en Côte d’Ivoire. Et on joue comme aux échecs : on se comporte comme si l’objectif n’était pas de dire que la loi n’étant pas retro active, puisque c’est seulement maintenant que la CPI peut agir en Côte d’Ivoire, il faut ramener Laurent Gbagbo qui a été déporté à La Haye de la façon que l’on sait ! Du même coup, la CPI ne peut plus réclamer les autres mis en cause, et on est tranquille. Voici, simplement dit, l’objectif du fait que la Côte d’Ivoire devient, maintenant, partie prenante du traité relatif à la CPI. Mais on fait comme si ce n’était pas cela, et on piaffe d’impatience de voir la défense de Gbagbo s’engouffrer dans le piège ainsi tendu ! Il ne faut pas y tomber !
Laurent Gbagbo est à La Haye, qu’il y reste, et il faut « aller jusqu’au bout ! »
On est mouillé jusqu’au cou, pourquoi aurait-on maintenant peur de l’eau ? Le débat sur la compétence de la CPI pour juger l’homme d’Etat ivoirien ne nous concerne plus. On y est, on y reste ! Et on va jusqu’au bout. Laurent Gbagbo, qui a souvent été incarcéré le sait : lorsqu’on est en prison pour des raisons politiques, c’est un leurre que de croire qu’on peut en sortir autrement que par des situations ou arguments politiques. Et puis, tous les lutteurs savent qu’on ne suit volontiers l’adversaire sur un terrain que lorsqu’on est sûr de l’efficacité de ses arguments contre cet adversaire sur ce terrain-là. Les ennemis de la Côte d’Ivoire cherchent à quitter le terrain de La Haye parce que sur ce terrain-là, leurs arguments s’effritent avec le temps. Il faut même dire que depuis le début, ils ont joué sur le faux, le mensonge. Ils ont alors compté sur la précipitation, la brièveté du temps, pour boucler le crime. Mais, il ne finit pas de s’allonger, le temps, et les voilà en train de tendre des pièges. Alors, on se rappelle que le président Gbagbo aime à dire que « le temps, c’est l’autre nom de Dieu ! » Ils croient, nos bourreaux, que Dieu ne peut rien contre eux ! Nous attendons de voir. Entre temps, ne nous laissons pas avoir par des pièges qu’on monte lorsque les prévisions n’ont pas l’aboutissement escompté. Si Laurent Gbagbo doit être jugé, il faut que ce soit à La Haye, devant le monde entier. Que tout ce qui doit être dit le soit et que le monde entier, souvent aveuglé par les intérêts de toutes sortes, découvre la face hideuse de ceux qui se croient tout permis sous les cieux.
Que Dieu nous bénisse et protège la Côte d’Ivoire.

Une contribution de NDA ADJOUA SUZANNE
Enseignante