CONGO BRAZZAVILLE: LETTRE OUVERTE DE LA DIASPORA CONGOLAISE A FRANCOIS HOLLANDE A PROPOS D'UN VRAI DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF

Le 29 décembre 2012 par IVOIREBUSINESS - LA DIASPORA CONGOLAISE SOLLICITE LA MÉDIATION DE FRANÇOIS HOLLANDE POUR UN DIALOGUE AVEC SASSOU N'GUESSO.

Le Comité ad hoc pour le dialogue
Chez Brice Sylvestre Nkéoua
4, rue Maurice Utrillo
91600 Savigny sur Orge
bricekeoua@yahoo.fr
Tél : 0652365424

Paris, le 20 décembre 2012

Présidence de la République
Palais de l'Elysée
55, rue Faubourg ST-Honoré 75008-PARIS

Lettre ouverte des Congolais de la diaspora à François HOLLANDE pour solliciter la facilitation et la médiation de la France à propos de la tenue d’un vrai Dialogue National sans Exclusif (Conférence Nationale Souveraine) au Congo.

Monsieur le Président,

Les valeurs partagées qui forment notre héritage commun avec votre pays, nous poussent à venir auprès de votre bienveillance dans la foulée de votre excellent discours tenu lors du dernier sommet de la francophonie à Kinshasa (RD Congo), pour évoquer le cas du Congo-Brazzaville voisin miné dans ses fondements (politiques, économiques et sociaux) depuis le coup d'État de SASSOU NGUESSO en 1997 par ce que vous avez su bien dénoncer dans votre discours .

Tout d’abord monsieur le président, nous avons apprécié l’analyse présentée par votre discours, tant dans les aspects positifs que dans les critiques et les propositions. C’est avec raison que vous avez constaté le manque de volonté politique pour la mise en place des véritables États de droit et régimes démocratiques dans la plupart des pays francophones d’Afrique en général et, au Congo Brazzaville en particulier

Ceci dit monsieur le président, constatons ensemble que depuis le coup d'État militaire de SASSOU NGUESSO en 1997, l’abrogation de la constitution de 1992 (la seule constitution aux origines réellement populaires dans toute l’histoire du Congo) et depuis son auto- proclamation président ; la République du Congo n’offre plus la possibilité de promouvoir la démocratie et de retrouver les bases politiques, économiques et sociales d'un État de droit. Bases qui prennent en compte nos valeurs communes partagées. C’est là que réside le mal congolais.

Et, le pire est qu’il n’a jamais réussi à redresser l’image démocratique du Congo malgré la reconnaissance et le soutien international de son régime. Alors que les valeurs et les règles de jeu politique issues de la conférence nationale souveraine sont des progrès parce qu’elles donnent une chance à ceux qui ont été exclus pendant le monopartisme de participer aussi à la gestion du pays, de remédier à la fragmentation sociale et d’effacer les inégalités sur la base ethnique ; le Congo post-conflictuel de SASSOU NGUESSO a ressuscité les valeurs d’un autre âge. Le taux d’abstention élevé aux différentes élections organisées pour légitimer son pouvoir, est révélateur du nouveau climat de crise que connaît le Congo. Les gouvernants issus du coup d’État de 1997 ne peuvent donc plus balayer d’un revers de la main cette vérité visible à chaque élection.

En conséquence, il y a un vrai divorce entre les gouvernants issus du coup d’État de 1997 et le peuple congolais parce que ce dernier refuse toujours de se déplacer à chaque élection pour les légitimer. Le Congo vit actuellement des bouleversements sans précédent et connaît une crise de légitimité qui conduit à des élections en trompe-l’œil à chaque scrutin. Si la croissance économique est au rendez-vous sur le papier grâce à la rente pétrolière et les investissements étrangers de retour ; rien n’a changé pour les Congolais. Les biens mal acquis de la famille NGUESSO, les calamités dues à la bêtise humaine et la présence des milliers de sinistrés abandonnés à eux-mêmes, conséquences de la mauvaise gestion de la chose publique, confirment cette vérité. Leur politique fait que nous avons à craindre le pire.

De plus, la crise congolaise qui au demeurant était une crise de personne, de régime, tout au plus de légitimité tant aujourd’hui à devenir un vrai obstacle pour le présent et l’avenir démocratique du Congo. Ce qui est plus grave, elle sert de tremplin au tribalisme et aux discriminations qui provoquent des frustrations, des tensions et des conflits dans le pays. Nous devons tous prendre des mesures énergiques avant qu’il soit trop tard. Certaines personnes, peut-être sans le vouloir, sont la cause principale de cette situation-là. Les accords de cessez-le-feu et les règlements de paix ont certes fait taire les armes, mais le pouvoir issu du coup d’État de 1997 n’assure toujours pas la paix et la sécurité humaine des Congolais.

Cependant, une question préalable se pose monsieur le président et, nous l’énonçons en toute clarté: existe-t-il une opposition réelle entre les exigences d’un dialogue national sans exclusif (conférence nationale souveraine) et la défense des intérêts français au Congo, entre la fidélité aux valeurs de la francophonie et le désir de changement du peuple congolais ?
Nous pensons qu’il n’y a pas d’opposition irréductible entre ces valeurs, qu’une synthèse est même possible. Il nous faut bâtir en conséquence notre solidarité francophone, afin de constituer un « bloc » cohérent sur le plan des valeurs communes partagées.

Dès lors, la France ne devrait plus se montrer prudente sur l’idée d’un éventuel changement de régime au Congo parce que parmi les francophiles qui réclament le changement, personne ne souhaite la fin d’une relation privilégiée avec la France. Malgré nos sauts d’humeur vis-à-vis de la France occasionnés par la caution morale qu’elle a apportée au régime de Brazzaville dans le passé, nous sommes conscients que Brazzaville a toujours été une petite ville gauloise.

Au contraire, nous regrettons que l’économie congolaise ait pris un tournant chinois décisif avec SASSOU NGUESSO et, la stratégie actuellement suivie par ce dernier puisse mettre en danger les intérêts français au Congo. Tout doit être mis en œuvre pour un retour aux valeurs communes partagées: liberté, égalité, droit de l’homme, démocratie, élections transparentes et crédibles. Nous Congolais, nous ne nous satisfaisons pas des réponses humiliantes, dévalorisantes et traumatisantes apportées par ces hommes politiques issus du monopartisme marxiste-léniniste qui ont des valeurs que de noms et, qui sont en fait que des thérapies d’occupation illégitime du pouvoir par la force.

Donc, le soutien et la reconnaissance diplomatique du régime illégitime de Brazzaville n’ont plus de sens car, ces derniers ne contribuent qu’à la mort des valeurs communes partagées. Il faut que notre modèle en matière de démocratie et de droit de l’homme dans la famille francophone, c’est-à-dire, la France, agisse comme le demandent ces valeurs partagées, en se donnant les moyens nécessaires dans une logique de défense de la démocratie et de l’État de droit. Faute de quoi, la crédibilité de la francophonie serait en cause.

C’est pourquoi, nous souhaiterions que la France puisse appuyer notre projet de dialogue national sans exclusif (conférence nationale souveraine) et aimerions aussi qu’elle accepte de devenir l'unique médiatrice et facilitatrice de la crise congolaise pour le rétablissement des valeurs communes partagées décapitées par SASSOU NGUESSO. Cela veut dire qu’elle accepte d’accompagner le pouvoir Brazzaville et l’opposition Congolaise dans la phase préparatoire dudit dialogue (discussion franche sur la date de la tenue du dialogue national sans exclusif au Congo, mise en place de cahier des charges et élaboration de l’ordre du jour). Pour la sécurité et le respect de tous les Congolais, nous proposons que cette première phase se tienne en France, c’est-à-dire, au pays du facilitateur. Le respect de chaque congolais implique qu’il soit écouté et participe aux pourparlers sans peur des représailles à la sortie.

Enfin, nous sommes persuadés que la France qui a toujours œuvré pour la justice, la démocratie et les droits de l’homme dans le monde, approuvera et soutiendra notre démarche. Nous profitons de cette occasion pour réaffirmer avec force notre francophilie. Nous sommes pour une ouverture large du marché intérieur et extérieur congolais aux entreprises françaises. Nous nous engageons également à restituer aux familles françaises qui le souhaitent, les maisons et parcelles spoliées durant le monopartisme sur présentation de documents.

Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de nos sentiments respectueux.

Le C.A.D

Pour la diaspora de France

Brice NKEOUA

Bertin MALANDA

Pour la diaspora d’Angleterre

JACOB KIMBEMBE

Pour la diaspora du Canada et Amérique du nord

Omer MALONGA