CONGO-BRAZZAVILLE: LE CRAC ECRIT A SASSOU N'GUESSO

LE CRAC INTERPELLE LE PRÉSIDENT CONGOLAIS.

COMMUNIQUE DU Comité de Resistance et d'Action pour le Congo - CRAC

Monsieur le Président Denis SASSOU NGUESSO
Brazzaville -République du Congo

Paris le 14 février 2013

Monsieur le Président,

Conformément au dispositif de l'Article 40 de la Constitution du 20 janvier 2002, je me permets d'appeler votre attention au regard de la situation politique actuelle dans le pays.

En effet, la Constitution du 20 janvier 2002 dont vous êtes l'auteur, stipule dans son préambule que « les expériences vécues à travers les différents régimes politiques qui se sont succédés ainsi que celles des autres peuples, ont conduit le peuple congolais à faire le choix de la démocratie pluraliste comme système de valeurs devant orienter le développement du pays et répondre à la demande collective d'un mieux être social ».
« Nous, peuple congolais, proclamons notre ferme volonté de bâtir un État de droit et une Nation fraternelle et solidaire, condamnons le coup d’État, l'exercice tyrannique du pouvoir et l'usage de la violence politique sous toutes ses formes, comme moyen d'accession au pouvoir ou de sa conservation, adhérons aux valeurs universelles de paix, de liberté d'égalité, de justice ».
« Réaffirmons le caractère sacré de la vie humaine et le droit à la différence ».

Dans les Articles 7 et 9 du titre II, sur les droits et liberté fondamentaux, il est écrit :« La personne humaine est sacrée et a droit à la vie. L’État a l'obligation absolue de la respecter et de la protéger. Chaque citoyen a le droit au libre développement et au plein épanouissement de sa personne. La liberté de la personne humaine est inviolable. Nul ne peut être arbitrairement accusé, arrêté ou détenu ».

Cependant, il est clairement démontré, que malgré toutes ces dispositions constitutionnelles, les violations des libertés individuelles et collectives, l'élimination mystérieuse des congolais à des fins politiques, les accusations et arrestations arbitraires sont aujourd'hui, la marque de référence de votre pouvoir, symbole du deuil et de la misère. Certaines morts suspectes, soulignent une atmosphère très tendue, en prise avec les forces démoniaques dans le pays.

Pour ce qui est de l'exercice du pouvoir au Congo, l'Article 57 de ladite Constitution précise bien :« Le président de la République est élu pour sept ans au suffrage universel direct. Il est réélu une fois ». Cet Article fixe donc le mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une fois.
De ce fait, en tant que citoyen congolais, vous devez, vous aussi, vous conformer au dispositif de l'Article 50 de la Constitution qui spécifie que « tout citoyen a le devoir de se conformer à la Constitution, aux lois et règlements de la République ».

Aujourd'hui, il est explicitement établi qu'à défaut d'un successeur crédible au sein de votre entourage, vous vous engagez avec votre équipe à modifier l'Article 57 de la Constitution pour vous maintenir à vie au trône. C'est ce qui justifie actuellement l'accumulation massive des armes de guerre et le recrutement des mercenaires.

Mais, sachez d'ores et déjà qu'après 30 ans de règne tyrannique et oppresseur, vous ne pouvez plus prétendre à un autre mandat au Congo. Vous ne pouvez plus avoir la main libre de faire des congolais ce que vous voulez. Tout au long de l'histoire de votre vie politique, vous n'avez cessé de projeter sur le miroir, les vertus de la puissance, de la force, de l'intelligence, de la ruse, de la malice et de la surprise. Mais. ….Tout cela a un temps.

Le temps n'est-il pas venu de faire votre examen de conscience afin de quitter la vie politique par la grande porte ? Le temps n'est-il pas venu de cesser de répandre le sang des innocents à cause de la violence politique ? Le temps n'est-il pas venu d'arrêter de sacrifier le sang des Congolais aux idoles pour le pouvoir ? Le temps n'est-il pas venu de suivre l'exemple de Benoît16, premier Pape de l'ère contemporaine qui renonce volontairement au pontificat, donc à la gloire, au pouvoir, aux honneurs et qui restera intimement marqué par l'histoire du XXIème siècle ?

Nous devons, en effet, tous savoir que l'homme, si puissant qu'il soit, est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe. Mais, dans la vie de chacun, il n'y a que deux événements majeurs : la date et l’année de sa naissance d’une part, la date et l’année de son décès. Le TIRET entre ces deux dates représente ce que chacun a fait sur cette terre.
Jusques à quand devez-vous continuer à faire la guerre à vos compatriotes pour le pouvoir qui a toujours été au cœur des crimes et assassinats politiques ?
Jusques à quand devez-vous continuer à remplir les cœurs des Congolais de crainte, de harcèlement, de souffrances et de privation des libertés ?
Devez-vous laisser à vos arrières petits fils un cœur rempli d’amertume, de souffrances et de cicatrices de votre passé ?

Pour ma part, je vous conseille de quitter la vie politique par la grande porte comme le font souvent les grands hommes d’État. Un grand homme d’État, est celui qui n'oublie pas d'où il vient. Il est en mission pour son peuple ; soyez donc sage.

De toute évidence, ce nouveau coup d’État constitutionnel en préparation ne réussira pas, malgré le vent qui souffle, le feu qui cherche à dévorer et le marteau qui tente de cogner. Tous ceux qui vous poussent au coup de force, seront vaincus. Bien entendu, nous savons que l'achat des armes par l'argent du pétrole et le recrutement des mercenaires pour tuer les congolais deviennent une activité majeure au sein de votre entourage. Mais, le peuple congolais aura le courage et la force de marcher au travers de ces flammes menaçantes conformément au dispositif de l'article 10 de votre Constitution du 20 janvier 2002, parce que nous nous tenons pour la justice.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes meilleures salutations.

Romain Bedel SOUSSA

Romain Bedel SOUSSA
Ancien Conseiller
du Président Pascal Lisouba

Président du Comité de Résistance et d'Action pour le Congo - CRAC