COMMISSION DIALOGUE, VERITE ET RECONCILIATION: Charles Konan Banny coincé
Le 14 juillet 2011 par l'Inter - Président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny peine à lancer sur les rails le train de la réconciliation. Faute d'une feuille de route claire et de ressources
Le 14 juillet 2011 par l'Inter - Président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny peine à lancer sur les rails le train de la réconciliation. Faute d'une feuille de route claire et de ressources
matérielles et financières disponibles, l'ex-Premier ministre se contente de défricher le terrain. En attendant les textes et l'argent. Devant le pressant besoin des organisations de la société civile de jouer leur partition dans le processus de réconciliation, Banny avait entrepris de les recevoir à son cabinet privé pour partager avec elles la vision qu'il a de sa mission et recueillir leurs suggestions; le temps que les textes de loi viennent délimiter les contours de cette mission en précisant la composition de la Cdvr et ses prérogatives. Pour cette phase d'écoute qui dure depuis plus d'un mois, « le président de la Cdrv a effectué 150 audiences ou séances de travail avec plusieurs groupements politiques, religieux, associatifs », a indiqué récemment son porte-parole, M. Franck Kouassi Sran, au cours d'une conférence de presse. C'est dans ce même cadre que s'inscrit la rencontre que Banny a eue la semaine dernière avec le patronat. Mais, jusqu'à quand vont durer ces rencontres informelles, qui s'apparentent davantage à des échanges d'avant-scène ? A la vérité, le président de la Commission n'est pas encore entré dans le vif du sujet, faute de textes fixant clairement les règles du jeu. Depuis sa désignation début mai, à la faveur de la visite en Côte d'Ivoire des Elders (Le révérend Desmond Tutu, Kofi Annan, Mme Mary Robinson), les Ivoiriens attendent toujours ces textes constitutifs de la Commission qui doivent en dessiner les contours. Mais depuis, rien. D'où cette impression d'immobilisme de la Cdvr, en dépit de quelques initiatives volontaristes de son président. Pourtant, les nouvelles autorités semblent faire de la réconciliation des Ivoiriens le préalable à la reconstruction du pays. La semaine dernière, à la cérémonie d'ouverture du séminaire gouvernemental, le président Alassane Ouattara a soutenu qu'elle constitue, avec la sécurité, « les deux premiers défis majeurs » à relever par le gouvernement. D'ailleurs, au dernier conseil des ministres du 29 juin, le gouvernement pressait pratiquement la Commission de débuter ses travaux: « Le président de la République a souhaité l'accélération des procédures en cours pour mettre fin à l'impunité en Côte d'Ivoire et aller à la réconciliation de tous les Ivoiriens. Dans ce cadre, le président de la République a souhaité un démarrage rapide des activités de la Commission dialogue, vérité et réconciliation ». Mais, dans le même temps, le communiqué est muet sur les textes devant être pris pour permettre à la Cdvr de se mettre en mouvement et même sur les moyens logistiques et financiers à dégager à cet effet. Comment Banny peut-il lancer la machine s'il n'a pas la boussole, c'est-à-dire les textes et les moyens qui vont avec ?
A QUAND LES TEXTES ET L'ARGENT ?
A l'évidence, le gouvernement veut une chose et son contraire. Tout en appelant la réconciliation de tous ses voeux, il ne semble pas l'inscrire au nombre de ses priorités. En témoigne le fait qu'aucune des actions jugées prioritaires par le gouvernement pour les six mois à venir ne soit consacrée à la réconciliation ou à des activités s'y rapportant. Comme si durant cette période, aucun acte majeur ne sera posé en vue de traduire dans les faits l'aspiration des Ivoiriens à la réconciliation. Plus préoccupant: aucun chapitre du budget national 2011 ne prend en compte les activités relevant du processus de réconciliation. Du coup, on se demande si la réconciliation tant prônée n'est pas le dernier des soucis de nos gouvernants. « Comment peut-on prétendre vouloir réconcilier les Ivoiriens, si on tarde à prendre les textes relatifs à la Commission dialogue, vérité et réconciliation ? Comment peut-on prétendre réconcilier les Ivoiriens si cette Commission n'a pas de locaux ? », fulmine un influent membre de la société civile. Il importe donc que l'exécutif donne un signal fort en donnant au président de la Commission, les moyens de traduire dans les faits le voeu du gouvernement de réconcilier les Ivoiriens. Faute de quoi, Banny restera coincé aussi longtemps que les textes et l'argent se feront attendre.
Assane NIADA