Chronique diplomatique : L’axe Côte d’Ivoire – Ghana enrhumé : l’économie de la Cedeao désarticulée
Publié le lundi 1 octobre 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Quelle folle semaine entre la Côte d’Ivoire et le Ghana que ces derniers jours du mois de septembre 2012 ! « Fermez les frontières», un mot d’ordre du
Publié le lundi 1 octobre 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Quelle folle semaine entre la Côte d’Ivoire et le Ghana que ces derniers jours du mois de septembre 2012 ! « Fermez les frontières», un mot d’ordre du
président de la Cedeao Alassane Ouattara. Un mot d’ordre qui, sur le plan ‘’Eco-diplomatie’’ a une terminologie dangereuse. Le président Ouattara, président en exercice de la Cedeao fait lui-même un trouble à son statut de président de ‘’l’ Eco-diplomatie’’ de la sous région ouest-africaine, dont il est au cœur de l’enjeu économique. Alassane Ouattara est le président d’un vaste ensemble économique et social de plus de 200 millions d’habitants, et ne doit irrémédiablement entraîné tous les ‘’partenaires’’ de la Cedeao dans un malaise généralisé. Dans la version ‘’Eco-diplomatie’’, quand le président en exercice de la Cedeao ferme les frontières Côte d’Ivoire-Ghana, il déclenche, sans le savoir, une asphyxie massive, désarticulant l’ordre libéral d’une économie ouest-africaine : le Bénin, le Togo, le Nigeria, le Ghana perdent automatiquement l’envolée de leurs enjeux de développement social. De son statut de président en exercice de la Cedeao, Alassane Ouattara est le garant de la saine qualité de l’espace économique, de plus de 200 millions de populations ou d’opérateurs économiques. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire doit contrôler sa « fièvre frontalière » avec le Ghana, quelque soit l’ampleur de l’évènement avec Accra. Si la Côte d’Ivoire entre en guerre avec le Ghana, le président Ouattara, président en exercice de la Cedeao, sera-t-il ‘’joueur’’ ou arbitre ? Je conseille au président en exercice de la Cedeao de ne pas être ‘’excessif politique’’ sur chaque évènement et ne pas s’affoler face à des situations inédites. C’est une exigence impérieuse pour un président, surtout à la tête d’une sous-région ouest-africaine riche en rébellions, coups d’Etat. Je conseille au président en exercice de la Cedeao d’aborder le voisinage ivoiro-ghanéen avec un autre regard. Le Ghana est lui aussi incontournable dans l’équation ‘’Eco-diplomatie’’ de l’espace Cedeao. Autrement dit, fermer les frontières avec le Ghana, éloigne le Bénin, le Togo, le Nigeria de la croissance de leurs économies. Aussi, si la Cedeao est désarticulée, les investisseurs se tourneront vers des espaces économiques comme la Cemac en Afrique centrale, ou la Sadc, en Afrique Australe. Le président Ouattara doit prendre cet indicateur au sérieux. La Côte d’Ivoire, à mon avis, n’a pas d’histoire coloniale avec le Ghana. Seules les valeurs des sagesses coutumières et traditionnelles unissent Ivoiriens et Ghanéens. A l’analyse qui paiera la facture d’une économie désarticulée dans l’espace Cedeao ? Tout le monde sait que le Nigeria est une puissance économique avec sa force de valeurs pétrolières. Tout le monde sait également que le Ghana a aujourd’hui, une longueur d’avance sur la Côte d’Ivoire en matière de ‘’positionnement’’ cacaoyer sur le plan mondial. Aujourd’hui, je souhaite que le président Alassane Ouattara ne s’affole pas face aux évènements quelles que soient leurs ampleurs : les crises politiques, les grèves, les coups d’Etat, les marches de protestation, les rébellions sont les ‘’collatéraux’’ de tout pouvoir présidentiel. Qui paiera la facture politique ou d’un échec du président Alassane Ouattara à la tête de la Cedeao ? Les accusations et les soupçons seront vite portés sur la mauvaise gouvernance de la Cedeao par le président de la Côte d’Ivoire. Les plus heureux seront d’autres Ivoiriens, qui pensent que Alassane Ouattara n’est pas un homme politique. Un métier où l’on trouve l’humour, les coups-bas, l’hypocrisie constitués de faux amis et de faux conseillers. Et, pour toutes ces raisons d’éthique, je souhaite que le président en exercice de la Cedeao s’éloigne de toutes confrontations avec le Ghana, lui aussi agacé d’être une base arrière à un mouvement de résistants ivoiriens. Qui paiera la facture d’une histoire désarticulée entre le Ghana et la Côte d’Ivoire ? Ceux qui poussent Alassane Ouattara à entretenir une tension inutile entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. Ceux qui pensent que les maladresses diplomatiques sont les seules manières à effacer le Ghana sur la carte de l’Afrique de l’Ouest. Abidjan et Accra, c’est l’histoire de l’Afrique libre, avec Félix Houphouët-Boigny, fondateur du Rassemblement démocratique africain à Bamako en 1946 et Kwamé N’Krumah chef de file du panafricanisme africain, dont le pays, le Ghana, est indépendant depuis 1957. Le président Alassane Ouattara doit prendre cet indicateur au sérieux, et pour ces raisons éthiques, rouvrir rapidement les frontières entre la Côte d’Ivoire et le Ghana. Le président en exercice de la Cedeao ne doit pas écouter les ‘‘extrémistes’’ politiques. A la semaine prochaine.
Par Ben Ismaël