Charles Taylor, l'homme qui a fait basculer une région dans l'horreur

LEIDSCHENDAM (Pays-Bas) (AFP) - 27.04.2012 05:22
Ex-chef de guerre devenu président du Liberia par les urnes, Charles Taylor, 64 ans, jugé coupable jeudi de crimes en Sierra Leone, est accusé

Charles Taylor le 26 avril 2012 à la Haye.

LEIDSCHENDAM (Pays-Bas) (AFP) - 27.04.2012 05:22
Ex-chef de guerre devenu président du Liberia par les urnes, Charles Taylor, 64 ans, jugé coupable jeudi de crimes en Sierra Leone, est accusé

d'avoir plongé une partie de l'Afrique de l'Ouest dans un enchaînement de conflits sanglants dans les années 1990.
Cet homme d'origine bourgeoise a connu l'université américaine, puis les bancs de l'administration libérienne avant de devenir un chef de guerre avide de pouvoir, puis un président aussi contesté que redouté entre 1997 et 2003.
Charles Ghankay Dahkpannah Taylor est né en 1948 dans une banlieue aisée de Monrovia d'un père et d'une mère d'origine afro-américaine appartenant à l'ethnie des Gios qui a dirigé le Liberia de 1822, date de sa fondation, à 1980.
Diplômé d'économie du Bentley College (Massachusetts), il entre en 1979 dans la fonction publique libérienne où il est surnommé "superglue" pour sa tendance à s'accaparer les deniers publics.
Accusé en 1983 du détournement de 900.000 dollars, il se réfugie aux Etats-Unis où il est emprisonné avant de s'évader et de fuir en Côte-d'Ivoire, puis en Libye où il passe par des camps d'entraînement.
Six ans plus tard, dans la nuit de Noël 1989, il déclenche au Liberia une des plus atroces guerres civiles du continent africain, recourant notamment au recrutement forcé d'enfants soldats.
Ses combattants, souvent drogués, ont été accusés des plus cruelles tueries et atrocités, mutilations, viols et actes de cannibalisme.
En 1997, après un accord de paix signé sous les auspices de la communauté internationale, les Libériens élisent à la présidence ce chef de guerre devenu le principal homme fort du pays lors d'un scrutin paradoxalement considéré comme assez démocratique.
En 1999, le vent tourne avec le lancement, à partir du Nord, de la rébellion des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd).
Soutenu par plusieurs pays voisins, appuyé en sous-main par les Etats-Unis, le Lurd progresse vers Monrovia. La guerre s'achève par trois mois de siège de la capitale (juin-août 2003).
Sous la pression, Taylor consent alors à abandonner la partie et quitte le pays le 11 août 2003 pour un exil doré au Nigeria, mettant fin à 14 ans de conflits qui ont fait 300.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.
Il avait auparavant été inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en juin 2003 par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), qui le soupçonne d'avoir alimenté dès mars 1991 dans ce pays voisin la rébellion du Front révolutionnaire uni (RUF) avec lequel il aurait trafiqué armes et diamants.
Le conflit sierra-léonais a duré une décennie (1991-2001) et a fait quelque 120.000 morts.
En mars 2006, Taylor est finalement arrêté et transféré à La Haye. Dans sa cellule du centre de détention de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye, il lit la Bible ou des romans politiques et écrit un livre, selon sa famille.
Décrit comme très calme par ses codétenus, Charles Taylor passerait également beaucoup de temps à s'entretenir avec un "conseiller spirituel".

AFP