Centrafrique: MALGRÉ LEUR ENTRÉE AU GOUVERNEMENT, LES REBELLES REPRENNENT LES ARMES
BANGUI (IVOIREBUSINESS) le 21 mars 2013 - BOZIZE DOIT PARTIR, SELON LE SELEKA.
Les rebelles centrafricains au régime du Président François Bozizé, réunis au sein du SELEKA, ont éventré un secret de polichinelle en affirmant mercredi reprendre les armes pour exiger le départ du Président Bozizé, lui-même arrivé au pouvoir par un pustch.
La raison selon eux : Le non-respect des accords de paix de Libreville par François Bozizé.
Du coup, ce nouveau volte-face du Seleka fait planer la menace de nouveaux combats dans le pays, notamment à Bangui.
"L'ultimatum est terminé. Nous allons retourner aux armes", a affirmé à l'AFP le colonel Djouma Narkoyo, un des chefs militaires rebelles, soulignant que le président Bozizé, au pouvoir depuis 2003, n'avait pas respecté les accords de paix signés à Libreville le 11 janvier.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mercredi "les attaques menées récemment par les rebelles de la coalition Séléka, en particulier à Bangassou (sud) et dans ses environs, et la menace de reprise des hostilités".
Dimanche, la rébellion avait donné 72 heures au pouvoir pour respecter les accords et retient depuis à Sibut (160 km au nord de Bangui), cinq ministres issus de la rébellion et membres du gouvernement d'union nationale formé après les accords de Libreville. Parmi les ministres retenus, jusqu'ici chef officiel de la rébellion, le vice-Premier ministre Michel Djotodia, et le ministre des Forêts, le général Mohamed Dhaffane.
Mercredi soir, le président Bozizé a signé deux décrets portant sur les revendications du Séléka. Il a notamment fait libérer "tous les prisonniers politiques et de guerre mentionnés dans les accords de Libreville" et levé le couvre-feu à Bangui, ouvrant ainsi la voie à la suppression des barrages mis en place par ses partisans. Ceux-ci contrôlaient de nombreux axes dans la capitale et étaient accusés de racket voire d'arrestations illégales de sympathisants présumés de la rébellion.
Toutes ces concessions ont été jugées tardives par le SELEKA, dont l’objectif réel, selon nos sources, est l’éviction pure et simple du Président Bozizé.
Le colonel Narkoyo du Seleka l’a dit à demi-mot en soirée: "Ce n'est pas encore ça. Ca ne suffit pas (...) Il (Bozizé) a fait semblant de signer des décrets mais il n'a pas parlé du recrutement de nos éléments dans l'armée centrafricaine (...) ni du départ des troupes centrafricaines et ougandaises".
Selon une source proche du Président Bozizé, le SELEKA fait du dilatoire. Toutes leurs revendications ont été acceptées par le régime.
Les deux principaux points d'achoppement sont la présence des troupes sud-africaines et ougandaises dans le pays et l'intégration des combattants Séléka dans l'armée. La rébellion estime que ces troupes ont été appelées par le président Bozzizé pour se maintenir au pouvoir. Elle réclame l'unique présence de forces sous-régionales.
Actuellement, l'effectif de la Fomac (la force mixte) composée de Tchadiens, Congolais, Camerounais et Gabonais est estimé à environ 500 hommes alors que la France dispose dans le cadre de l'opération Boali de 250 hommes qui ne sont pas intervenus pendant l'offensive rebelle entamée le 10 décembre et qui s'est achevée aux portes de Bangui le 11 janvier sous la pression internationale. Le président français François Hollande avait clairement indiqué que ces troupes n'étaient là que pour défendre les ressortissants et intérêts français.
La veille, le Premier ministre issu de l'opposition Nicolas Tiangaye avait aussi donné des gages à la rébellion lançant "un appel pressant (...) pour que l'esprit de dialogue qui a prévalu à Libreville puisse demeurer". Il avait souligné que l'intégration des combattants Séléka n'étaient pas prévus dans l'accord de Libreville.
Catherine Balineau, avec AFP