Cameroun/Côte d'Ivoire - Affaire Don Mello: On a frôlé l'incident diplomatique. Après avoir dit non à Ouattara, Biya reçoit Soro pour le consoler après son humiliation

Par IVOIREBUSINESS - Le Cameroun et la Côte d'Ivoire frôlent l'incident diplomatique dans l'affaire Don Mello.

Guillaume Soro reçu en audience par le Président Paul Biya, au palais d'Etoudi.

Selon une source extrêmement crédible proche du palais d'Etoudi siège de la présidence de la République du Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Cameroun sont passés à deux doigts de l'incident diplomatique dans l'affaire "arrestation et tentative d'extradition de Don Mello" sur mandat d'arrêt international émis par Abidjan.
Le Président camerounais Paul Biya n'aurait pas du tout goutté que le régime ivoirien fasse arrêter un opposant ivoirien sur son sol en vue de le rapatrier en Côte d'Ivoire. Selon nos informations, les autorités camerounaises, très jalouses de leur souveraineté et de l'image de pays hospitalier pour tous les africains, opposants ou non, seraient rentrés dans une colère noire en apprenant l'arrestation du ministre Ahoua Don Mello.
Mis au courant en pleine nuit vers 3h30 du matin, Etoudi entre en branle. Les ministres des Affaires Etrangères et de l'Intérieur sont immédiatement chargés de faire toute la lumière sur cette affaire. Du côté d'Abidjan, sur ordre du chef de l'Etat, l'activisme du ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko est débordant. La Communication gouvernementale est également en branle avec la ministre de la Communication Affoussy Bamba, également porte-parole adjointe du gouvernement.
Celle-ci croit avoir enfin sa revanche sur le Cameroun où elle a été récemment éclaboussée par un scandale de corruption des médias au point que la presse camerounaise ne se soit pas privée pour la trainer dans la boue.
Abidjan veut appliquer la même recette qu'au Ghana où Blé Goudé, le Colonel Abehi, et Jean Yves Dibopieu, ont été extradés en Côte d'Ivoire en l'absence de convention en la matière entre les deux pays.
Vérification faite par les services camerounais, il n'y a aucune convention d'extradition entre la Côte d'Ivoire et le Cameroun. Le palais d'Etoudi oppose donc une fin de non recevoir à la demande d'Abidjan, refus conforté par le statut de réfugié politique dont jouit le ministre Don Mello depuis le Ghana.
Le Cameroun informe alors officiellement la Côte d'Ivoire qu'elle ne livrera pas Don Mello, et que sa libération est même imminente. A Abidjan, c'est la douche froide et la colère.

Au même moment, l'affaire fait déjà grand bruit dans l'opinion surtout après l'humiliation subie la veille par le président de l'Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro dans l'hémicycle, où il a été hué par les honorables députés du social democratic front (SDF) de l'opposant Ni John Fru Ndi. Le régime ivoirien est alors au bord de la crise de nerf. Cette double humiliation passe mal.
Le Président Paul Biya, qui dans un premier temps, avait envisagé de ne pas recevoir Guillaume Soro en audience suivant ainsi son opinion publique, se ravise au dernier moment dans un geste d'apaisement.
Ce dernier est alors reçu au Palais d'Etoudi par le Président de la République. On échange les cadeaux, on fait baisser le mercure entre les deux pays, et on sauve les apparences. L'incident diplomatique est évité de justesse.
Pendant ce temps à Abidjan, l'opposition a pu apprécier la mauvaise foi et duplicité du régime.
En effet, alors que le chef de l'Etat Alassane Ouattara lance des appels depuis plusieurs mois aux exilés de rentrer au pays, avec à la clé, la promesse qu'ils ne seront pas inquiétés par la justice à leur arrivée, l'arrestation et l’extradition manquée du ministre Ahoua Don Mello ssur ordre d'Abidjan, crée un véritable malaise. L'appel du chef de l’Etat aux réfugiés risque dans ces conditions de ne plus être entendu par ces derniers.

Claude Millé

Correspondant au Cameroun