Côte d'Ivoire: Ouattara déjà candidat à la présidentielle de 2015, mais sans le soutien du Pdci-Rda
Par IvoireBusiness - Ouattara déjà candidat à la présidentielle de 2015.
Pour Ouattara, le Front populaire ivoirien (FPI), le principal parti d'opposition en Côte d'Ivoire n'existe quasiment pas, de même que toute l'opposition avec qui il ruse à souhait. Il ne veut tout simplement pas en entendre parler. Seul compte pour lui, le Pdci-Rda d'Henri Konan Bedié, grâce à qui il est parvenu au pouvoir.
Mais la nouveauté dans le paysage politique ivoirien, est que le RDR est désormais à couteaux tirés avec le Pdci-Rda. On parle même de guerre.
Les municipales et régionales du 21 avril dernier ont permis à tous de se rendre compte que la majorité RHDP a volé en éclats, sur fond d'incidents graves, de fraudes, d'accusations, de guerilla urbaine, de mort d'hommes, de sièges locaux de la Cei saccagés, etc...Le Rdr et le Pdci sont d'ailleurs allés à ces joutes en rangs dispersés.
Le spectacle offert au monde par le Pdci et le Rdr lors de ces élections était tout simplement surréaliste. Le pays s'est transformé en un champ de bataille où militants du RDR voulaient emmener ceux du Pdci au cimetière.
Les incidents ont touché la quasi-totalité des communes et surtout la capitale économique Abidjan. Youssouf Bakayoko, le président de la CEI, a regretté des "comportements de mauvais perdants".
C'est dans cette atmosphère quasi-insurrectionnelle que le chef de l’État annonce sa candidature à la présidentielle de 2015 dans les colonnes de Jeune Afrique de cette semaine. Est-ce le moment pour faire pareille annonce? Pourquoi cette précipitation? A-t-il senti le vent tourner? Veut-il prendre de court son allié du Pdci qu'il soupçonne de vouloir s'allier avec le FPI, dans une sorte d'union sacrée pour sauver la démocratie et la Côte d'Ivoire.
On parle même de "Tout Sauf Ouattara" comme ce fut le cas du "Tout sauf Wade" au Sénégal.
Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, vient d'ailleurs de convoquer pour les jours à venir, le bureau politique de son parti, pour tirer les conséquences des dernières élections. Va-t-il prendre ses distances avec le Rdr, comme le lui demandent avec insistance la majorité des cadres de son parti, qui voient dans l'alliance avec le RDR, un marché de dupes?
L'alliance RHDP, il faut se résoudre à l'évidence, a volé en éclats. Quoi donc pour la remplacer? Une nouvelle alliance avec le FPI?
C'est assurément vers cette direction que semblent bouger les choses.
Une chose est sûre: Le Pdci présentera un candidat en 2015 face à Ouattara.
C'est peut-être la raison pour laquelle ce dernier a de façon précipitée, annoncé sa candidature pour 2015. Dans le secret espoir de mettre le Pdci devant le fait accompli, afin qu'il renonce à en présenter un.
Selon nos informations, cette manoeuvre serait d'ores et déjà vouée à l'échec.
Le vrai bénéficiaire de la guerre Pdci-Rdr est le FPI. Avant et après les municipales et régionales, il a appelé le Pdci à l'union sacrée pour battre Ouattara et sauver la Côte d'Ivoire. Cet Appel semble être entendu puisque plusieurs cadres du Pdci ont fait des déclarations dans ce sens. Le Président Bedié lui-même est monté au créneau pour rassurer les ivoiriens qu'ils peuvent compter sur le Pdci dans ces moments de braises.
Selon Rinaldo Depagne, chercheur à l'International Crisis Group (ICG), la manœuvre du FPI ne manque pas de sel. Elle intervient même au bon moment où les tensions entre RDR et PDCI sont à leurs extrêmes.
Une suite favorable pourrait même lui être donnée dans les semaines ou mois à venir.
L'échec de Ouattara est patent. Le double scrutin régionales et municipales devait faire la démonstration que l'état de droit est de retour en Côte d'Ivoire. C'est un échec.
Dans les colonnes de Jeune Afrique cette semaine, il annonce qu'il est incapable de redresser la Côte d'Ivoire. D'où un second mandat. Autre échec, quand on sait les promesses mirobolantes de campagne et la pluie de milliards promis aux ivoiriens, l'échec est cinglant. La vie est devenue très chère, le chômage a atteint des sommets, la pauvreté est presente, et l'insécurité galopante, sur fond d'impunité, de justice partiale, et de rattrapage ethnique. Pourquoi donc faire confiance une seconde fois à quelqu'un qui n'a pas tenu ses promesses la première fois?
Au Pdci, on se pose la question avec beaucoup d’acuité. On n'hésite même plus à dire ouvertement qu'on a misé sur le mauvais cheval.
Laurent Gbagbo depuis sa cellule de La Haye, doit boire du petit lait.
Lui qui aime à dire que "Le temps, c'est l'autre nom de Dieu".
Catherine Balineau