Côte d'Ivoire: Morceaux-choisis

Le 28 mai 2012 par IVOIREBUSINESS - Le 18 juin 2012 prochain serait, pour les observateurs de la vie politique en Côte d'Ivoire, la date fatidique pour fermer la parenthèse de la longue crise ivoirienne. Dans les mosquées et les sanctuaires des

ADO et le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo.

Le 28 mai 2012 par IVOIREBUSINESS - Le 18 juin 2012 prochain serait, pour les observateurs de la vie politique en Côte d'Ivoire, la date fatidique pour fermer la parenthèse de la longue crise ivoirienne. Dans les mosquées et les sanctuaires des

confréries dozos, les fidèles et les adeptes sont tournés vers Dieu et vers leurs génies pour que le voyage de Gbagbo à La Haye soit sans retour. Dans les églises, dans les temples et dans les bois sacrés, d'autres ivoiriens prient bruyamment pour un retour triomphal de leur fils prodige. La Cote d'ivoire est vainement divisée entre nord et sud, entre musulmans et chrétiens, entre attieké et gnommi car dans ce pays, le militantisme politique se confond avec soutien ethnique, tribal et religieux. Cette triste réalité est le résultat de la pauvreté intellectuelle et de l'absence du sentiment de l'appartenance à une nation.

Avec son sourire narquois, le chef de l’Etat Alassane Ouattara a élargi la brèche de la division en érigeant sa politique de rattrapage ethnique en modèle de gouvernance, comme pour rappeler aux autres que lui aussi avait dans sa besace une réponse au concept d'ivoirité si cher à son doyen bien aimé, Henri Konan Bédié.

Le transfèrement du détenu de Korhogo à La Haye n'a pas été du gout de nombreux ivoiriens, qui voulaient une sortie de crise à l'africaine: C’est à dire une condamnation à la Moussa Traoré, par un appareil judiciaire acquis au président actuel ou par un pardon hypocrite qui laisse couver sous la cendre des sentiments très noirs. Ouattara estime que le système juridique plus indiqué qui serait celui au-dessus de tout soupçon est la cour pénale internationale de La Haye.
A-t-il tort? Dans le même temps, des voix s'élèvent pour réclamer la comparution de Soro Guillaume et sa bande de com-zones (aujourd'hui à la tête des institutions d'état et de l'armée) au tribunal international pour les crimes perpétrés tout au long de leur règne dans le septentrion ivoirien.
N'ont-il pas applaudi le Président Gbagbo lorsque dans rire banania, il leur accordait la grâce et l'amnistie? Ce buonisme béat et ce paternalisme absurde qui lui a valu tous les qualificatifs de grand homme d'ètat, de grand homme de paix; n'avait qu'un objectif: se maintenir à tous les prix au pouvoir.

Nos universités sont fermées depuis l'avènement de Ouattara au pouvoir. Certains l'accusent de vouloir tuer l'intellect national puisqu'il préfère des ministres comme Kandia et Sidiki Konaté dont les sorties publiques provoquent des migraines à nos enfants et engendrent de gros malaises chez les ivoiriens. Ces partisans parlent d'un pays qui avance en brandissant des devis de chantiers et des factures de travaux en cours....Les infrastructures scolaires et universitaires du nord, de l'ouest et du centre de la cote d'ivoire sont envahis par la broussaille depuis des lustres par le fait de la rébellion sortie des entrailles du règne des dozos............................................................
Donc Ouattara ne fait que reconstruire ce qu'il a détruit. En passant sous Gbagbo, ces universités délabrées qui semblaient fonctionner, n’étaient que des sous-bois où tout était permis sauf les études: affairisme et brigandages organisés par la Fesci et autres organisations affiliées. Donc on se calme, on reconstruit et on repart d'un bon pied. Cette image actuelle de notre pays est encore le fruit du manque du sens aigu du patriotisme de l'ensemble des ivoiriens. Nous devons donc payer pour nos folies, nos banditismes et nos sauvageries. Depuis l'avènement du multipartisme en 1990, nous avons tous été des générations sacrifiées, il est grand temps que nous nous assagissons, car la belle image cinquantenaire du quartier du plateau ne reflète nullement la maturité d'esprit des ivoiriens encore moins le développement de leurs réflexions.

Sous le Président Gbagbo, une infinité de hameaux et de bourgs ont été érigés en communes et en sous-préfectures. Les raisons évoquées: insuffler un dynamisme socioéconomique et arracher la gestion des ressources de ces localités des mains occultes et incultes des chefs traditionnels. Ouattara quant à lui leur renouvelle sa confiance en restaurant leurs autorités sur ces localités. Il parle de réduire les dépenses de l'état puisque ces entités sont dépourvues d'autonomie financière chacun de nous d'apprécier ces mesures. La réduction des dépenses de l'état est-elle vraiment à l'ordre du jour? Un gouvernement pléthorique, une garde présidentielle assurée à coups de milliards par des barbouzes français, un budget de souveraineté de trois cents milliards, un recrutement incontrôlé de policiers, de douaniers, de militaires, tous des rattrapés pour protéger et pérenniser le pouvoir venu du nord. Gbagbo n'a-t-il pas faire la même chose?

Droit dans les yeux, il faudrait qu'on se regarde, qu'on se parle et qu'on se concerte. Ce mode de gouvernance ne nous amènera nulle part, sinon dans une autre crise. Il faut réorganiser notre système politique, réduire le nombre de partis politiques, enseigner dans nos écoles depuis la classe de sixième la culture politique, les connaissances de la vie politique. Il faut inculquer aux ivoiriens qu'il y' a un salut hors de l'arène politique, il faudrait donner à la jeunesse l'esprit d'abnégation, de patriotisme, d'entreprise et de bénévolat...Le problème des ivoiriens est-il lié au pouvoir d'état? Un président est-il accepté que lorsqu'il appartient à notre tribu, à notre région, à notre religion? Faut-il instaurer une alternance régionale à la tète de la Cote d'ivoire? Il n'y a pas de honte à adapter le système démocratique (valeur universelle) à nos réalités socio-culturelles. Droit dans les yeux qu'on se dise certaines vérités pour éviter encore des désastres et des éternels recommencements.

Serge Sonan
Correspondant permanent en Italie