Côte d'Ivoire: les quotidiens pro-Gbagbo suspendus vont porter plainte

Le 15 septembre 2012 par Challenges.fr - Les responsables de journaux ivoiriens proches de l'ex-président Laurent Gbagbo, suspendus pour une durée de une à deux semaines, ont annoncé

vendredi qu'ils allaient porter plainte contre l'organe de régulation de la presse, qu'ils accusent de "partialité".

Le Conseil national de la presse (CNP) a décidé la suspension pour une durée de une à deux semaines de six quotidiens de l'opposition proches de M. Gbagbo. Aucun d'eux n'est disponible depuis jeudi.

César Etou, porte-parole des journaux suspendus.

Le 15 septembre 2012 par Challenges.fr - Les responsables de journaux ivoiriens proches de l'ex-président Laurent Gbagbo, suspendus pour une durée de une à deux semaines, ont annoncé

vendredi qu'ils allaient porter plainte contre l'organe de régulation de la presse, qu'ils accusent de "partialité".

Le Conseil national de la presse (CNP) a décidé la suspension pour une durée de une à deux semaines de six quotidiens de l'opposition proches de M. Gbagbo. Aucun d'eux n'est disponible depuis jeudi.

"Le CNP est pris en flagrant délit de partialité et de catégorisation de la presse ivoirienne. L'institution ne régule plus. Elle sanctionne aveuglément et malhonnêtement, et sur un seul côté !", a dénoncé lors d'une conférence de presse César Etou, porte-parole des journaux suspendus.

Les journaux ont décidé en conséquence de porter plainte contre la CNP devant la chambre administrative de la Cour suprême pour obtenir réparation.

Dans une déclaration à la presse, ils demandent également la démission du directeur de CNP, Raphaël Lakpé, un proche du président Alassane Ouattara, pour son "incapacité à conduire l'institution avec impartialité et équité" et un changement de composition de l'organe de régulation pour refléter "la diversité des lignes éditoriales".

L'annonce de la suspension, qui touche l'ensemble de la presse pro-Gbagbo, a été vivement critiquée par des diplomates et des associations, qui s'inquiètent de la situation de la liberté de la presse dans le pays.

"Le peuple ivoirien doit avoir le droit de déterminer de lui-même la validité des différents points de vue politiques, déclarations et arguments relayés par la presse", a indiqué jeudi soir l'ambassade des Etats-Unis, faisant part de son inquiétude.

L'association Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "un vrai recul de la liberté de la presse en Côte dIvoire", dans un communiqué appelant le CNP à la "retenue".

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU dans le pays, Bert Koenders, a "réitéré son attachement au principe du respect de la liberté de la presse et limportance, pour les media, dadopter un comportement responsable".

De son côté, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, a entrepris une médiation entre les responsables de journaux suspendus et le CNP.

Les journaux pro-Gbagbo sont suspendus pour avoir publié en quatrième de couverture des photographies représentant Laurent Gbagbo et ses proches emprisonnés, assorties de légendes mentionnant les postes de ministres occupées par certaines de ces personnalités pendant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011 (3.000 morts).

Ces ministres ont été désignés le 6 décembre 2010, sous l'autorité de Laurent Gbagbo, et leurs nominations ont été déclarées nulles et non avenues par une ordonnance prise par Alassane Ouattara en avril 2011.

Le CNP juge que les légendes publiées entretiennent "le sentiment de l'existence de deux gouvernements en Côte d'Ivoire", estimant qu'une "telle pratique est manifestement séditieuse" et "de nature à faire perdurer la crise post-électorale".

La presse ivoirienne est connue pour ses partis pris politiques très marqués et sa virulence, même si sa diffusion est limitée.

challenges.fr