Côte d'Ivoire: Les chefs de guerre Wattao, Fofié, Zacharia, Cherif, accusés par l'ONU de pillages
Par IvoireBusiness - Les chefs de guerre FRCI accusés par l'ONU de pillages.
NEW YORK (Nations unies) - Des chefs de guerre de l'ancienne rébellion ivoirienne ralliée au président Alassane Ouattara se livrent à un pillage du cacao et autres ressources du pays qui leur rapporte des centaines de millions de dollars, dénonce dimanche un rapport d'experts des Nations unies.
D'anciens chefs rebelles, désormais cadres de l'armée ivoirienne, continuent de se livrer au pillage du cacao et d'autres ressources du pays qui leur rapporte des centaines de millions de dollars, dénonce dimanche un rapport d'experts des Nations unies.
"Les commandants ("com-zone") des Forces nouvelles - rébellion qui contrôlait le nord du pays depuis 2002 - ayant choisi le camp du président Alassane Ouattarra contre son rival, l'ex-président Laurent Gbagbo, dans l'affrontement post-électoral de 2010-2011 forment "un réseau militaro-économique" tirant profit de la contrebande et d'un système de taxation parallèle, selon le rapport au Conseil de sécurité des experts chargés de vérifier l'application de l'embargo sur les armes à destination de la Côte d'Ivoire.
Ces chefs militaires ont été intégrés dans l'armée régulière "sans que les commandants aient abandonné leur activités économiques prédatrices sur le mode de chefs de guerre, qu'ils ont aujourd'hui étendues à l'ensemble du territoire ivoirien", selon le texte.
La Côte d'Ivoire est le premier exportateur mondial de cacao mais, pendant la saison 2011-2012, la contrebande a concerné 153.000 tonnes sur un total de 1,47 million de tonnes, essentiellement via le Ghana, précise le rapport citant des chiffres gouvernementaux.
La perte a été estimée à 400 millions de dollars, ajoutent les experts.
Autre exemple cité: un tiers de la production nationale de 450.000 tonnes de noix de cajou a également été victime de la contrebande. Le document chiffre le manque à gagner à quelque 130 millions de dollars pour le deuxième producteur mondial de noix de cajou.
Les experts dont le mandat a été renouvelé par le Conseil de sécurité la semaine dernière font également part de leurs soupçons concernant le commerce de l'or, des diamants, du coton, du bois et d'autres ressources.
Ils notent aussi que l'équilibre du pouvoir et la sécurité restent "précaires" en Cote d'Ivoire où le président Gbagbo a été chassé par la force en avril 2011 avec le soutien des forces françaises et de l'ONU.
Il est aujourd'hui détenu par la Cour pénale internationale (CPI) qui le soupçonne d'être coauteur de crimes contre l'humanité lors des troubles qui ont fait quelque 3.000 morts.
Alors que l'économie ivoirienne a rebondi en 2012, "les réseaux politiques et économiques liés aux combattants des ex Forces nouvelles se sont renforcés" avec l'intégration dans l'armée ivoirienne d'anciens commandants au lourd passif, affirme le rapport.
Il cite notamment la nomination à "des postes de commandement stratégiques" de gens comme Martin Kouakou Fofié (déjà sous sanctions de l'ONU), Issiaka Ouattara (alias "Wattao"), Hervé Touré ("Vetcho"), Zakaria Koné et Cherif Ousmane. Tous disposent d'importantes quantités d'armes, ajoutent les experts.
Malgré l'embargo sur les armes, les experts de l'ONU "ne peuvent pas exclure la possibilité" que ces commandants continuent de chercher à acquérir des armes et autres matériels. Selon des informations qu'ils citent, des armes sont entrées en Côte d'Ivoire par le Mali et le Niger voisins.
Les experts de l'ONU notent que pendant que les ex-Forces nouvelles dominent l'armée ivoirienne, des mercenaires libériens et des militants pro-Gbagbo actifs au Ghana "continuent de représenter une menace pour la sécurité".
Source: AFP Par Tim WITCHER