Côte d`Ivoire : le "général IB", putschiste devant l’éternel, fait allégeance à Ouattara
Publié le mercredi 2011 | IVOIREBUSINESS - Le chef de guerre Ibrahim Coulibaly dit IB, putschiste dans l’âme et devant l’éternel, a donné de la voix hier à son quartier général du PK18 d’Abobo, sur la route d’Anyama.
Publié le mercredi 2011 | IVOIREBUSINESS - Le chef de guerre Ibrahim Coulibaly dit IB, putschiste dans l’âme et devant l’éternel, a donné de la voix hier à son quartier général du PK18 d’Abobo, sur la route d’Anyama.
Il entendait clarifier son rôle dans la chute du Président Gbagbo, qu’il attribue au finish à la France et à l’Onuci, et se mettre à la disposition du nouveau Président Alassane Ouattara.
Cette sortie d’IB, qui se fait désormais appeler « Général », met ainsi fin à de folles rumeurs qui ont circulé sur son compte.
On le croyait en froid avec Soro et Ouattara, qu’ils ne les reconnaissait pas. Démenti formel de IB, qui non seulement reconnait Ouattara comme président, mais tend la main à Soro pour faire la paix avec lui.
L`ancien sergent-chef, "père fondateur" - selon ses propres termes - de la rébellion de 2002 qui avait échoué à renverser M. Gbagbo, se fait désormais appeler, à 47 ans, "général IB". Il a sa base aux confins d`Abobo et d`Anyama, quartiers nord d`Abidjan.
C`est là qu`à partir de janvier des insurgés baptisés "commando invisible" avaient mis en échec les forces armées de M. Gbagbo, jusqu`à les expulser de la zone, avant la capture de Gbagbo par la force Licorne le 11 avril dernier.
Pour IB, pour qu’il ait eu assaut final, il fallait d’abord un début d’assaut. Et c’est lui et ses hommes du Commando invisible d’Abobo qui ont mis en difficulté les forces loyalistes à Abobo, alors même que la rébellion subissait revers sur revers.
Dans un entretien avec l`AFP, l`un des personnages les plus mystérieux de la scène ivoirienne depuis une décennie - chef charismatique pour les uns, affabulateur incontrôlable pour les autres - revendique la paternité de déclencheur de la chute de Gbagbo et prend date.
"Ce sont mes hommes", assure-t-il au grand dam des chefs des forces pro-Ouattara (formées en grande partie de ses anciens compagnons de la rébellion), que le retour d`"IB" en pleine lumière, après ses années d`exil au Bénin et au Ghana, irrite visiblement.
Certains de ses hommes, treillis et béret rouge impeccable, sont auprès de lui quand il reçoit dans son salon meublé de larges fauteuils en cuir et de vases asiatiques.
Au bout d`un chemin de terre cahoteux auquel on accède en passant par de nombreux barrages d`hommes en armes en pleine ville, le même secteur résidentiel propret accueille un peu plus loin, parmi des herbes folles, son "état-major".
IB revendique 5000 hommes. Un chiffre qui laisse sceptiques de nombreux observateurs, même s`ils s`accordent à dire qu`il peut compter sur des éléments dévoués, évalués au minimum à plusieurs centaines.
Carrure de basketteur américain, fines lunettes et barbichette, il assène d`une voix posée: "pour qu`il y ait assaut final" contre Laurent Gbagbo, "il faut qu`il y ait un début", et ce début a eu lieu à Abobo.
"C`est le commando invisible qui a déstabilisé l`état-major de Côte d`Ivoire", dit-il, tout en refusant aux Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara le prestige de la victoire: "les vrais acteurs de l`assaut final, c`est la (force française) Licorne et (la mission onusienne) Onuci".
"Le commando invisible, ce sont des enfants de ce pays, des Ivoiriens, on ne peut pas les exclure", insiste le "général IB". Il n`y pas d`autre choix que "d`être reconnaissant vis-à-vis de ces combattants", avance-t-il, sans préciser sa pensée.
Il assure toutefois ne rien demander, se dit "optimiste" et se place sous les ordres d`Alassane Ouattara.
"L`avenir du commando invisible dépend du chef suprême de l`armée", explique-t-il. Il se dit "en contact téléphonique" avec celui dont il fut jadis le garde du corps: "c`est un père pour moi".
Patrice Lecomte