Côte d’Ivoire : victoire annoncée mais contestée d’Alassane Ouattara

Le 03 décembre 2010 par RFI - 54,1% pour Alassane Ouattara, 45,9% pour Laurent Gbagbo. Les résultats provisoires proclamés ce jeudi 2 décembre 2010 par le

président de la Commission électorale sont-ils valables ? Depuis ce jour, la bataille juridique fait rage à Abidjan. En réalité, c’est un bras de fer politique. L’enjeu : les travaux à venir du Conseil constitutionnel.

Alassane Dramane Ouattara, candidat du Rhdp à l'élection présidentielle.

Le 03 décembre 2010 par RFI - 54,1% pour Alassane Ouattara, 45,9% pour Laurent Gbagbo. Les résultats provisoires proclamés ce jeudi 2 décembre 2010 par le

président de la Commission électorale sont-ils valables ? Depuis ce jour, la bataille juridique fait rage à Abidjan. En réalité, c’est un bras de fer politique. L’enjeu : les travaux à venir du Conseil constitutionnel.

La Commission électorale indépendante (CEI) était-elle hors délai jeudi après-midi quand son président a proclamé les résultats provisoires ? Oui, affirment le camp de Laurent Gbagbo et le Conseil constitutionnel, qui déclarent que le délai maximum de trois jours après le scrutin était impératif. Non, répliquent le camp d’Alassane Ouattara et plusieurs juristes, qui précisent que, selon l’article 59 du code électoral, cette période de trois jours maximum n’est qu’un délai indicatif.

Alors, ce ne sont pas que des arguties juridiques. Si ces résultats provisoires sont rejetés, le Conseil constitutionnel pourra estimer qu’il a les mains libres. En revanche, s’ils sont validés, le même Conseil devra examiner les recours à partir d’une base de travail solide.

Du côté de Laurent Gbagbo, on clame depuis ce 2 décembre que ces résultats sont nuls et non avenus. Et jeudi soir, dans son journal de 20 heures, la télévision ivoirienne n’en a pas dit un mot. Une heure plus tard, la diffusion des chaines de radio et de télévision étrangères a été suspendue.

Au contraire, du côté d’Alassane Ouattara, on compte sur la pression de l’opinion ivoirienne et de la communauté internationale pour faire exister ces résultats. Et l’on veut croire que l’écart de plus de huit points entre les deux candidats est trop grand pour que le Conseil constitutionnel puisse inverser la tendance.

Récit de la journée à l’hôtel du golfe d’Abidjan

L’hôtel du golfe, c’est une sorte de capitale bis de la Côte d’Ivoire. Entre couloirs, chambres et jardin, on peut croiser un Premier ministre en exercice, Guillaume Soro, un ex chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, et un vainqueur de l’élection présidentielle selon la CEI, Alassane Ouattara. Tout ce beau monde vit en parfaite symbiose sous la protection serrée des casques bleus mais aussi d’un contingent important de soldats des forces nouvelles. Et c’est à cet endroit que se sont déroulés une partie des évènements de ce jeudi 2 décembre 2010.

Tout commence par un SMS anonyme en fin de matinée. Celui-ci annonce une conférence de presse du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) à 14h30 à l’hôtel du golfe. Après des discussions avec quelques bonnes sources, très vite le message s’avère en fait être un leurre pour mobiliser les journalistes.

La vérité, c’est que Youssouf Bakayoko, le président de la CEI, doit venir annoncer ici les résultats provisoires de l’élection présidentielle. Mais voila l’attente se prolonge et les reporters sur les lieux s’impatientent, n’y croient plus et nombreux sont ceux qui quittent les lieux pour une annonce du conseil constitutionnel prévue à 15H00. Quelques uns restent après qu’une bonne source ait conseillé de ne pas partir.

En fait, en coulisses, depuis le matin Guillaume Soro et plusieurs ambassadeurs s’activent pour convaincre le président de la Commission électorale de franchir le Rubicon et de proclamer les résultats en sa possession. Leurs arguments payent et vers 16H00 Youssouf Bakayoko sort de son silence.

Seul, sans la présence des autres commissaires, ni du corps diplomatique, il annonce en un peu plus de trois minutes que Alassane Ouattara est le vainqueur de l’élection présidentielle avec 54, 1% des voix. Quelques secondes après, une joie indescriptible envahie le hall de l’hôtel où est réuni tout l’état major de l’opposition.

Moins d’une heure plus tard, c’est Alassane Ouattara qui vient faire une déclaration aux journalistes.