Côte d’Ivoire : Un ministre de Ouattara dénonce la corruption du régime et conteste l’attribution du 2eme terminal à conteneur du Port d’Abidjan à Bolloré

Par IvoireBusiness - Jean Louis Billon reconnait que le régime Ouattara est corrompu.

Dans une interview le 5 juin 2013 au journal français Le Nouvel Observateur, Jean Louis Billon, ministre ivoirien du commerce, a critiqué l’attribution du deuxième terminal à conteneurs du Port Autonome d’Abidjan au groupe français Bolloré.
Le ministre Billon, qui reconnait la corruption au sein de son propre gouvernement, a expliqué que l’offre technique de Bolloré était beaucoup moins intéressante que celle de ses concurrents.
Selon Jean Louis Billon, Bolloré aurait usé des voies illégales et de dessous de tables pour obtenir son contrat. « En 2004, quand je critiquais vivement le contrat sur le premier terminal, j'avais été approché par quelqu'un du groupe Bolloré. Cette personne m'avait fait des propositions pour que je révise ma position, mais je n'avais pas cédé. Je ne serais pas surpris si demain on me disait qu'il y a eu des problèmes de gouvernance dans l'attribution du deuxième terminal » a-t-il fait savoir.
Le ministre ivoirien du commerce estime aussi que ce monopole de Bolloré sur la gestion du port ivoirien a un mauvais impact sur l’économie de son pays. « On voit déjà les conséquences du monopole de Bolloré sur le premier terminal : la manutention portuaire y est parmi les plus chères de la sous-région, de 20 à 30% en plus selon certaines estimations. Ce manque de compétitivité engendre des coûts qui se répercutent directement sur le consommateur ivoirien », a-t-il commenté.
Il est à noter que, dans la compétition pour l’attribution de ce marché du deuxième terminal à conteneur d’Abidjan, Movis Côte d’Ivoire, une entreprise cotée à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d’Abidjan y participait. Elle n’a pas été retenue et, aujourd’hui, elle a déposé une plainte devant la cour de justice de L'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine) pour dénoncer un abus de position dominante.
Movis Côte d’ivoire, il faut aussi le rappeler, est la nouvelle désignation depuis 2011 du groupe (SIVOM : Société Ivoirienne d’Opérations Maritimes), géré par David Billon, frère de l’actuel ministre ivoirien du commerce, qui lui-même a dirigé le groupe pendant un certain temps et y est toujours actionnaire.
Jean Louis Billon rejette cependant toute possibilité de conflit d’intérêts avec sa nouvelle position au sein du gouvernement. « Il y a plus de dix ans, je me suis opposé à la constitution d'un monopole, et la logique reste la même. On ne peut pas me reprocher aujourd'hui d'avoir la même position qu'à l'époque, quand il s'agit de consolider un monopole qui avait été illégalement constitué il y a dix ans. N'importe quelle entreprise concurrente serait la bienvenue pour l'économie ivoirienne : c'est la position monopolistique qui est néfaste à notre économie » a-t-il déclaré.
Sur les conséquences que pourraient avoir sur lui ses déclarations en tant que membre du gouvernement M. Billon se veut rassurant. « Avant qu'il ne soit attribué, j'avais fait un courrier à mon collègue des Transports. Je voulais le prévenir que si le deuxième terminal était attribué au même opérateur cela créerait une position dominante, ce que la loi nous interdit. C'est pourquoi je me sens libre aujourd'hui d'en parler » a-t-il simplement indiqué.

Mireille (Mimi) Kouamé
Source : Nouvel Obs et Agence Cofin