Côte d’Ivoire: Séminaire gouvernemental et état de droit, quel rapport ?
Le 14 octobre 2011 par Correspondance particulière - Le séminaire gouvernemental initié par Alassane Ouattara, vient de clore ses travaux. Que pouvons-nous en retenir ou du moins que
Le 14 octobre 2011 par Correspondance particulière - Le séminaire gouvernemental initié par Alassane Ouattara, vient de clore ses travaux. Que pouvons-nous en retenir ou du moins que
voudrait-on que l’on en retienne ? Ouattara lui-même, devant la presse a affirmé : «La paix est revenue, nous sommes au travail…», et à l’endroit de ses ministres, il a lancé: « … je voudrais (…) vous féliciter et vous dire que je suis fier de mon équipe! Bravo à tous ! ».
Si nous étions de ceux qui, loin des réalités ivoiriennes, ont cette habitude de prendre pour parole d’évangile tous les clabaudages que leur rapportent les média pro-Ouattara, nous aurions applaudis de nos deux mains ce séminaire qui, selon son initiateur, marque le ‘’ retour de la paix (…), la sécurité des biens et services’’. Seulement, en Côte d’Ivoire, il y a les actions d’éclat d’Alassane Ouattara et son gouvernement et ce que vivent au quotidien, les populations ivoiriennes en proie aux pires souffrances dans cette Côte d’Ivoire postélectorale.
En Côte d’Ivoire, il y a les séminaires gouvernementaux et le manque de libertés individuelles et publiques, le coût de la vie élevé ainsi qu'un besoin de démocratie qui ne soit pas une simple façade. En Côte d’Ivoire, les emplois disparaissent et les prix explosent de jour en jour. Les bacheliers, anciens et nouveaux, sombrent dans l’incertitude, l'université étant fermée depuis l'avènement du nouveau régime.
L’état de droit revendiqué par l’opposition significative est sauvagement réprimé par des barbares à la solde de Ouattara. Hier, c’était le meeting du FPI à Koumassi, demain qu’adviendra t-il de celui annoncé à Yopougon ? Bingerville, Agboville et plusieurs autres localités du pays, pleurent encore les siens, assassinés sauvagement par les forces pro-Ouattara dénommés FRCI. L'état de droit, n’étant rien d’autre qu’une situation juridique dans laquelle chacun est soumis au respect du droit, du simple individu jusqu'à la puissance publique, que dire de Ouattara qui, depuis le 11 avril, date de son accession au pouvoir fait roue libre en l’absence du législatif et du judiciaire ?
L’Assemblée Nationale dont les portes ont été fermées au mépris de la Constitution ivoirienne et donc dans l’incapacité de légiférer. Le système judiciaire aux ordres, poussée à appliquer une justice sélective contre les ivoiriens identifiés comme pro-Gbagbo. Ouattara concentre donc aujourd’hui entre ses seuls mains, un pouvoir absolu.
En l’absence d’une opposition emprisonnée, exilée, terrorisée et dont on veut écraser les moindres velléités de protestations, la presse d’opposition surveillée comme du lait sur le feu, mâtée à la moindre virgule qui dépasse, la démocratie semble bien être dans ce pays un idéal rendu inaccessible par Ouattara et compagnie. Ce n’est, ni plus ni moins, le règne de la pensée unique et du maître à penser.
Face à son incapacité à restaurer la démocratie, Alassane Ouattara, dit la ‘’Solution’’ n’a d’autre alternative que celle d’instaurer dans le pays, la dictature et la loi du plus violent: les exactions commises sur les partisans du Président Laurent Gbagbo, la « liquidation » de tous les cadres soupçonnés proches de l’ancien régime, le refus de libérer les prisonniers politiques, sont manifestement le manque d’une volonté réelle d’aller à la restauration de la cohésion sociale.
A voir Ouattara et les membres de son gouvernement, au sortir de ce séminaire hors sujet, sourires aux lèvres, afficher leur satisfécit, croyez-vous sombrer dans un rêve ? Que non ! Vous êtes est bien dans un pays où le pouvoir rame aux antipodes des réalités du terrain. Mais, que chacun le sache: la réalité finit toujours pas rattraper l’illusion et le mensonge n’a jamais triomphé de la vérité. Il est donc temps, grand temps que l’on s’attèle à engager courageusement les problèmes de fond liés à la grave crise sociopolitique que traverse le pays, plutôt que d’initier des séminaires qui ne visent qu’à faire la propagande du régime en place. Si du moins l’on souhaite œuvrer pour l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne toute entière et non celle de son seul bord politique. Car, à vouloir prendre les ivoiriens pour des marionnettes, Ouattara et son équipe se surprendront, un de ces quatre, malheureusement trop tard, à vouloir colmater les brèches d’une société en pleine révolte, criant son ras-le-bol.
Une contribution de Marc Micael