Côte d’Ivoire: Les gros ennuis du régime Ouattara
Le 09 mai 2012 par Soir Info - Un peu plus d’un an après son arrivée au pouvoir d’Etat, le régime Ouattara a de gros ennuis au plan sécuritaire.
Le 09 mai 2012 par Soir Info - Un peu plus d’un an après son arrivée au pouvoir d’Etat, le régime Ouattara a de gros ennuis au plan sécuritaire.
Il est vrai qu’on n’assiste plus aux parades des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) dans les rues, et que la situation est moins effrayante qu’aux premiers mois après la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011. Mais, le pouvoir en place a de sérieux problèmes avec les bras valides qui l’ont aidé à prendre le dessus sur l’ancien régime. En plus des braqueurs, des coupeurs de route, et des groupes armés qui attaquent de façon sporadique les forces de sécurité et les populations à Abidjan et à l’intérieur du pays notamment à l’ouest, le régime Ouattara doit faire face à deux catégories d’ex-combattants qui estiment chacune, avoir joué un rôle important dans la prise du pouvoir. Et que par conséquent, elles méritent de la nation et doivent être prises en compte par les tenants actuels du pouvoir. La première catégorie est composée des soldats de l’ex-armée des Forces nouvelles. Certains d’entre eux avaient été démobilisés et avaient reçu des moyens pour leur réinsertion. Mais à la faveur de la crise postélectorale, ils ont repris les armes et ont participé à ‘’la révolution orange’’ qui a conduit les Forces républicaines de Côte d’Ivoire à descendre au sud et à engager la bataille d’Abidjan. Aujourd’hui, n’ayant pas été, pour la plupart, engagés dans la nouvelle armée, ces soldats crient à la trahison et menacent de se faire entendre. A côté d’eux, se trouvent les ‘’vrais éléments des ex-Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) qui ne sont pas retenus au sein des Frci. Ce groupe en a gros sur le cœur. ‘’Nous avons donné nos poitrines depuis 2002 pour lutter contre le Fpi. Nous sommes engagés pour permettre au président Ouattara d’exercer son pouvoir. Et comme récompense, nous sommes jetés à la touche, et ce sont de nouveaux soldats qui n’ont pas combattu ou qui se sont associés aux Frci lors de la révolution orange, qui se retrouvent dans la nouvelle armée. Cela est inadmissible’’, a dénoncé un ex-combattant des Fafn, qui nous a joint par téléphone. La deuxième catégorie de combattants qui constituent aujourd’hui, une menace pour le pouvoir Ouattara, ce sont les supplétifs des Frci. Une bonne partie de ces milliers de jeunes qui ont pris les armes pour appuyer les Frci lors de la révolution orange, ont été priés pour certains, de regagner la vie civile, quand d’autres ont été regroupés sur des sites pour être formés dans la perspective de la mise en place d’une ‘’armée de réservistes’’. Les premiers ayant refusé dans un premier temps, de regagner la vie civile, ont été traqués. Plusieurs d’entre eux sont partis avec leurs armes et s’adonnent aujourd’hui, à des actes de banditisme sur les populations. Les seconds bourdonnent sur les sites de regroupement parce qu’ils estiment qu’ils ne perçoivent pas de l’argent et sont mal traités.
Crise de confiance
Las d’attendre, ils manifestent bruyamment, quelquefois, leur impatience à avoir une situation claire. Les deux catégories d’ex-combattants susmentionnés, a-t-on appris, disent ne plus avoir confiance en l’Etat major général des Frci. Pour eux, les promesses faites par le général Soumaïla Bakayoko (Chef d’état major général) et ses collaborateurs, ne sont pas tenues. Certains vont jusqu’à affirmer que l’Etat major ne fait pas le point réel de la situation au président de la République. ‘’Désormais, nous voulons que le chef de l’Etat nous écoute directement pour comprendre nos difficultés. Nous estimons que lui seul peut régler nos problèmes aujourd’hui’’, nous a laissé entendre au téléphone, un ex-combattant. Par ailleurs, le pouvoir Ouattara est confronté à la question des grades. Selon nos sources, dans le cadre de la nouvelle armée, des officiers (dans les ex-Fafn) refusent de porter les grades inférieurs qu’on leur impose. Au niveau des nombreux ‘’commandants’’ autoproclamés pendant la crise postélectorale, la situation est encore complexe. Ceux-ci comparent à une humiliation, le fait qu’ils soient confondus aux éléments qu’ils ont dirigés lors des formations au sein de la nouvelle armée. Ils souhaitent être mieux traités que leurs ‘’subalternes’’, et ne manquent pas d’occasion pour le faire savoir à la hiérarchie militaire. En ce qui concerne les dix ex-commandants de zone (Com-zones) devenus des commandants d’unités au sein des Frci, nombreux sont leurs anciens éléments et collaborateurs qui croquent le marmot et dénoncent le fait qu’ils soient laissés sur le carreau. ‘’Avant la guerre, nous avions nos métiers et nous arrivions à gérer nos familles au moment où le pays était divisé. Nous ne pouvons pas accepter qu’avec la réunification, on refuse de nous enrôler. Ceux qui ont les armes, et qui sont livrés à eux-mêmes, pourraient les utiliser pour survivre !’’, à fait savoir un ex-combattant. Autre souci pour le régime Ouattara, la cohabitation entre les Frci, la Gendarmerie et la Police. C’est souventes fois que les Frci ont maille à partir avec les forces de première et deuxième catégories. Les premiers soupçonnent les seconds de ne pas s’engager sincèrement aux côtés du régime en place. Et les seconds n’apprécient pas d’être ‘’ridiculisés’’ par les premiers sur le terrain. En dehors de ces problèmes sécuritaires, le régime Ouattara doit faire face à tous ceux qui l’ont aidé plus ou moins, à atteindre son objectif pendant la crise postélectorale. C’est le cas de nombreux agents de ‘’Tv notre patrie’’ qui sont en colère parce que n’ayant pas été intégrés à la Rti après la fermeture de leur antenne. Autant de problèmes qui ennuient les remplaçants des Refondateurs.
BAMBA Idrissa