Côte d’Ivoire : La mission des trois Présidents de la Cedeao à Abidjan pour obtenir le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir s’est soldée par un échec

Le 29 décembre 2010 par IvoireBusiness – Annoncée à grands renforts de publicité, la rencontre entre les émissaires de la Cedeao et le Président Laurent Gbagbo, qui devait aboutir au départ de ce dernier

Les Présidents Koroma de la Sierra Leone et Boni du Bénin discutant avec Ouattara, le 28 décembre 2010 à l'hôtel du Golf.

Le 29 décembre 2010 par IvoireBusiness – Annoncée à grands renforts de publicité, la rencontre entre les émissaires de la Cedeao et le Président Laurent Gbagbo, qui devait aboutir au départ de ce dernier

du pouvoir, a été un cuisant échec pour l’organisation sous-régionale. Les Présidents Yayi Boni du Bénin, Pédro Pires du Cap Vert et Ernest Koroma de la Sierra Léone, n’ont pu obtenir hier le départ, comme promis par la Cedeao, du Président Laurent Gbagbo du pouvoir au profit de son rival Alassane Ouattara.
La menace d’une imminente intervention militaire de la Cedeao, conduite par le Nigeria, n’a pas impressionnée Laurent Gbagbo, qui est resté de marbre face aux menaces et autres fortes pressions de la communauté internationale.
Au sortir des deux audiences avec Laurent Gbagbo, les trois chefs d’Etat n’ont guère été prolixes. Devant les journalistes, c’était motus bouche cousue. Les envolées lyriques pendant les sommets de la Cedeao se sont évanouies pour laisser la place à la realpolitik. Tout s’est bien passé, se sont-ils bornés à dire devant la presse à l’issue d’une audience de deux heures et demi au palais présidentiel avec Laurent Gbagbo, qui est apparu souriant et détendu, et qui les a gratifiés d’un: « je vous remercie, on vous attend de nouveau ».
Les trois présidents ont aussi rencontré Alassane Ouattara à l’hôtel du Golf, qui lui sert de quartier général, puissamment gardé par les casques bleus de l’Onu.
Le camp Ouattara, par l’entremise de son porte-parole Patrick Achi, a affirmé avoir uniquement discuté avec les trois Présidents des conditions d’un départ du pouvoir de Laurent Gbagbo, précisant que le statut de Président d’Alassane Ouattara n’était pas négociable.
Laurent Gbagbo revendique lui aussi le statut de Président élu de Côte d’Ivoire, reconnu par le Conseil constitutionnel, mais victime d’un vaste complot international ourdi par la France et les Etats Unis. Il s’en est fait l’écho dans les journaux le Monde et le Figaro, et aussi sur la chaîne de télévision internationale « Al Jazeera »
Les trois Présidents se sont envolés pour Abuja à l’issue de leur mission, où ils devraient rendre compte au Président en exercice de la Cedeao, le nigérian GoodLuck Jonathan.
La période post-électorale en Côte d’Ivoire a été particulièrement violente, faisant au moins 173 morts du 16 au 21 décembre, essentiellement des partisans de Ouattara, selon l'ONU, 53 morts depuis fin novembre, selon le camp Gbagbo, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales au sortant).
La seule note d’espoir hier a été l’annulation sine die d’un grand rassemblement des jeunes patriotes du ministre de la Jeunesse et des Sports Charles Blé Goudé pour dit-il, donner une chance à la diplomatie de réussir.
L’appel à la désobéissance civile lancé par le camp Ouattara qui avait été un échec lundi, a été légèrement suivi mardi.
Patrice Lecomte