Côte d’Ivoire : Espoirs et désespoirs à l’Hôtel du Golf
Le 03 février 2011 par IvoireBusiness - Le désespoir et l’amertume commencent à gagner les locataires de l’hôtel du Golf, situé dans la banlieue chic d’Abidjan, accourus nombreux dès les premiers jours
Le 03 février 2011 par IvoireBusiness - Le désespoir et l’amertume commencent à gagner les locataires de l’hôtel du Golf, situé dans la banlieue chic d’Abidjan, accourus nombreux dès les premiers jours
de l’annonce de la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle par la Communauté internationale. Ils étaient venus, soit sabler le champagne, soit pour lui apporter leur soutien dans le contentieux électoral face à son rival de toujours, Laurent Gbagbo. Mais de l’eau a depuis coulé sur le pont et les espoirs de voir leur mentor Alassane Ouattara s’installer au palais présidentiel s’éloignent de jour en jour. Par ailleurs les conditions de vie à l’hôtel du Golf, naguère un cinq étoiles, se sont beaucoup dégradées.
« On en peut plus ça fait plus d’un mois qu’on est là et on ne voit rien, certains tombent malades et personne nous aide, comme des animaux dehors, on est laissé pour compte », dira l’un deux, un certain Moussa, militant du RDR retranché avec plus d’une centaine de personnes dans cet hôtel, QG d’ADO et placé sous haute protection Onusienne.
Le témoignage de ce jeune étudiant de 23 ans, prisonnier au golf du fait du blocus sécuritaire et contraint de suspendre de fait ses cours, fait suite à un vent de contestation, une grogne grandissante des militants du RHDP retranchés auprès de leurs leaders mais apparemment, selon les propos, pas dans les mêmes conditions. Ces derniers, laissés au dépourvu de la demerde dans ce que l’on appelait jadis les jardins de l’hôtel et le terrain de sport qui juxtapose le bâtiment de l’hôtel, ont de plus en plus de mal à garder leur calme et à maintenir leur colère.Mardi, un bon nombre d’entre eux, à bout, ont manifesté, sans que cela ne donne une quelconque suite, leur colère et désarrois s’approchant de l’hôtel pour interpeller les responsables pour lesquels ils se seraient, semble-t-il, sacrifiés.
« Les conditions sont déplorables, c’est l’enfer, ont est arrivé ici le jour de la marche contraint de venir trouver refuge et pour certains avec la motivation de protéger Alassane Ouattara, la première semaine ça allait on pensait que, selon les dire de nos aînés politiciens de l’hôtel, tout serait réglé vite que ce n’était qu’une question de jours et voilà plus d’un mois que ça dure, eux sont à l’aise on les voit tous les jours, ils nous observent avec une indifférence qui nous humilie» indique Bakayoko qui conclut en nous avouant: « beaucoup sont découragés et en sont revenus de la politique et des politiciens, ceux là mêmes qui font défiler les femmes et qui vivent dans le luxe sur notre dos ».
Un sentiment d’amertume et de fatigue générale est amplement perceptible. Certains n’hésitent même plus à avouer un constat d’échec surtout depuis les conclusions récentes du sommet de l’union africaine qui profiteraient une fois de plus à Laurent Gbagbo.
Par ailleurs, c’est une ambiance délétère et insupportable qui régnerait au sein de l’hôtel selon nos informations. Les suspicions d’infiltrations et de trahison en tout genre pèsent sur l’instauration d’une cordialité pourtant nécessaire dans ce contexte de lutte, l’obligation de fraternité est dans ces instants, primordiale. On apprend que beaucoup de proche de certains haut cadres du Rhdp n’auraient même plus le minimum vital, le robinet des ressources ayant été coupé.
Avec la mise sur pied à Addis Abeba d’un panel de cinq chefs d’Etat africains pour régler la crise postélectorale ivoirienne, et qui auront un mois pour travailler et rendre leurs conclusions contraingnantes pour tous, c’est définitivement la désillusion qui s’est emparée des résidents de l’hôtel du Golf, qui ne croient pas un seul instant que l’Union africaine fera partir Laurent Gbagbo du pouvoir, et enfin installer leur mentor, Alassane Ouattara, pour qui ils sont malgré tout prêts à mourir.
Affaire à suivre.
Patrice Lecomte